Pendant des décennies, la bicyclette a été le principal moyen de transport des Chinois. La Chine pédale toujours, mais beaucoup moins qu’autrefois. Les motocyclettes pétaradant des gaz d’échappements polluants remplacent peu à peu les vélos et depuis quelque temps une fièvre de la Harley-Davidson s’empare même de l’Empire du milieu.

Tout a commencé en octobre 2004. Une longue procession de 35 Harley-Davidson a paradé dans le delta de la rivière des Perles à Canton. Il y avait là 25 motos venant de Hong-Kong et 10 de Canton. Le groupe était mené par l’étoile du cinéma hongkongaise, Patrick Tse Yin, alors âgé de 68 ans. Si la culture de la mythique motocyclette est plus développée dans l’ancienne colonie britannique qu’en Chine populaire, les Chinois de Hong-Kong ont encore une longueur d’avance et de confortables revenus par rapport à leurs camarades du continent, l’ouverture du premier magasin officiel à Pékin en avril 2006 est en passe de changer les choses. Jusqu’ici, selon des sources autorisées, pour obtenir une Harley en République populaire de Chine, les choses étaient plutôt compliquées et les contraintes importantes. Certains tentaient d’acheter leur Harley à Hong-Kong, alors que d’autres essayaient de dénicher un vieux modèle abandonné par les nationalistes chinois lors de la débacle des troupes de Tchang Kaï-chek en 1949, il y a de cela presque 60 ans. L’approvisionnement en pièces détachées demeurait toujours un problème et les fans de Harley devaient aller les chercher à Hong-Kong, ce qui a pendant longtemps été une entreprise pour le moins périlleuse. Le 8 avril 2006, le magasin Beijing Harley Davidson a ouvert ses portes dans le Nord-est de Pékin. Le premier acheteur, Li Wenge, a réalisé son rêve en devenant officiellement le propriétaire de la première Harley Davidson importée en Chine continentale. Le fan de Harley envisage de faire un tour avec sa Ultra Classic Electra Glide en Mongolie intérieure avec d’autres passionnés. Le PDG de Harley, Jim Ziemer, a déclaré récemment que son entreprise entrevoyait un important potentiel de développement dans la zone Asie-Pacifique. Harley Davidson Asia dispose désormais aussi d’un bureau à Shanghai, dirigé par David Foley, un jeune homme âgé d’une trentaine d’années. Si les usines chinoises produisent presque deux fois moins de bicyclettes qu’il y a dix ans, les hordes de cyclistes traversant allègrement les villes d’un point à l’autre pour se rendre au travail appartiennent désormais presque au passé. Presque, car pour devenir propriétaires d’une Harley-Davidson, les habitants de l’Empire du milieu doivent débourser la bagatelle de 200 000 yuans (environ 20 000), une somme considérable pour la plupart des Chinois.