Le cheval cabré de Ferrari n'a pas galopé aussi vite depuis longtemps, mais la Scuderia refuse de tomber dans l'euphorie après le doublé au Grand Prix des États-Unis de Formule 1 dimanche, tant le rôle des pneus a été écrasant sur un tracé où Michelin est en délicatesse.

Le cheval cabré de Ferrari n'a pas galopé aussi vite depuis longtemps, mais la Scuderia refuse de tomber dans l'euphorie après le doublé au Grand Prix des États-Unis de Formule 1 dimanche, tant le rôle des pneus a été écrasant sur un tracé où Michelin est en délicatesse.

«Aujourd'hui, nous avions un avantage sur nos concurrents», reconnaît le directeur général de Ferrari, Jean Todt, après la course.

Incapables de suivre le rythme des Renault chaussées de Michelin huit jours auparavant au Canada, les Ferrari équipées de Bridgestone de Michael Schumacher, vainqueur, et Felipe Massa, 2e, ont roulé une seconde plus vite que leurs adversaires à Indianapolis. Et ce, des premiers essais libres du vendredi au dernier tour de la course dimanche.

Or entre les deux GP nord-américains, «le seul élément qui a changé sur les voitures ce sont les pneus», fait-on remarquer chez Renault.

D'ailleurs, chez Michelin on ne s'en cache pas : on n'a pas réussi à proposer des pneus suffisamment compétitifs. Avec pour excuse l'obligation de proposer des gommes sûres pour éviter à tout prix de reproduire le fiasco de l'an dernier.

«À côté»

«Les pneus que nous avons amenés ce week-end étaient conçus pour nous apporter une combinaison de durabilité et de performance, explique le directeur Formule 1 de Michelin, Nick Shorrock. Nous avons magnifiquement répondu à la première de ces deux exigences (...) mais, pour une fois, nous étions à côté de la seconde.»

Au contraire, chez Bridgestone, on maîtrise parfaitement le circuit d'Indianapolis où Michael Schumacher au volant d'une Ferrari/Bridgestone a remporté cinq victoires dont quatre d'affilée en sept éditions.

«Nous aurions eu quatre voitures parmi les cinq premières si Ralf Schumacher n'avait pas été contraint à l'abandon peu avant la fin de la course», souligne le directeur technique du manufacturier japonais, Hisao Suganuma.

Car au volant d'une Toyota pourtant peu convaincante depuis le début de saison, Jarno Trulli a terminé quatrième, devant Fernando Alonso qui a hérité de la 5e place après l'abandon du cadet des Schumacher. Preuve que les pneus Bridgestone donnaient un avantage prépondérant.

«C'est clairement une très bonne course de Bridgestone, mais ce n'est pas une surprise car nous savions que leurs pneus étaient constants, ce qui nous a permis de tenter une stratégie à un seul arrêt pour Jarno» Trulli, renchérit de son côté le directeur général châssis de Toyota, Pascal Vasselon, prédécesseur de Shorrock chez Michelin.

«Neuf sur dix»

Du coup, ni Schumacher ni Todt ne voulaient verser dans l'excès d'optimisme en vue de la course au titre qui oppose le pilote allemand de Ferrari à Alonso.

«Je ne sais pas si Michelin a été prudent, mais si vous voulez gagner, il faut que chaque élément de la voiture fonctionne bien, commente Todt. Si nous y parvenons encore, nous pouvons prétendre à la victoire, sinon cela ne se reproduira pas.»

D'ailleurs, Alonso ne semble pas inquiet outre mesure d'une domination aussi outrageuse que soudaine de Ferrari.

«Ferrari et Bridgestone ont été plus rapides que nous dimanche, mais nous avons eu les meilleurs pneus lors de neuf courses sur dix alors je ne m'en fais pas pour les prochains Grands Prix», souligne l'Espagnol, toujours en tête du classement des pilotes avec 19 points d'avance sur Schumacher alors qu'il reste huit épreuves.

«J'attends avec impatience la prochaine course (le Grand Prix de France le 16 juillet à Magny-Cours, ndlr) où je pense que nous verrons un équilibre des forces plus habituel entre Renault et Ferrari», prévient d'ailleurs Alonso.

Todt semble parfaitement conscient du probable rééquilibrage des forces lorsqu'il affirme : «gagner, ça rend le vol retour plus agréable, mais dès demain, on oublie et on se remet au travail».