L'écurie BMW Sauber confirme le maintien de Robert Kubica au volant de la monoplace numéro 17 jusqu'à la fin de la saison. À partir d'aujourd'hui, Jacques Villeneuve ne fait plus partie de l'équipe allemande.

L'écurie BMW Sauber confirme le maintien de Robert Kubica au volant de la monoplace numéro 17 jusqu'à la fin de la saison. À partir d'aujourd'hui, Jacques Villeneuve ne fait plus partie de l'équipe allemande.

Mario Theissen, le patron de BMW motorsport, reconnaît que le pilote québécois a apporté une contribution significative à la formation de la nouvelle équipe et à la performance de la voiture.

Cependant, il ajoute qu'après l'accident de Jacques Villeneuve à Hockenheim la semaine dernière, l'équipe a décidé de revoir ses options pour la saison prochaine, en permettant à Robert Kubica, âgé de seulement 21 ans, de découvrir les conditions de la course.

«L'écurie a entamé dès le Grand Prix d'Allemagne une réflexion sur la situation des pilotes pour la saison prochaine et a décidé d'évaluer les performances de Kubica en course», a précisé Theissen, dans le communiqué.

«Notre décision a naturellement eu un impact sur la position de Jacques et nous comprenons qu'il était difficile pour lui de rester motivé au plus haut point lorsque son avenir était incertain», a admis le patron de l'écurie BMW Sauber.

Par voie de communiqué publié ce matin, le pilote précise que la séparation s'est faite à l'amiable. Il explique que son départ est devenu inévitable depuis que BMW-Sauber n'a pu lui garantir son retour d'ici la fin de la saison 2006.

Dans son communiqué, Jacques Villeneuve reconnaît être déçu de la tournure des événements, expliquant qu'il aurait voulu que l'expérience acquise avec BMW-Sauber serve à connaître une bonne saison 2007. Cependant, il entend profiter de sa liberté pour envisager quelles autres options s'offrent à lui dans le monde de la course automobile, notamment celle de se joindre à la série NASCAR, aux Etats-Unis. L'avenir en Formule Un pour lui semble hautement incertain.

Le Québécois est résigné. Il ne se battra pas. Depuis la semaine dernière, après la publication du communiqué de BMW annonçant l'incertitude pesant sur sa présence pour la fin de la saison, ses avocats négocient les conditions de ce licenciement.

Car c'est bien de licenciement dont il s'agit: prenant pour prétexte les douleurs bien réelles dont Jacques Villeneuve souffre après son accident de Hockenheim, Mario Theissen, le patron de l'écurie BMW Sauber, écarte le Québécois pour les cinq derniers Grands Prix de la saison, alors même qu'il aurait été parfaitement capable de les disputer et qu'il dispose d'un contrat en bonne et due forme.

La semaine dernière, Villeneuve avait la ferme intention de faire appliquer ce contrat. Désormais, il y a renoncé. Il sait qu'il serait inutile de forcer l'équipe BMW à le laisser piloter - on ne lui donnerait que du mauvais matériel. Sans compter qu'une telle attitude ternirait son image et constituerait un handicap à l'heure de chercher un volant pour 2007.

Hier, Villeneuve a regardé le Grand Prix de Hongrie confortablement installé dans son salon, depuis son appartement de Monaco où il coule quelques jours au soleil. «Je l'ai appelé en plein milieu du Grand Prix, raconte Yann Lefort, son attaché de presse. Il a trouvé la course sympa, il a eu du plaisir. Il y avait tellement d'action qu'on a raccroché pour qu'il ne rate rien. Il adore les courses à la TV, il passe beaucoup de temps à regarder le GP2, le ChampCar, les courses de NASCAR ou autres.»

Mais à part ce bon moment, le week-end fut plutôt sombre pour Villeneuve. Il s'est agi, avant tout, de se faire à l'idée de ne plus piloter en F1. Du moins plus dans l'immédiat. «Jacques sait qu'il n'aura pas une bonne nouvelle lundi (aujourdhui), lorsque BMW annoncera sa décision, poursuit Lefort. Il est très détendu en ce moment, il plaisante même souvent, mais il sait déjà que tout est fichu. On verra bien comment l'équipe présentera la chose dans son communiqué, mais en principe, Jacques ne s'opposera pas à la décision prise. Nos avocats ont déjà trouvé un accord quant au dédommagement à nous verser. Tout est déjà bouclé à ce niveau.»

On ne saura sans doute jamais le montant que BMW va devoir payer à Villeneuve pour le licencier en pleine saison. Dans le paddock de Budapest, la rumeur voulait que ce dédit se monte à environ 6 millions US.

Vers les autres options

La page BMW Sauber désormais tournée, le Québécois va maintenant se tourner vers les autres options qui lui restent. Mais évidemment, son éviction de l'équipe allemande ne va pas améliorer son image de marque. Et son absence des circuits ne va pas faciliter ses démarches. Même si Jacques n'est plus en F1, cela ne l'empêche pas de nouer des contacts avec tout le monde, poursuit Lefort. Mais les choses évoluent vite dans sa tête. Si on lui propose un très bon deal en NASCAR, s'il pense s'éclater là-bas, il pourrait être tenté par l'aventure. Pour l'instant, il prend des renseignements, il noue des contacts un peu partout, tant en F1 qu'en NASCAR. C'est un peu 50-50 entre ces deux disciplines.»

En Formule 1, les bonnes places disponibles ne sont pas légion. D'autant que Villeneuve et son anticonformisme s'avèrent incompatibles avec le moule de certaines écuries - on pense à McLaren par exemple.

Reste le cas de Red Bull, marque qui gère quatre voitures et pour laquelle le «style» Villeneuve serait même plutôt bienvenu. Seul problème: il y a déjà beaucoup de pilotes qui se bousculent au portillon de la marque de boisson énergétique.

Le temps presse. Le Québécois le sait. Désormais, les événements vont se précipiter. «Nous annoncerons la direction que prendra Jacques dans la semaine à venir», conclut Lefort.

Un délai aussi court laisse penser que Villeneuve ne dit pas tout. Ce week-end de repos forcé lui a apparemment permis d'avancer. Dans sa tête, sa décision est prise. Et il y a gros à parier que son coeur, désormais, penche pour les États-Unis et ce fameux championnat NASCAR.

Prétexte

Joan Villeneuve, la mère du pilote québécois, estime que Theissen n'a jamais voulu de son fils dans son écurie. En entrevue à LCN, elle affirme que le patron de BMW-Sauber a utilisé l'accident de Villeneuve à Hockenheim comme prétexte pour le remplacer par le jeune Kubica.

Par ailleurs, Mme Villeneuve croit que la carrière de son fils en Formule 1 n'est pas terminée. Elle souhaiterait qu'à l'instar du père de Jacques, Gilles Villeneuve, il puisse un jour courir pour l'écurie Ferrari.