Considérant le poids du véhicule, peut-on reprocher au moteur son manque de tonus? Un embonpoint qui, hélas, a aussi des répercussions négatives sur le comportement routier. Impossible de lui demander de ciseler une trajectoire sans apporter des corrections au volant ou de la mettre en appui dans un virage mal macadamisé sous peine de mettre en mal le train avant. Pas la peine d’insister, elle ne veut pas. Levez le pied et vous découvrirez une compacte infiniment plus docile, capable de lisser avec beaucoup d’aisance les – nombreuses – irrégularités de notre réseau routier.

Comme de trop nombreuses productions américaines, la Caliber ne demande qu’à être dégrossie. À qui la faute? À un cahier de charges incomplet ou irréaliste en matière de coût? À l’urgence de mettre la SX (née Neon) à la retraite? À une période de rodage trop courte? Le potentiel est là, mais la volonté de l’afficher immédiatement, elle, ne se fait pas sentir. Pas encore.

Pourquoi imiter les autres alors qu’il est possible de faire différent? Telle semble être la devise de cette Caliber apparue ce printemps. Et ça marche, à en juger le carnet de commandes des concessionnaires: la Caliber vend. On peut aisément comprendre pourquoi: style décalé et fourchette de prix alléchante (le prix d’entrée est fixé à 15 995) suscitent naturellement l’appétence des consommateurs dans un segment où l’offre finit par se ressembler.

Avec ses porte-gobelets luminescents, son coffre à gants réfrigéré, son support de téléphone (ou Ipod, c’est selon), son plafonnier détachable (sous forme de lampe de poche) ou encore ses deux haut-parleurs articulés qui permettent de sonoriser le camping Sainte-Madeleine au grand complet, la Caliber multiplie les astuces pour plaire. Est-ce suffisant pour nous faire oublier aussi le manque de précision des accostages, la qualité très bas de gamme des plastiques ou encore l’absence de bacs dans les portières arrière? Pas si sûr. Pourtant, ce sont de petites choses si simples que DaimlerChrysler aurait très bien pu corriger avant de démarrer la production de masse. Elle ne l’a pas fait. Pourquoi? Pour donner l’impression au fil des ans que le véhicule progresse?

Atypique, fonctionnelle et astucieuse, voilà un bouquet de qualités qui se fanent bien vite après quelques heures passées au volant de la Caliber. À commencer par le moteur au tempérament plutôt placide (restons polis!). Capable d’enrouler à rythme tranquille sans paraître trop creux, ce quatre cylindres pèche par une boîte manuelle dont les rapports espacés mettent en évidence le manque de couple à rythme soutenu et le poids de l’auto. Dès lors, il faut rétrograder pour dépasser en toute sécurité, et les reprises sont molles. Pourquoi pester contre la boîte manuelle alors qu’une automatique de type CVT est aussi offerte? Elle manque un peu de réactivité d’accord, mais n’est-elle pas mieux adaptée à la courbe de puissance du moteur? Assurément.