Les Galaxie meubleront la gamme Ford jusqu’en 1974, date à laquelle elles sont remplacées au sommet par la plus récente LTD. Entre-temps, l’homme avait foulé à plusieurs reprises le sol de la Lune et les décollages des fusées Apollo n’intéressaient plus tellement les Américains. L’automobile américaine perd graduellement ses flamboyantes ailes arrière et le public, traumatisé par le premier «choc pétrolier», se tourne résolument vers des modèles plus compacts dénommés Torino, Maverick et Mustang, tandis que les plus hardis s’intéressent déjà à d’étranges petites créatures venues d’ailleurs. Était-ce le début de la fin de l’empire américain de l’automobile?

Le nom Galaxie apparaît pour la première fois dans la gamme Ford en 1959. Il s’agit alors du haut de gamme de Ford. Pourtant, certains vous diront que les Fairlane 500 occupent ce poste cette année-là et ils n’ont pas tout à fait tort. En réalité, les Fairlane 500 tenaient le haut du pavé jusqu’à l’arrivée des Galaxie. Pour ajouter à la confusion, précisons que les deux gammes proposent les mêmes moteurs et les mêmes modèles et la seule façon de les différencier consiste à vérifier le montant arrière du toit, entre les glaces latérales et la lunette arrière. Sur la Galaxie, le montant reprend des éléments de la Thunderbird, ce qui n’est pas le cas de la Fairlane puisque celle-ci n’est pas livrable en version décapotable.

En 1960, selon la coutume annuelle de l’époque, toutes les Ford sont redessinées et la gamme Galaxie accueille la Galaxie Special. Notons que ces changements souvent strictement esthétiques imposés par Ford, GM et Chrysler sont à l’origine de la disparition des petits constructeurs indépendants (Hudson, Packard, Nash, etc.) incapables de soutenir ce rythme infernal. Dans cette optique, il n’est guère surprenant de constater qu’en 1962 les Ford subissent, encore une fois, un remaniement majeur. Le modèle Fairlane passe à la catégorie des intermédiaires, permettant à la Galaxie de trôner seule au firmament de Ford. C’est alors qu’apparaît la Galaxie 500 XL plus sportive qui vient se joindre aux Galaxie 500 et Galaxie.

Sans aucune surprise, les Ford 1963 changent du tout au tout. D’entrée de jeu, on retrouve les petites Falcon, toujours très populaires (260 000 unités), puis les nouvelles 300, les Fairlane et Fairlane 500, l’autrefois sportive Thunderbird et, enfin, les Galaxie, Galaxie 500 et Galaxie 500 XL animées par une multitude de moteurs. Tout d’abord un six cylindres en ligne de 223 pouces cubes (3,6l) développant 138 chevaux, sans doute un peu faiblard pour traîner une voiture de près de 4000 livres. Viennent ensuite les V8 dont le plus petit déplace 260 pouces cubes (4,2l) et livre 164 chevaux. Ce moteur n’est pas distribué au Canada, mais il anime la voiture de Michel Denicourt. Malgré la faible cylindrée (pour une américaine!) et la puissance limitée, le premier rapport de la transmission automatique (qui n’en compte que deux) est très démultiplié, ce qui compense le manque de puissance et procure des accélérations adéquates. La gamme compte aussi un V8 de 352 pouces cubes (5,7l) et 220 chevaux, suivi d’un V8 de 390 pouces cubes (6,4l) et 300 chevaux, d’un 406 (6,6 l) de 385 chevaux et, enfin, du gigantesque 427 (7l) et de son impressionnante écurie de 410 chevaux.

Après la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis vivent une renaissance sans pareil. Toutes les sphères de la société sont en ébullition et les Américains dirigent le monde, rien de moins. Durant les années 50, une course exceptionnelle se dessine. Qui, des Américains ou des Russes, remportera le pari de la conquête de l’espace?

La bagarre se fait à coup de sommes astronomiques et l’Américain moyen s’intéresse autant, sinon plus, à cette aventure qu’à sa propre voiture. Avant longtemps, les constructeurs américains pigent dans le domaine de l’aviation et de l’astronomie pour séduire les acheteurs. Les ailes arrière s’allongent à l’infini, les tableaux de bord ressemblent à ceux des avions et les noms prennent de poétiques détours interstellaires: Chevrolet Nova, Hudson SuperJet, Mercury Comet, Oldsmobile Starfire, Plymouth Satellite et ainsi de suite. Mais c’est Buick qui remporte le gros lot avec son Appolo du début des années 70. Ford n’est pas en reste avec ses Starliner, Sunliner et Galaxie.

À ce propos, voici la belle Ford Galaxie 500 décapotable 1963 appartenant depuis une dizaine d’années à Michel Denicourt, de St-Jean-sur-Richelieu, un machiniste retraité dont il s’agit de la première voiture ancienne. Déjà restaurée en Floride où elle a passé sa première vie, la Galaxie n’a nécessité qu’une nouvelle couche de peinture pour réparer quelques écailles.