Les trois grands perdent de l’argent par rapport aux Japonais au niveau de leur chaîne de production, renchérit Laurie Harbour-Felax, du cabinet-conseil ASG Renaissance. «Il faut se concentrer sur les petits et moyens fournisseurs», indique-t-elle, ajoutant que «c’est le prochain cheval de bataille de ce secteur».

La consolidation chez les fournisseurs est évoquée par de nombreux industriels comme la poursuite d’un processus déjà amorcé: alors qu’ils étaient 30 000 en 1990, ils seront 4000 en 2010, selon M. Cole.

Réduire ces coûts de fonctionnement est une chose, mais «les coûts salariaux sont l’autre volet de la solution», souligne Dick Dauch, patron de l’équipementier American Axle, sachant que «ce sera un processus de long terme, car il faut changer des acquis et personne n’aime le mot concessions».

«Le bon choix, c’est de construire des véhicules économes en carburant tout en éduquant les consommateurs sur la qualité de nos produits», selon Eric Ridenour, patron de l’exploitation chez Chrysler.

Même credo affiché par Mark Fields, selon qui «le constructeur qui sait écouter les consommateurs est celui qui gagnera des parts de marché».

«Il faut aussi réduire la voilure pour être plus compétitif», affirme Linda Hasenfratz, citant en exemple les lourdes restructurations entreprises par GM et Ford avec la suppression à terme de 30 000 emplois et la fermeture de plusieurs usines.

Cependant, selon un observateur du secteur, «ces maux ne sont pas nouveaux, c’est plutôt le manque de réactivité des trois grands qu’il faut fustiger».

Le secteur entend se battre sur deux fronts et ne veut pas se tourner vers les délocalisations, car «ce n’est pas la solution à tous les problèmes», martèle Linda Hasenfratz, directrice du cabinet-conseil Linamar.

Plusieurs intervenants ont souligné leur préférence pour l’investissement dans la recherche et le développement pour faire à terme la différence en matière de qualité. D’autres ont plaidé pour des aides gouvernementales aux entreprises.

Les Américains ont toujours aimé les gros véhicules de type camionnette et 4x4. Mais la montée régulière des prix du carburant les a fait se tourner vers des modèles plus économiques, une aubaine pour Toyota, Honda et Nissan.

«Nous sommes étranglés par les coûts élevés des matières premières et de l’énergie, mais aussi par nos coûts salariaux», s’est défendu M. Cole.

Parallèlement, «deux changements sont intervenus dans la demande», a reconnu le patron de Ford Amérique du Nord, Mark Fields: «Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux économies d’énergie et veulent des véhicules propres, tandis que la génération des baby-boomers est en train de revoir son mode de vie à la baisse et se tourne vers de plus petits véhicules.»

Réunis pour leur séminaire annuel il y a quelques jours à Traverse City, berceau historique de l’automobile, les industriels du secteur ont placé leur rencontre sous le signe du changement.

«Pendant des années, nous avons parlé de ce changement et le secteur est désormais réellement dans cette période, estime David Cole, président du Center for Automotive Research (CAR). Nous sommes toujours en crise, mais nous avons maintenant un sens de l’urgence afin de trouver les remèdes à nos maux.»

Depuis plusieurs trimestres, les trois grands de l’automobile américaine, GM, Ford et Chrysler, voient leurs parts de marché diminuer au profit des rivaux asiatiques, japonais en tête.

L’industrie américaine de l’automobile affiche son optimisme pour contrer l’avancée des rivaux étrangers, plus compétitifs, en misant sur la traque aux économies et sur des produits séduisants plutôt que sur les délocalisations.