En attendant l’arrivée du programme Scooter Champion, la responsabilité ultime repose sur les épaules des parents. «Ils ont un souci de sécurité et c’est eux qui doivent nous envoyer leurs jeunes», soutient M. Langlois.

Et, quand on y pense, quelques heures de formation n’ont jamais tué personne. «Ils arrivent de reculons, mais ils s’aperçoivent vite que ce n’est pas la prison!» conclut M. Frenette.

«Au début, ils sont plus prudents, leurs parents les ont avertis mais après, ils commencent à prendre des risques. De plus, ils ont de la difficulté à évaluer leur vitesse, ils escamotent leurs arrêts obligatoires, bref, ils n’ont pas les compétences nécessaires.»

«On veut améliorer leurs habiletés et leur contrôle, ajoute M. Langlois. À mesure que l’on augmente les difficultés, on aborde les manœuvres d’évitement et d’urgence. Il faut surtout éveiller ce sens qui va faire qu’ils vont être à l’affût des dangers et des pièges.»

Malgré cela, l’effort de sensibilisation reste embryonnaire. «Tecnic ne fait pas la promotion des particularités de ses différentes succursales, regrette André Frenette. Il faut donc faire appel aux concessionnaires pour qu’ils nous réfèrent les jeunes.»

Une formation insuffisante

Robert Langlois est l’un des enseignants qui seraient invités à parcourir les écoles au sein du programme Scooter Champion. Son école est l’une des deux seules au Québec qui offrent actuellement une formation destinée au scooter. Dans l’une comme dans l’autre, on compte sur les doigts d’une main les jeunes qui ont pris la peine – ou qui ont été contraints par leurs parents – de suivre le cours.

«Les jeunes voient le scooter chez les concessionnaires et veulent tout de suite partir avec, illustre M. Langlois, de Tecnic Moto Montréal-Ouest. Pire encore, ils font trois petits tours avant de faire modifier leur bolide qui peut ensuite rouler à près de 100 km/h!»

Une question d’attitude

Pour André Frenette, de Tecnic Moto Montréal, tout est une question d’attitude.

Cette avenue étudiée par la SAAQ pourrait toutefois avoir des impacts importants, notamment auprès des concessionnaires de motos, qui comptent de plus en plus sur la clientèle adolescente pour vendre leurs lots de scooters.

Marc Lemire est importateur des scooters de marque PGO au Canada, et il est déjà entré en contact avec la SAAQ pour éviter de mauvaises surprises du genre. «On veut remettre sur pied le programme Cyclo Champion que la SAAQ avait lancé en 1996, explique M. Lemire. Le programme avait été envoyé dans toutes les écoles secondaires du Québec. Il s’agissait d’un projet visionnaire, mais il était destiné aux enseignants d’éducation physique, qui n’étaient pas adéquatement formés. Le programme s’est donc retrouvé sur les tablettes.»

Rebaptisé Scooter Champion, le projet sera présenté en table ronde à la SAAQ à l’automne. On espère s’associer des commanditaires, les manufacturiers, les détaillants et les écoles de conduite afin de lancer le programme en février aux salons de la moto de Montréal et Québec. On veut ensuite aller visiter une vingtaine d’écoles dès le printemps prochain.

Que faire? À la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), on dresse un portrait plus nuancé. «Dès qu’il y a une victime, c’est inquiétant, affirme Alain Collerette, directeur du développement de la sécurité routière à la SAAQ. Mais il reste que 90 % des accidents de scooters n’occasionnent que des blessures légères et que très peu sont mortels (aucun en 2005). Il faut donc voir s’il est opportun de s’attaquer au problème avec de lourds changements, comme l’imposition d’un cours obligatoire, ou plutôt avec quelques mesures bien ciblées.

«On est actuellement en train d’évaluer l’ensemble des règles d’accès au permis de conduire, poursuit M. Collerette. Actuellement, 11 % des victimes d’accidents de scooter sont des passagers. En ce sens, on pourrait par exemple décider d’imiter l’Ontario et interdire à un jeune de faire monter un passager sur son scooter.»

On songe aussi à calquer la récente modification de la Loi sur les véhicules hors route et faire passer de 14 à 16 ans l’âge minimal de conduite des scooters, une directive en vigueur depuis juin pour les motoneiges, VTT et motocross.

Les chiffres ne mentent pas: on a répertorié 923 accidents de cyclomoteur en 2005. Parallèlement, 836 conducteurs de moins de 16 ans ont été joué un rôle dans un accident de la route. Or, la plupart de ces jeunes étaient au guidon d’un scooter. Le calcul est simple: les jeunes de 14 et 15 ans jouent un rôle dans l’immense majorité des accidents de scooter.

Pourtant, même si les titulaires de permis âgés de moins de 16 ans ont plus que doublé au cours des six dernières années, ils ne représentent qu’un peu plus de la moitié de l’ensemble des utilisateurs de scooters.

Les ados conducteurs sont donc fortement surreprésentés dans la colonne des victimes de collisions. À preuve, le taux d’accident des moins de 16 ans est actuellement de 60/1000 ; il chute à 45/1000 pour les jeunes de 16 à 19 ans et à 27/1000 pour le groupe d’âge suivant, les 20 à 24 ans.