En arrière-plan, l'un d'eux s'amusait à faire le pitre avec un déguisement à l'effigie de la mascotte des arachides Planters.

De côté la vie rangée

En arrière-plan, l'un d'eux s'amusait à faire le pitre avec un déguisement à l'effigie de la mascotte des arachides Planters.

Un peu plus loin, un groupe d'amis s'était aménagé une terrasse sur le toit d'un vieil autobus rouge. Des caisses de 24 étaient entassées à l'intérieur du véhicule. « Nous avons quatre caisses par personne », calcule Allan Realy, 46 ans, confortablement installé sur sa terrasse de fortune.

Depuis 1990, lui et 18 de ses amis assistent religieusement à la course NASCAR de Watkins Glen. À chaque fois, les fêtards mettent de côté leur vie rangée. « Aucune femme n'est admise », explique Allan, dans un éclat de rire.

Un peu avant midi, on entendait les premiers moteurs gronder sur la piste. Un son si puissant qu'il fallait presque crier pour parler aux gens installés à proximité du circuit.

Si le clou de l'événement, la coupe Nextel, est prévu dimanche, d'autres compétitions de moindre importance auront lieu d'ici là.

Pour la huitième année consécutive, Johanne et Steve Potter sont ici en compagnie de leurs amis Joe-Anne et Sam Remington. Leurs roulottes étaient installées côte à côte sur le site, au même endroit où les deux couples s'étaient rencontrés il y a huit ans.

Depuis, ce rendez-vous annuel est devenu une tradition. À un point tel que Sam Remington a eu l'idée de faire imprimer un t-shirt pour commémorer l'anniversaire de leur rencontre.

Beaucoup de gens rencontrés connaissaient d'ailleurs bien leurs voisins, puisqu'il est possible de renouveler le même emplacement année après année, à condition de s'y prendre plusieurs mois à l'avance. « On fait même notre épicerie ensemble maintenant », illustre Johanne Potter. Les quatre amis ont débouché leur première bière à sept heures du matin. « On est en vacances, on ne dérange personne et on reste dans notre petit monde », explique Joe-Anne Remington. Chaque couple estime dépenser environ 1000 $ pour les quatre jours que dure l'événement. « La facture de la bière est aussi élevée que celle de la nourriture », avoue Sam.

Déjà, des cannettes de bière jonchaient le sol à certains endroits sur le site. Les nombreux kiosques de restauration avaient ouvert leurs portes, de même que les boutiques souvenirs.

Pour ceux qui voulaient manger autre chose que du fast-food, des barbecues étaient disponibles. Grâce à des génératrices, certains campeurs pouvaient même se permettre d'avoir la télévision. « Pour nous, c'est une affaire de famille », raconte Beth Cass, originaire d'un village près de Buffalo. La jeune femme se trouvait en compagnie de son conjoint et leurs trois enfants. Une petite piscine en plastique et de nombreux jouets reposaient sur le gazon. Le couple avait même apporté une tondeuse pour aménager leur territoire.

À quelques mètres de là, Brandy Miller, 15 ans, et Rachel Steves, 18 ans, s'amusaient avec une poupée gonflable. « On est ici pour le party! » lance Rachel, une petite blonde davantage intéressée par l'apparence des coureurs que par leur performance.

Un peu plus loin, des sous-vêtements affriolants suspendus à une corde à linge, pendant que des haut-parleurs perchés à une roulotte crachaient de la musique heavy metal tout près.

Tout au long de la journée, les voiturettes de golf sont nombreuses à arpenter le site. Certaines vont livrer de la pizza aux campeurs.

Ainsi va la vie à Nascarville!

Regroupez des dizaines de milliers de mordus de course automobile sur des hectares de terrain gazonné. Agrémentez le décor de centaines de drapeaux américains et d'équipes de course suspendus à des roulottes éparpillées à perte de vue.

Ajoutez à ce joyeux mélange des tonnes de litres de bière et le vrombissement assourdissant des bolides sur la piste. Rehaussez le tout d'une forte odeur de caoutchouc brûlé. Vous obtiendrez alors la recette gagnante d'une étape de la série NASCAR.

Déjà à 10 h, hier matin, la fête était commencée au circuit international de Watkins Glen. Comme c'est souvent le cas en NASCAR, les gens peuvent camper à l'intérieur du circuit pendant l'événement. Une sorte de Woodstock à saveur automobile. « Nous sommes tous une grande famille, c'est un gros party! », résume Bruce Smallacombe, de Pennsylvanie.

Si une image vaut mille mots, une balade sur le circuit suffit pour avoir un avant-goût du phénomène. Pas besoin d'aller plus loin que la roulotte de Bruce Smallacombe où flottent de gigantesques drapeaux sudistes et américains.

Maire du village pennsylvanien de Jermyn, M. Smallacombe range son rôle d'élu au placard pour le NASCAR. Une camisole noire sur le dos, une casquette de police enfoncée jusqu'aux oreilles, une moustache brune et une cannette de bière à la main, le maire Smallacombe est un amateur de NASCAR de la première heure. « Je viens avant tout pour les courses, alors que les jeunes viennent pour la fête », explique le gaillard, en pointant les quatre jeunes hommes qui l'accompagnent.