Mercedes est partout. Pour boucher les trous dans sa gamme, le constructeur utilise une vieille recette : multiplier l'offre avec des modèles apparentés. En l'occurrence, c'est la Classe A, vendue exclusivement en Europe, qui sert de donneuse d'organes à la Classe B.

Mercedes est partout. Pour boucher les trous dans sa gamme, le constructeur utilise une vieille recette : multiplier l'offre avec des modèles apparentés. En l'occurrence, c'est la Classe A, vendue exclusivement en Europe, qui sert de donneuse d'organes à la Classe B.

Le prix d'appel est fixé à 30 950 $ pour la version de base et à 34 950 $ pour la Turbo, mais attention : la liste des options est, hélas ! bien longue, comme en fait foi le prix de la version essayée (voir notre tableau). Correctement équipée pour une Mercedes, la Classe B offre l'essentiel, mais oublie la colonne de direction télescopique (de série, elle est uniquement inclinable), l'alarme et les baquets avant chauffants. L'acheteur devra également payer un surplus s'il souhaite une peinture métallisée (six teintes sont offertes). Également en option, le très impressionnant (et coûteux : 1960 $) toit panoramique à lamelles de verre qui ensoleille un habitacle autrement un peu gris.

Si la décoration manque de couleur, la qualité, en revanche, ne soulève aucune critique. On ne peut cependant en dire autant de la position de conduite, qui suscite plusieurs interrogations. Aurait-elle été plus facile à trouver si la Classe B mise à l'essai avait été équipée de la colonne de direction télescopique (235 $) et d'un baquet à commande électrique (1590 $ pour les deux baquets avant) ? Assurément, car sans eux, il faut en mettre du temps pour trouver le bon compromis et se sentir à l'aise aux commandes de cette compacte allemande.

Une fois installé, on note la bonne ergonomie des principales commandes, à l'exception sans doute du levier qui actionne le régulateur de vitesse, situé toujours trop près de celui des clignotants. Au chapitre des espaces de rangement, cette Classe B joue à fond la carte de la fonctionnalité, avec de généreuses pochettes un peu partout dans l'habitacle et un coffre à gants hélas dépourvu de serrure.

Bien que présentée comme offrant trois places, la banquette arrière de la Classe B n'est confortable que pour deux personnes. Le dégagement à la tête et aux jambes est impressionnant (l'équivalent d'une Classe S, selon Mercedes), mais l'espace aux hanches et aux épaules est plus mesuré.

L'effet « sandwich »

L'originalité (ou la curiosité, c'est selon) de cette Classe B se trouve dans son châssis à « deux étages », qui renferme entre les deux certains organes vitaux comme la batterie, le réservoir d'essence et le boîtier de fusibles. Pourquoi faire si compliqué  ? Ça s'explique ! D'abord cette architecture permet non seulement de réaliser un plancher (intérieur) complètement plat, mais aussi d'offrir un maximum d'habitabilité et de confort. Ensuite, l'implantation transversale d'un moteur-boîte très incliné en avant et en dessous de la cellule de survie assure une sécurité maximale. Ainsi, s'il survient un choc frontal, le moteur s'escamote naturellement sous le plancher double, évitant ainsi toute intrusion d'éléments mécaniques dans l'habitacle. En cas d'impact latéral, les passagers sont mieux protégés par leur position surélevée (de 20 cm par rapport à une berline traditionnelle).

Le quatre-cylindres 2-litres suralimenté par turbocompresseur s'exprime avec beaucoup de verve. Pas timide pour un sou, ce moteur se singularise par sa progressivité et son absence d'inertie. Capable d'atteindre 100 km/h en moins de huit secondes et une vitesse de pointe de 210 km/h si vous en avez le courage, ce 2-litres consomme modérément l'essence super (tout de même la plus chère !) à condition de ne pas le solliciter outre mesure. « À quoi bon le solliciter éperdument ? » vous demanderez-vous, lorsque vous constaterez qu'il peine à s'exprimer librement. À qui la faute ? À la transmission manuelle à six rapports qui l'accompagne de série ? Il est vrai que si la commande avait été mieux guidée et plus rapide, cette Classe B serait encore plus amusante à conduire, mais il serait injuste de lui faire porter le blâme. Le coupable, le seul, c'est le train avant qui se laisse (trop) aisément déborder par les 200 chevaux du moteur. Est-ce une tare qui reflète le manque d'expérience de la firme allemande dans le domaine de la traction (roues avant motrices), ou est-ce que cela traduit une idée généralement répandue que les aides à la conduite (antipatinage, antidérapage, etc.) peuvent gommer les imperfections, petites et grandes, d'un châssis ?

Reste que la Classe B n'offre pas la précision de comportement attendue. Sa direction à assistance électrique est peu communicative et exige un certain temps pour s'accoutumer au manque de rappel de sa direction et à la légèreté dont elle fait preuve dans les manoeuvres. La direction masque d'ailleurs le diamètre de braquage important de cette Mercedes qui, en ville, n'est pas aussi agile qu'elle le laisse croire.

Aux limites d'adhérence et malgré la présence d'une rassurante (mais un brin trop chatouilleuse) béquille électronique appelée ici ESP (correcteur de stabilité électronique auquel est conjugué une autre assistance, pour la direction), la Classe B manque de motricité et, surtout, de progressivité, élargissant parfois allègrement le rayon du virage négocié. En matière de confort, ce n'est guère mieux, surtout quand la Classe B chausse, comme ici, la monte pneumatique de 17 pouces au lieu des 16 pouces offerts de série. Toujours est-il qu'avec ces pneus, les gains en tenue de route sont gommés par un confort tout juste honnête.

Au final, cette Classe B suralimentée par turbocompresseur déçoit. Moins dynamique de comportement qu'une A3, à peine plus polyvalente qu'une V50, la petite Mercedes manque d'arguments pour nous convaincre qu'elle est née sous une bonne étoile.