Maintenant que Jacques Villeneuve a été officiellement congédié par son équipe de Formule 1, les rumeurs se font de plus en plus persistantes à l'effet qu'il tentera sa chance en NASCAR. Le pilote a lui-même déclaré que les courses de Formule 1 ressemblaient plus à des tours de qualification décidés par les ingénieurs alors qu'il préférerait « gérer ses courses, comme en NASCAR ». Mais Villeneuve pourrait-il s'adapter à la conduite en NASCAR?

Maintenant que Jacques Villeneuve a été officiellement congédié par son équipe de Formule 1, les rumeurs se font de plus en plus persistantes à l'effet qu'il tentera sa chance en NASCAR. Le pilote a lui-même déclaré que les courses de Formule 1 ressemblaient plus à des tours de qualification décidés par les ingénieurs alors qu'il préférerait « gérer ses courses, comme en NASCAR ». Mais Villeneuve pourrait-il s'adapter à la conduite en NASCAR?

Une auto NASCAR pèse quelque 3400 livres; une F1, 1322 livres... avec le conducteur. Malgré la direction assistée, un bolide NASCAR de plus de 750 chevaux avec un pont arrière rigide n'est pas aussi facile à conduire qu'on le croirait. Et même si le Québécois a beaucoup d'expérience en ovale- il a couru et gagné en Indy sur plusieurs pistes toujours utilisées par NASCAR, dont à Phoenix, au Michigan et à Indianapolis-, en NASCAR, ce sont 43 voitures qui prennent le départ, bien souvent pour des épreuves de plus de trois heures! Et il y a au moins 36 courses officielles au calendrier de la Coupe Nextel, en plus de deux épreuves hors concours.

Courir en NASCAR signifie que la saison débute au début janvier pour les essais, jusqu'à la mi-novembre pour la finale! Plusieurs pilotes de la Coupe Nextel participent aussi à des épreuves de la série Busch. Si Villeneuve aime courir souvent, il sera servi en NASCAR.

Malgré toute son expertise, l'ex-champion du monde devra apprendre à maîtriser plusieurs techniques de conduite qui lui sont encore inconnues. Sur des anneaux de grande vitesse, les pilotes de NASCAR pratiquent le " drafting ", qui consiste à profiter de l'aspiration créée par la voiture devant soi. Il n'y a que quelques centimètres séparant deux bolides, voire même trois ou quatre, qui roulent à près de 300 km/h!

Il y a aussi le « bump drafting », où le poursuivant poussera le véhicule devant lui pour aller encore plus vite. C'est une technique dangereuse mais qui peut profiter aux deux conducteurs.

Enfin, il faut se méfier de ceux qui se rapprochent de vous et qui subtilisent l'air qui sert d'appui aérodynamique à l'arrière de l'auto qui peut alors se soulever légèrement. Le pilote peut alors en perdre le contrôle.

Gérer ses courses en NASCAR, c'est savoir communiquer à son chef d'équipe les changements que l'on veut apporter aux ajustements de son auto lorsqu'il y a des arrêts aux puits. Pas d'ordinateur de bord ici. Il faut en juger par son expérience. Il s'agit parfois d'un tour ou deux de clé pour resserrer un ressort ou demander un changement de pression de pneu d'à peine une demie livre! Avec 42 autres compétiteurs autour de soi et un siège qui l'enveloppe, le pilote doit se fier à un « éclaireur » bien souvent installé sur le toit de la tour de contrôle qui lui dira, par radio, s'il peut aller plus bas ou plus haut sur la piste sans frapper un autre véhicule ou qui le guidera au travers la fumée des pneus s'il s'agit d'un carambolage!

Courir en NASCAR, c'est aussi- outre deux épreuves en circuit routier- rouler sur des super ovales comme Daytona ou Talladega (mais avec un moteur bridé qui ne fait plus que 410 chevaux), des pistes de grandeur moyenne, ou encore, de petites pistes comme Martinsville, Bristol et Richmond, où les contacts sont fréquents, sans être toujours désastreux. C'est un vrai sport de contact! Ajoutez à cela la dizaine d'autos différentes (mais de couleurs pareilles) dont il disposera, chacune étant construite pour des pistes spécifiques.

Villeneuve pourrait-il s'adapter à ce nouveau type de compétition? Probablement. Mais il lui faudrait une période d'apprentissage... surtout que certains vétérans ne lui donneront pas de chances. Jusqu'ici, peu de pilotes de circuit routier ont su s'imposer en NASCAR. Parmi ceux qui ont réussi, il y a John Andretti, qui a gagné quelques courses. Et c'était en ovale. Mais il ne s'est jamais hissé au niveau des grands de NASCAR comme Jeff Gordon, Tony Stewart, Mark Martin et plusieurs autres qui, eux, sont aussi à l'aise en ovale qu'en circuit routier.

Collaborateur au cahier Auto de La Presse, Éric Descarries est analyste de NASCAR à RDS et amateur de stock-car depuis plusieurs années.