Ford a nommé mardi un nouveau PDG en la personne d'Alan Mulally, auparavant patron de la division avions commerciaux de Boeing, Bill Ford restant président du Conseil d'administration alors que le deuxième constructeur automobile américain traverse une crise profonde.

Ford a nommé mardi un nouveau PDG en la personne d'Alan Mulally, auparavant patron de la division avions commerciaux de Boeing, Bill Ford restant président du Conseil d'administration alors que le deuxième constructeur automobile américain traverse une crise profonde.

Cette nomination est effective immédiatement, a indiqué le deuxième constructeur automobile américain.

Bill Ford, arrière petit-fils du fondateur du constructeur -- la famille Ford détient aujourd'hui environ 40% du capital --, était PDG depuis octobre 2001 et président du conseil d'administration depuis 1998.

L'annonce est à moitié une surprise, alors que Bill Ford, 49 ans, vient de déclarer dans un entretien au magasine américain Newsweek --à paraître le 11 septembre-- qu'il était prêt à laisser son siège à un dirigeant plus expérimenté dans le redressement d'entreprises.

«Alors que je sais que nous disposons de dirigeants de talent pour nos différentes activités dans le monde, j'ai réalisé que notre restructuration nécessite les qualités supplémentaires d'un dirigeant qui est passé par des défis similaires dans un autre grand groupe», a expliqué Bill Ford mardi.

Ce dernier a souligné les faits d'armes d'Alan Mullaly, 61 ans, chez l'avionneur américain Boeing.

«Alan est un dirigeant qui a mené un redressement brillant chez Boeing à un moment très difficile», a-t-il expliqué lors d'une conférence téléphonique, en faisant référence à la crise qu'a traversé le secteur aérien dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001. «Il a reconstruit Boeing après le 11-Septembre», a affirmé Bill Ford.

Boeing, dont l'aviation commerciale était déjà mal en point avant le 11-Septembre, était alors distancé par son rival européen Airbus. Mais l'avionneur américain s'est depuis rétabli, notamment grâce aux commandes enregistrées pour son futur 787 «Dreamliner».

M. Mullaly «va assister (le vice-président) Mark Fields dans notre plan de restructuration», a indiqué le constructeur automobile, tout en assurant que Bill Ford restera «extrêmement actif» au sein de la direction. «Je ne m'en vais nulle part», a assuré ce dernier mardi.

«Les défis auxquels Boeing a été confronté ces dernières années sont similaires aux nôtres sur plusieurs points», a souligné Bill Ford tandis qu'Alan Mullaly a reconnu que «le travail sur les produits est relativement similaire».

Pour remédier à la crise de l'aviation civile chez Boeing, «nous avons choisi de lutter contre la concurrence en fabricant des meilleurs avions et il n'y a aucune raison de ne pas pouvoir en faire autant chez Ford», a-t-il défendu.

Quant à une éventuelle modification de la stratégie de Ford, le nouveau PDG a jugé que le groupe «va définitivement dans la bonne direction».

Ce changement aux commandes de Ford intervient à un moment où le constructeur traverse une crise profonde en Amérique du nord et à du mal à se sortir de l'ornière.

Le groupe a engagé en janvier dernier une restructuration prévoyant la fermeture de 14 usines et la suppression de 30 000 emplois d'ici 2012, mais a indiqué en juillet être mécontent des avancées de son plan de redressement.

Dans un récent mémo aux employés, Bill Ford a même averti qu'il fallait repenser le modèle économique du groupe.

Ford doit annoncer courant septembre des nouvelles mesures destinées à accélérer cette restructuration. Le groupe a accusé une perte nette de 1,45 milliard de dollars sur le premier semestre après un bénéfice de 2,1 milliards sur l'ensemble de 2005.

Récemment, le groupe a aussi fait plusieurs annonces, depuis la réduction de 21% de la production en Amérique du nord afin de s'adapter au désamour des consommateurs pour ses 4x4, qui étaient son fond de commerce, jusqu'à la décision de vendre sa marque Aston Martin pour dégager des liquidités.