Le café pourrait être plus efficace qu'une sieste pour garder les automobilistes éveillés la nuit, selon une nouvelle étude française.

Le café pourrait être plus efficace qu'une sieste pour garder les automobilistes éveillés la nuit, selon une nouvelle étude française.

Les chercheurs de la Clinique du sommeil du CNRS ont comparé une tasse de café contenant beaucoup de caféine et une sieste d'une demi-heure, sur la performance d'automobilistes conduisant à 2h du matin sur l'autoroute. Le café était aussi efficace que la sieste pour réduire les louvoiements involontaires.

En tout, cinq des 12 cobayes ont fait moins d'erreurs en prenant du café ou en faisant une sieste. Deux des 12 cobayes ont mieux réagi au café qu'à la sieste, alors qu'un cobaye a mieux réagi à la sieste.

Les chercheurs avancent que l'action du café est plus complète parce qu'elle agit sur les deux causes principales de la somnolence: la «pression homéostatique», c'est-à-dire le manque de sommeil, et la «pression chronobiologique», le fait que le corps est habitué de dormir la nuit. Une sieste ne modifie pas la pression chronobiologique, seulement la pression homéostatique. Des facteurs génétiques expliquent aussi pourquoi certaines personnes réagissent mieux au café et d'autres à la sieste.

«Nous avons fait la première étude sur route, en conditions réelles, qui compare l'impact du café ou d'une sieste, explique l'auteur principal de l'étude, Pierre Philip, en entrevue depuis Bordeaux. Il y a eu d'autres études en simulateur de conduite. Mais il est fort possible que le laboratoire soit un lieu ennuyant et sécuritaire qui favorise la somnolence, et que les exigences de la conduite annulent en partie les effets du manque de sommeil.»

En France, les autorités suggèrent aux automobilistes qui se sentent fatigués de faire une «sieste dynamisante»: un café fort suivi d'une sieste d'une demi-heure. Comme les effets de la caféine se font sentir à retardement, ils sont à leur maximum tout de suite après la sieste.

Le Dr Philip a publié son étude en juin, avant les grandes vacances, dans la revue Annals of Internal Medicine. Le moment choisi n'était pas anodin. «Beaucoup de gens se mettent en privation de sommeil avant les grands départs, afin de régler leurs affaires courantes et de préparer les bagages. Plusieurs préfèrent partir la nuit pour éviter le trafic.»

Des études britanniques ont montré que conduire entre 2h et 5h du matin augmente le risque d'accident de 5,6 fois. Plus des deux tiers des accidents liés à la somnolence surviennent parce que le conducteur dévie de sa trajectoire. La fatigue augmente aussi les effets de l'alcool. Une personne reposée pourrait prendre deux à trois consommations en deux heures et frôler la limite d'alcoolémie de 0,08; mais si elle est fatiguée, elle devra se limiter à une ou deux consommations en deux heures pour respecter la limite.

Le Dr Philip a refait dernièrement son expérience avec 12 autres sujets, pour vérifier les résultats. «C'est très similaire», dit-il. La dose de café était de 200mg, l'équivalent de la consommation moyenne quotidienne (donc deux à trois cafés filtres). Les cobayes devaient conduire pendant 200 km, et étaient accompagnés d'un instructeur de conduite qui avait accès à des freins d'urgence. Les freins d'urgence n'ont jamais servi.