Même son de cloche du côté d’André Cloutier, motocycliste depuis 22 ans. «J’aime bien rouler derrière, mais je commence par en avant. Mais avant même de partir, je revois avec l’apprenti les techniques de base comme le contrepoids, le contre-braquage, le freinage d’urgence, la vérification de l’itinéraire et si les gens sont à l’aise pour rouler la nuit, par exemple.»

Bref, les apprentis n’ont donc pas de raison de laisser leur bécane croupir dans leur garage, et ce, même s’ils ne connaissent personne pour partager leur passion naissante. On serait d’ailleurs tenté d’ajouter qu’il s’agit là d’un malheur qui devrait rester bien passager!

Note

(1) www.saaq.gouv.qc.ca/publications/permis/moto_accompfr.pdf

Après vérification auprès de quelques apprentis, il ne semble pas que ce soit systématiquement le cas. L’existence du guide de l’accompagnateur de la SAAQ reste aussi méconnue des motocyclistes expérimentés.

Une situation qui mériterait toute notre attention car les accompagnateurs ont en effet quelques règles d’or à suivre lorsqu’ils circulent avec des apprentis.

«Il faut être conscient de l’inexpérience des gens. Il faut s’assurer que le rythme de la randonnée ne sera pas au-dessus du niveau d’habileté des apprentis, explique M. Langlois. Il est aussi fortement suggéré à l’accompagnateur de rester longtemps à l’avant de façon à se faire une bonne idée du comportement du motocycliste débutant.»

Du côté de la société d’État, on estime que le système en place fonctionne bien. «Le taux d’échec de l’examen en circuit fermé est actuellement de 25% mais il chute à 15% pour l’évaluation sur la voie publique», explique Alain Collerette, directeur du développement sécurité routière à la SAAQ.

En vigueur depuis cinq ans, le fonctionnement du système d’accès graduel à la conduite est néanmoins à l’étude. On analyse notamment les normes en vigueur ailleurs dans le monde — en France, par exemple, on demande aux apprentis de remplir un registre attestant le nombre de kilomètres franchi en compagnie d’un motocycliste expérimenté.

Cependant, pas question d’exiger une formation particulière pour les accompagnateurs. «On se concentre sur la prévention et la sensibilisation, affirme M. Collerette. Quand les gens se présentent aux bureaux de la SAAQ pour leurs examens de conduite, on leur remet une pochette avec tous les documents concernant la conduite moto, dont le guide de l’accompagnateur.»

«On envisage de devenir la référence pour les accompagnateurs», ajoute André Cloutier, responsable des communications chez Motodirect.com, qui espère voir plusieurs écoles de conduite conseiller à leurs élèves d’aller trouver leurs accompagnateurs sur leur portail informatique.

N’est pas accompagnateur qui veut

On ne peut toutefois pas s’improviser accompagnateur. L’idéal est de consulter le guide disponible dans les bureaux et sur le site Internet de la SAAQ (1). On propose entre autres la façon de se comporter quand on roule avec un motocycliste en herbe de même qu’une série de critères à évaluer chez l’apprenti. Les intervenants du monde motocycliste espèrent toutefois plus de la société d’État. Robert Langlois voudrait voir un système intégré de formation entre les écoles de conduite et les groupes d’accompagnateurs, le tout chapeauté par la SAAQ.

«Jusqu’à maintenant, on est chanceux d’avoir des accompagnateurs issus de groupes sérieux, poursuit M. Langlois. Mais il n’y a rien qui empêche de pousser davantage pour avoir des gens réellement compétents. Les accompagnateurs devraient être évalués sommairement, ultimement par la SAAQ, mais au moins par une école de conduite reconnue.»

Le site M4E.com fonctionne sensiblement de la même façon. Près de 200 membres sont inscrits comme accompagnateurs et les nouveaux venus peuvent visiter un forum pour établir le contact avec un accompagnateur.

«On a eu beaucoup de commentaires positifs. En fait, jamais personne ne nous a dit que des accompagnateurs roulaient trop vite, explique Mahmoud El-Bashir, fondateur du site M4E.com. D’ailleurs, ce sont souvent les mêmes personnes très responsables qui vont faire des randonnées avec les apprentis.»

Chez Motodirect.com, on a poussé un peu plus loin en s’associant à l’école de conduite Tecnic Montréal Ouest, qui recommande à ses élèves d’aller consulter la liste d’accompagnateurs du site. «Les commentaires sont très bons, affirme Robert Langlois, propriétaire de l’école de conduite. En plus, on ne fait pas de distinction entre les différents types de motocyclistes, qu’il soient du genre sportifs ou custom.»

Vingt-six heures de cours et après, le vide. C’est la situation à laquelle font face nombre d’apprentis motocyclistes qui viennent de terminer leur cours de conduite.

Après l’examen en circuit fermé à la SAAQ, les motocyclistes en herbe doivent attendre au moins sept mois avant d’aller suivre un deuxième examen, celui-là sur la voie publique, après quoi ils obtiennent leur permis moto sans restriction (ou probatoire s’ils ont moins de 25 ans). Entre-temps, on recommande aux apprentis de rouler en compagnie d’un motocycliste possédant au moins deux ans d’expérience. Mais si on ne connaît personne qui répond à cette exigence?

Heureusement, il y a Internet. Plus de 200 personnes sont inscrites comme accompagnateurs sur le site Motodirect.net, chacun répertorié selon son secteur, son groupe d’âge et ses disponibilités. Les apprentis n’ont qu’à envoyer un message privé à l’accompagnateur ou plus simplement encore se rendre sur le forum qui leur est réservé.