En raison de l'attachement profond que leur clientèle ressent envers eux, les modèles atteignant le statut de «monstres sacrés» sont des produits d'une grande complexité à faire évoluer. Qu'il s'agisse d'une Porsche 911 ou d'une quelconque Harley-Davidson, le constructeur fera invariablement face à un mur de scepticisme, de doute et de réticence lorsqu'arrivera le temps de faire progresser son engin.

Mais on n'arrête pas le progrès et même des machines aussi encensées et dominantes que la BMW R1200GS doivent un jour évoluer. Et comme il est question, dans ce cas, d'une évolution majeure pour 2013, l'arrivée d'une toute nouvelle GS a littéralement mis le micro-univers des GSisstes en alerte rouge. Qu'allaient-ils faire à leur GS? Pouvaient-ils vraiment l'améliorer? Savaient-ils même ce qu'ils faisaient?

Cette pression a manifestement eu un impact chez BMW, puisqu'à première vue, la R1200GS 2013 affiche une ressemblance frappante avec le modèle qu'elle remplace. Mais les apparences sont trompeuses et sous ce familier visage se trouve une machine entièrement repensée. En fait, jamais depuis l'inauguration du modèle il y a plus de 30 ans la grosse GS n'a été aussi profondément altérée.

Le mythique moteur Boxer qui l'anime en est le parfait exemple. Malgré sa ressemblance à la mécanique de 2012, il s'agit d'un concept totalement réinterprété. On note, entre autres, un embrayage désormais placé à l'avant, une alimentation et un échappement verticaux plutôt qu'horizontaux et une toute nouvelle transmission intégrée aux carters. Aux yeux des puristes, toutefois, l'un des plus gros changements, et peut-être aussi l'un des moins bien accueillis, se veut le refroidissement par eau plutôt que par huile.

La nouvelle GS a beau être entièrement repensée, dès le moment où on y prend place, l'impression prédominante ressentie est celle d'être en terrain connu. En fait, même après avoir mis ce tout nouveau moteur en marche, tout ce qu'on voit, tout ce qu'on entend et tout ce qu'on ressent demeure du «pur GS». Le bourdonnement feutré du Twin Boxer, l'effet de couple qui pousse légèrement la moto de côté lorsqu'un coup d'accélérateur est donné, l'instrumentation sans artifices, mais complète, la position de pilotage merveilleusement équilibrée et même la justesse de la dimension du pare-brise sont autant d'éléments faisant partie de l'ADN de la grosse GS qui demeurent présents.

Malgré la présence de tous ces rassurants points de repère, la nouvelle R1200GS s'avère une moto clairement améliorée, ce qui n'est pas peu dire lorsqu'on tient compte de la manière extrêmement flatteuse dont le modèle précédent était décrit. Tout d'abord, la quinzaine de chevaux additionnelle générée par le nouveau moteur est clairement ressentie. L'allemande n'offre toujours pas un niveau de performances sportif, comme celui d'une Ducati Multistrada, par exemple, mais les 125 chevaux de la GS sont tellement bien répartis et offrent des accélérations suffisamment fortes pour rassasier un motocycliste expérimenté et exigeant. Par ailleurs, ce dernier se déclarera ravi du comportement de la GS dont la direction est exceptionnellement légère en entrée de courbe et dont les manières une fois inclinée sont carrément superbes.

Évidemment, avec la GS, tout ce qui a rapport à l'asphalte ne représente que la moitié des possibilités d'utilisation. Et comme avant, la capacité du modèle à passer de manière transparente de routes pavées à des chemins non pavés et abîmés s'avère très impressionnante. À ce sujet, d'ailleurs, la version 2013 saute tête première dans l'univers de l'électronique avec des modes multiples pour contrôler l'antipatinage, les suspensions, l'ABS et la puissance. On doit d'abord, bien sûr, comprendre comment le tout fonctionne, mais une fois cette étape derrière soi, il s'agit de technologies auxquelles on s'attache assez vite et qui contribuent réellement au plaisir de conduite sans s'insérer entre le pilote et sa machine.

Au final, la nouvelle R1200GS est exactement, et il faut insister sur l'adverbe, la moto que BMW devait construire. Elle offre plus de tout, mais sans jamais affecter le mythique équilibre qui a fait la réputation du modèle. Beaucoup la qualifient de la meilleure aventurière du marché, mais il s'agit en réalité de la meilleure moto qui soit. Tout simplement. Il semblerait qu'ils savent ce qu'ils font, après tout.

Les frais de transport et d'hébergement ont été payés par BMW.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la moto.



Fiche technique



Marque:BMW

Modèle: R1200GS

Prix: 18 850$

Garantie: 3 ans/kilométrage illimité

Moteur bicylindre Boxer de 1170 cc refroidi par air et liquide

Transmission à six rapports, entraînement final par arbre

Poids: 238 kg

Frein avant: deux disques avec étriers à quatre pistons

Frein arrière: un disque avec étrier à deux pistons

Pneu avant: 120/70-19

Pneu arrière: 170/60-17

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR

Un moteur réinterpété

Le mythique bicylindre Boxer qui anime la nouvelle R1200GS est le parfait exemple du type de refonte dont a été l'objet le modèle pour 2013.

Malgré sa ressemblance à la mécanique de la version 2012, il s'agit d'un concept totalement réinterprété. On n'a donc pas du tout affaire à un moteur fignolé, même profondément, mais plutôt à une refonte totale de ce très particulier type de Twin qui demeure d'ailleurs une exclusivité chez le constructeur allemand, pour ne pas dire qu'il s'agit de sa signature mécanique.

On note, entre autres, un embrayage désormais placé à l'avant plutôt qu'à l'arrière, donc beaucoup plus accessible; une alimentation et un échappement verticaux plutôt qu'horizontaux, ce qui laisse plus de place aux pieds du pilote; une toute nouvelle transmission intégrée aux carters et des dimensions nettement plus compactes.

Aux yeux des puristes, toutefois, l'un des plus gros changements, et peut-être aussi l'un des moins bien accueillis, c'est le refroidissement par eau plutôt que par air et huile. Qu'adviendra-t-il d'eux, maintenant, lorsqu'une légère chute sur une roche au milieu du Sahara percera le nouveau radiateur et les immobilisera à des années-lumière de toute civilisation? Primo, il n'y a pas de cailloux au milieu du Sahara. Et deusio, le nouveau refroidissement par eau a seulement un rôle stabilisateur pour la température du moteur (qui demeure principalement refroidi par air), exactement comme c'était le cas de l'ancien système à huile. Qui, lui aussi, en passant, utilisait un radiateur.

PHOTO FOURNIE PAR LE CONSTRUCTEUR