À une époque pas si lointaine, les petits utilitaires n'étaient que de petits engins un peu rustres et souvent mal adaptés à la route. La première génération du Sportage appartenait à cette catégorie-là.

À une époque pas si lointaine, les petits utilitaires n'étaient que de petits engins un peu rustres et souvent mal adaptés à la route. La première génération du Sportage appartenait à cette catégorie-là.

Mais la donne diffère aujourd'hui et la seconde génération de cet utilitaire de poche sud-coréen embrasse la nouvelle tendance qui a cours dans cette catégorie, c'est-à-dire celle de se civiliser afin d'offrir une véritable solution de rechange aux berlines traditionnelles. Et si la plupart des 4x4 de poche préservent certaines aptitudes en tout-terrain (à peine 2 % d'entre eux oseront se salir les roues), ils grimpent... surtout au palmarès des ventes.

À peine lancé, le Sportage réalise déjà l'une des plus belles ascensions sur le marché canadien et québécois. Plus civilisé que son prédécesseur, ce nouveau Sportage retient surtout l'attention pour son allure branchée et son rapport prix/équipements qui, pour les uns, représente une occasion à saisir ou pour les plus autres, plus suspicieux ceux-là, une « arnaque ». Toujours est-il que sur papier, le Sportage semble offrir monts et merveilles. En fait, indépendamment du modèle retenu, tous les Sportage bénéficient d'un dispositif de stabilité électronique, de six coussins de sécurité gonflables, de jantes en alliage et de glaces électriques, notamment. Reconnaissons que l'offre est bien tentante, surtout que la concurrence ne manque pas une occasion de facturer ces accessoires.

Vêtu d'une carrosserie 5-portes, la seule disponible, le Sportage présente une allure branchée qui n'est pas sans rappeler la frimousse du toujours très populaire RAV4 de Toyota. Garde au sol élevé et parechocs peints en noir veillent, sans doute, à lui donner le style d'un 4x4 taillé pour la brousse, mais dans la jungle urbaine, le Sportage n'est pas à l'abri des ecchymoses faute de protections latérales.

Habitacle spacieux

Une fois à l'intérieur, le Sportage présente un habitacle lumineux et accueillant, surtout aux places arrière. La présence de certains plastiques, durs et particulièrement sensibles aux rayures, décevra sans doute, mais vous vous consolerez en examinant la qualité de fabrication, pour le moins étonnante pour un véhicule de ce prix. Si la planche de bord est d'une facture très classique, la disposition des principales commandes est sans reproche. On regrette seulement que sur la version de base, le lecteur de disques compacts ne puisse lire la musique enregistrée en format MP3.

Là où le bât blesse, c'est au chapitre de la position de conduite. En dépit d'une colonne de direction réglable en hauteur et de nombreux ajustements susceptibles de nous aider à trouver une bonne position de conduite, le baquet du conducteur aurait avantage à être redessiné. Il offre peu de maintien et se révèle, sur une longue distance, peu confortable.

Quant au coffre, saluons la double ouverture (la lunette se soulève indépendamment du hayon), mais regrettons l'encombrement des puits de roue et sa faible hauteur, inconvénient qui peut être contourné en adoptant un filet de protection jusqu'au pavillon pour éviter que le contenu du coffre fraye avec les occupants en cas de freinages brusques.

Même base que le Tucson

Vu son affiliation à Hyundai et considérant les sommes nécessaires à la conception d'un nouveau véhicule, il ne faut pas être surpris que le Sportage présente une base technique pratiquement identique à celle du Tucson. Pour mêler un peu les cartes, Kia et Hyundai s'empressent de relever les différences entre les deux produits, comme le fait, par exemple, qu'ils ne partagent pas la même chaîne d'assemblage ou certaines pièces (amortisseurs, ressorts, etc.).

Cela dit, tout comme pour le Tucson, deux moteurs sont offerts. Un V6 pour les modèles les plus huppés, un quatre-cylindres de 2 litres pour les versions plus abordables. Ce moteur doté d'une distribution variable et d'une culasse à 16 soupapes libère 140 chevaux. C'est peu, considérant le poids du véhicule, comme en fait foi le rapport-puissance de notre tableau. Surtout qu'une fois chargé de ses occupants et de leurs bagages, le Sportage souffre encore plus de la faiblesse de son moteur. En reprises surtout. Ainsi, après chaque ralentissement, il se relance péniblement, même en quatrième vitesse; au moindre faux pas, sa vitesse chute. Un comportement qui oblige à rétrograder très (trop !) souvent, au détriment de la consommation et du confort acoustique. S'il est correctement insonorisé à régime stabilisé (100 km/h), ce moteur devient bruyant à l'accélération. Un niveau de bruit auquel participe la transmission et les trains roulants, assez généreux en sifflements. Il ne reste plus qu'à monter le volume de la radio pour changer de beat.

Avec des performances aussi anémiques, pas de danger de mettre en mal le châssis qui, dans des conditions routières normales, ne s'attire aucune vilaine critique. En fait, une fois bien lancé sur le plat, le Sportage se révélerait tout à fait agréable si ce n'était de sa tenue de cap un peu fragile par vents forts. Côté comportement routier, le Sportage nous laisse perplexe. La présence, pour toute la gamme, d'un dispositif de stabilité électronique nous rend un brin suspicieux quant aux véritables qualités dynamiques du châssis qui, rappelons-le, a été apprêté à la « sauce Kia ». Malheureusement, le choix des pneumatiques a grandement mis à mal les efforts des ingénieurs.

Assez capricieux sur l'autoroute, le Sportage affiche en revanche une bien meilleure mine sur des parcours moins rapides. Les petites routes secondaires avec virage à grand rayon deviennent une sorte de délivrance. Une fois calé sur ses suspensions, il négocie les courbes avec efficacité et un certain équilibre, malgré un roulis marqué et une certaine inertie due à son poids élevé. De plus, contrairement à certains de ses rivaux, il ne pioche pas sur ses suspensions et lisse avec succès les petites imperfections de la chaussée.

Dans les courbes en épingle, c'est moins jojo toutefois. Sa nature sous-vireuse prend le dessus (les quatre roues ne deviennent motrices qu'en cas de perte d'adhérence des roues avant) et sa monte pneumatique semble, à chaque virage le moindrement serré, avoir laissée ses « dents » dans un verre d'eau. La piètre qualité de ses pneus d'origine a également un effet pernicieux sur le freinage, surtout en ce qui a trait à la distance nécessaire pour l'immobiliser. En outre, au cours de nos mesures chiffrées, le système de freinage du Sportage s'est avéré particulièrement sensible à l'échauffement.

À l'heure du bilan, le Sportage laisse une impression mitigée. Que son allure branchée, son habitabilité ou son prix en séduisent plusieurs, c'est parfaitement compréhensible. Mais aussi polyvalent et évolué soit-il par rapport au modèle précédent, le Sportage n'offre pas dans sa version la plus modeste l'agrément d'une bonne berline (auquel il prétend être une solution de rechange), ni de certains de ses rivaux vendus, il est vrai, plus chers.