Mis à part les trois premiers Grands Prix de la saison, la Scuderia Ferrari et l'équipe Renault F1 jouaient pratiquement à égalité.

Mis à part les trois premiers Grands Prix de la saison, la Scuderia Ferrari et l'équipe Renault F1 jouaient pratiquement à égalité.

Depuis le mois de mars, le duel entre Fernando Alonso et Michael Schumacher se faisait à coups de dixièmes. Parfois, l'Allemand gagnait de justesse devant l'Espagnol grâce à une stratégie plus affûtée (comme à Imola ou au Nürburgring). À d'autres moments, c'était Alonso qui triomphait nettement devant Schumacher.

Depuis Imola, les deux hommes avaient marqué exactement le même nombre de points au classement et tous les observateurs s'attendaient à assister à une fin de saison disputée entre les deux ténors du championnat. Dans ce contexte, l'Espagnol comptait bien capitaliser sur son avance de 17 points au championnat pour remporter son deuxième titre mondial.

Mais tout cela, c'était avant. Avant ce fameux Grand Prix d'Allemagne qui, hier, est venu jeter un gros pavé dans le jardin de l'usine Renault.

Pour Fernando Alonso, plus question désormais de jouer les épiciers en comptabilisant les points. Hier, les Ferrari se sont montrées impériales à Hockenheim, où elles ont infligé une punition de près de deux secondes au tour à tous leurs adversaires. « Je ne trouve même pas les mots pour décrire ma voiture, elle a été extraordinaire tout au long du week-end », se félicitait Michael Schumacher.

Comment les Ferrari 248F1 ont-elles pu bénéficier d'un avantage aussi brutal? C'est la question qui tenaillait les responsables de Renault après l'arrivée. Secoués par ce qu'ils venaient de vivre, ils passaient et repassaient le film de la course dans leur tête en se demandant ce qui leur arrivait.

Des gommes trop agressives

Avec quelques éléments de réponse: alors que toutes les écuries chaussées de pneus Michelin ont préparé ce Grand Prix d'Allemagne sur le circuit de Jerez la semaine précédente, la Scuderia Ferrari s'en est allé tourner seule au Castellet. Ce qui lui a apparemment permis de choisir des gommes d'une redoutable efficacité pour Hockenheim, alors que les pneus Michelin ont souffert de cloques sur la plupart des monoplaces qui les chaussaient. « Les produits que nous avons amené ici étaient peut-être trop agressifs », avançait, hier soir, Nick Shorrock, le patron de la F1 auprès du manufacturier français.

« Mes pneus ont cloqué dès les premiers tours, il n'y avait rien à faire. Sinon, j'aurais éventuellement pu viser le podium », se plaignait Fernando Alonso, modeste cinquième au moment de franchir la ligne d'arrivée.

Pour les adversaires de Ferrari, il reste peu de temps pour réagir, puisque le Grand Prix de Hongrie a lieu dimanche prochain déjà. Chez Michelin, on sort tout de même le grand jeu: les pneus prévus pour Budapest avaient déjà été produits, mais les ingénieurs de la marque française, hier soir, ont décidé de les jeter et de lancer en urgence, pendant la nuit, la fabrication de nouvelles gommes tenant compte des problèmes apparus à Hockenheim.

Et chez Renault, c'est trois jours de réunions intensives qui sont prévus jusqu'à mercredi pour tenter de remettre la R26 sur le chemin de la victoire.

C'est à ce prix que Fernando Alonso pourra peut-être contrer la marche triomphale des Ferrari. Mais à la lumière de la course d'hier, la mission s'annonce difficile.