Confortables (surtout la ST), agiles, amusantes et extrêmement amicales, les nouvelles F800 se veulent une rafraîchissante démonstration de ce que l’on peut réaliser avec des composantes et un design simples. Par-dessus tout, elles proposent ce que le marché semble délaisser davantage chaque année: des motos non pas reconnues pour parader ou gagner des courses, mais plutôt rouler de manière simple et amusante, sur la route.

Bertrand Gahel est l’auteur du Guide de la Moto.

Les frais de transport et d’hébergement pour ce reportage ont été payés par BMW.

Le freinage, qui est excellent, peut être couplé, en option, à un système ABS. Il ne s’agit toutefois pas du système assisté et parfois difficilement modulable des modèles des séries R et K, mais plutôt une mise à jour de celui offert sur les F650.

Si disséquer les virages fait partie des activités préférées des F800, la vigueur du Twin parallèle en rend la sortie tout aussi intéressante. Bien que 85 chevaux ne représentent pas un chiffre particulièrement épatant, la façon dont la puissance est livrée, elle, impressionne. La bonne disponibilité du couple à bas et moyen régimes fait qu’on peut circuler et même s’amuser sans avoir besoin de faire grimper les tours. Mais ce serait se priver de l’excitation que réserve le Twin à l’approche de la zone rouge.

Judicieusement positionnées entre les petites F650 et les gros modèles R et K, les F800 sont une addition intelligente au catalogue BMW. Il reste bien entendu à voir comment la facture (assez corsée) qui les accompagne sera reçue par le public motocycliste lorsque ces modèles arriveront sur le marché canadien, à l’automne. La vérité est que le constructeur munichois semble avoir une clientèle relativement nantie que ce genre de prix ne refroidit pas.

Conception simple

Le cadre dans lequel loge le moteur des F800 est, lui aussi, de conception simple, puisqu’il est composé d’une paire de longerons d’aluminium parfaitement droits et qui ne contournent donc pas l’arrière du moteur pour rejoindre le bras oscillant, qui pivote plutôt à même les carters.

L’entraînement final par courroie élimine la nécessité du système Paralever présent sur les grosses cylindrées allemandes, tandis que la suspension avant Telelever, que l’on retrouve aussi sur ces dernières, est remplacée par une fourche conventionnelle, comme sur tous les autres modèles de la série F.

Le résultat est une monture légère, compacte et agréablement étroite, qui dévore littéralement le moindre bout de bitume sinueux. Sur les routes côtières à flanc de montagne d’Afrique du Sud où le modèle a été lancé, les F800 ont été de véritables délices à piloter. Tellement que j’aurais adoré m’aventurer en piste à leur guidon, juste pour voir jusqu’où elles tiendraient. La tenue de route de la version S, légèrement plus sportive, est d’une pureté véritablement envoûtante, tout comme celle de la version ST, qui tient plutôt de la routière. Légères de direction, elles tombent à l’angle avec un minimum d’effort et conservent l’arc choisi avec exactitude et aplomb jusqu’à la sortie de la courbe. Non seulement elles font sourire dans ces circonstances, mais elles donnent l’envie d’arrêter, de faire demi-tour, et de recommencer.

L’une des tâches les plus difficiles, pour un constructeur, est la mise en marché d’un concept inédit. Un simple coup d’œil aux toutes nouvelles F800S et F800ST suffit pour comprendre que les gens de BMW ont trimé dur récemment.

En effet, tant du point de vue technique que de celui de la classification, le marché n’offre aucun équivalent aux nouvelles allemandes. Pensez à quelque chose à mi-chemin entre une Suzuki SV650S et une SV1000S, mais plus confortable et bien mieux adapté aux longues distances. Pensez à une monture à la fois très facile à prendre en main par un novice et assez excitante pour satisfaire un motocycliste expérimenté. Pensez à une moto qui fonctionne tellement bien, qui offre sa puissance de manière tellement agréable, qu’elle pousse à se demander pourquoi on aurait besoin de quoi que ce soit de plus.

Les F800 incarnent la simplicité élégante. Il s’agit d’une plateforme entièrement nouvelle chez BMW; elle ne partage aucune pièce majeure avec le reste de la gamme et se distingue avant tout par son moteur, un bicylindre parallèle de 798 cc et 85 chevaux. Refroidi par liquide et faisant appel à des injecteurs, utilisant une culasse inspirée de celle de la K1200S, marié à une boîte à six rapports et reprenant l’entraînement final par courroie de la défunte F650CS, le moteur des F800 n’a décidément rien du bas niveau technologique habituel des mécaniques qui reprennent cette configuration.