Mise à part la Formule 1 moderne, le sport automobile ne compte pas parmi les grandes traditions de notre pays. Ce n'est que dans les années 60 qu'ont eu lieu les premières épreuves organisées et que sont nés nos deux premiers circuits de classe mondiale, Mosport, en Ontario, et le Circuit Mont-Tremblant.

Mise à part la Formule 1 moderne, le sport automobile ne compte pas parmi les grandes traditions de notre pays. Ce n'est que dans les années 60 qu'ont eu lieu les premières épreuves organisées et que sont nés nos deux premiers circuits de classe mondiale, Mosport, en Ontario, et le Circuit Mont-Tremblant.

Au Québec, nous avons rattrapé le temps perdu et produit plusieurs pilotes de talent, ce qui a grandement contribué à propulser le sport automobile dans notre culture populaire.

Pour sa part, Terre-Neuve accueille depuis cinq ans une épreuve de classe internationale qui commence à faire des adeptes chez nous et à l'étranger: la Targa Newfoundland.

Se déroulant sur une distance de 2200 km parcourus en cinq jours sur des routes publiques, ce rallye/course se veut une version canadienne de la Targa Tasmania, une épreuve internationale qui se tient depuis 1990 en Tasmanie, une île au large de l'Australie. Les participants regroupés en diverses catégories doivent parcourir 500 km de «spéciales» qui se déroulent à haute vitesse, et 1700 km d'étapes dites de transit.

L'ancêtre

D'où vient le nom «targa», un mot italien qui signifie «plateau» ou «trophée» dans le jargon du sport? De Sicile. En 1906, il y a donc exactement 100 ans cette année, un certain Vincenzo Florio, fils d'une famille aisée, a organisé une course de 444 km sur les routes des montagnes de Madonie dans le but d'attirer l'attention sur les attraits touristiques de son île bien-aimée. Malgré un nombre restreint de participants, la course a été un succès auprès du public massé au bord des routes. L'année suivante, en 1907, plus de 20 000 spectateurs se sont agglutinés à l'arrivée de la course, à Buonfornello. Aux gagnants, Vincenzo Florio a remis un trophée en forme de plateau. La course a porté dès lors le nom de Targa Florio.

De 1906 à 1973, 57 courses Targa Florio ont permis aux participants de se mesurer les uns aux autres contre la montre, sur des routes de montagne tortueuses et dangereuses. Toutes les grandes marques et les grands noms du sport automobile figurent au palmarès de la Targa Florio, de Fiat à Porsche, en passant par Mercedes, Alfa Romeo, Bugatti, Maserati, et Ferrari. Y ont pris part les pilotes Achille Varzi, Tazio Nuvolari, Luigi Villoresi, Olivier Gendebien, Graham Hill, Ricardo Rodriguez, Lorenzo Bandini, Brian Redman et Gérard Larousse, sans oublier le grand Stirling Moss.

Avec les ans et les progrès technologiques, les vitesses ont augmenté et la course est devenue de plus en plus diabolique. Dès 1948, la Targa Florio a été inscrite au calendrier du Championnat du monde des voitures sport, au même titre que les 12 Heures de Sebring, les 24 Heures du Mans et de Daytona et les 1000 km de Monza, de Buenos Aires et du Nurbürgring. Mais la raison a fini par l'emporter sur la passion et les autorités ont aboli l'épreuve pour des questions de sécurité. Aujourd'hui, la Targa Florio vit encore mais sous la forme plus «douce» d'un rallye routier pour voitures historiques.

Éternelle jeunesse

À quelques milliers de kilomètres de la Sicile, l'esprit de la Targa Florio vit à Terre-Neuve depuis 2002. C'est d'ailleurs avant-hier, le 16 septembre, que s'est terminée la cinquième épreuve. Les voitures sont réparties en trois grandes divisions (classiques, modernes, formule libre); les classiques et les modernes sont ensuite regroupées en huit catégories selon les millésimes. C'est ainsi qu'un roadster Stutz 1925 partage la route avec une Chevrolet Impala 1963 et une Mini 2006.

Parmi les participants, un certain Dr George Verrilli, de l'État de New York, qui avait participé à la Targa Florio en 1953 et 1954. Cinquante-trois ans plus tard, le vaillant médecin reprend du service à Terre-Neuve au volant d'une Triumph Spitfire. Éternelle jeunesse!

Bien sûr, les constructeurs qui voient dans l'épreuve un outil promotionnel engagent des équipes d'usine, question de profiter de la couverture médiatique. Un exemple: Kia a inscrit ces deux dernières années une voiture confiée à notre collègue Amyot Bachand, secondé par le navigateur Pierre Langlois.

«C'est une véritable épreuve d'endurance, principalement pour l'équipage. Cinq jours sur des routes que l'on ne connaît pas, avec des spéciales parcourues à vitesse grand V, ça prend une bonne résistance physique. Il faut aussi éviter de tout donner les premiers jours, car on risque de manquer sérieusement d'énergie vers la fin. Quant à l'organisation, elle est excellente et les Terre-Neuviens nous réservent partout un accueil chaleureux, sans oublier les 2000 bénévoles qui se consacrent corps et âme à cet événement d'envergure. Très certainement à recommander, mais attention, il faut être en forme», précise Amyot Bachand.

Amateurs, consultez donc www.targanewfoundland.com pour l'épreuve 2007. Et s'il vous arrive de visiter la Sicile et de passer par Cerda, n'y manquez pas le petit musée consacré à la Targa Florio dans l'ex-motel Aurim, qui logeait auparavant les garages Alfa Romeo (www.acs-protargaflorio.it

Pour joindre notre collaborateur: alain.raymond@lapresse.ca.

Dans notre prochaine chronique: Un Américain à Paris ou, si vous préférez, un Québécois à New York.