Les analystes aux États-Unis évoquent désormais avec prudence la piste Ford pour un éventuel mariage avec le tandem Renault-Nissan, après l'échec des négociations avec General Motors.

Les analystes aux États-Unis évoquent désormais avec prudence la piste Ford pour un éventuel mariage avec le tandem Renault-Nissan, après l'échec des négociations avec General Motors.

Au lendemain de l'arrêt des discussions entre GM et Renault-Nissan pour former un ensemble qui aurait contrôlé un quart de la production automobile mondiale, Ford était de tous les commentaires.

Le deuxième constructeur automobile du pays, en perte de vitesse comme ses homologues américains GM et Chrysler face aux groupes asiatiques, était présenté hier par JP Morgan comme «le candidat suivant le plus probable» pour un rapprochement avec Renault et Nissan.

«Nous restons concentrés sur notre activité et nous ne souhaitons pas commenter les spéculations sur ce que pourrait faire Ford», a pour sa part déclaré hier à l'AFP le porte-parole du constructeur, Tom Hoyt.

GM et Renault-Nissan ont suspendu mercredi leurs discussions sur la faisabilité d'une alliance. Le refus est venu de GM, qui a été contraint d'examiner ce projet soumis par un actionnaire influent, le milliardaire Kirk Kerkorian.

GM a cité des désaccords sur les modalités financières et la répartition des synergies, mais aussi la priorité de boucler sa restructuration sans «distraction».

Himanchu Patel, de JP Morgan, fait valoir que Ford, également en restructuration, «pourrait être un candidat plus enthousiaste, étant donné que le groupe a plus de chemin à faire pour son redressement, une meilleure complémentarité de produits en Europe et des positions similaires sur des marchés émergents clés comme la Chine».

Depuis le début des négociations entre GM et Renault-Nissan mi-juillet, l'idée que Ford puisse s'adosser au franco-japonais en cas d'impasse avec GM a circulé sur les marchés. L'argument était que Ford a plus besoin que GM de trouver un partenaire pour sortir de la crise et que les synergies avec Renault-Nissan sont plus nombreuses.

Quelques jours après l'annonce de discussions entre GM et Renault-Nissan, le président de Ford, Bill Ford, aurait contacté le patron du tandem franco-japonais, Carlos Ghosn, pour lui proposer de considérer un rapprochement en cas d'échec avec GM, ce qui n'a jamais été confirmé officiellement.

Ghosn a de son côté fait savoir qu'il souhaitait un partenaire aux États-Unis pour asseoir les positions de Nissan, sixième constructeur du pays.

Du côté des analystes, le discours sur le scénario Ford s'est nuancé récemment et l'enthousiasme a fait place à la prudence.

«Si des discussions devaient démarrer, il n'est pas certain que cela conduirait à une alliance», estime Scott Merlis, de Thomas Weisel, citant le «problème» de la participation de la famille Ford, avec 40 % du capital.

Quant aux synergies, «elles ne seraient pas effectives avant 2010-2012» et apporteraient «de la complexité, sachant que Ford partage déjà des plates-formes de production avec Volvo et Mazda», selon ce dernier.

Les analystes de Bear Sterns seraient «surpris si des discussions démarraient immédiatement», indiquent-ils dans une note, car Ford doit se concentrer sur la mise en place du volet social de sa restructuration, qui en est à un stade moins avancé que chez GM.

M. Patel note aussi «des questions similaires à celles qu'a eu GM: un mariage à trois profiterait à Nissan aux États-Unis mais l'Europe n'est pas une source de synergies aussi importante que nous l'avions espéré».

Par ailleurs, si l'Europe «est vraiment la source de synergies» pour le partenaire américain potentiel, «Chrysler serait sans doute plus intéressant» étant donné «sa taille similaire à Nissan aux Etats-Unis», toujours selon cet analyste.