On ne peut s'empêcher d'être enthousiaste. Rouler sur l'autoroute Métropolitaine sur une moto entièrement électrique et arriver sans trop de mal à suivre la circulation a quelque chose de grisant. On se met à croire à la révolution prochaine des moyens de transports.

C'est quand on se met à réfléchir un peu qu'on s'aperçoit s'être emballé un peu vite et qu'il y a encore de grands progrès à faire avant de fossiliser le moteur à explosion...

 

La Presse a récemment pu faire l'essai de la super-moto Zero S, la seule bécane électrique homologuée par Transports Canada, création du constructeur californien Zero Motorcycles.

 

Le coup d'oeil est pas mal du tout, on a d'ailleurs pu mesurer l'appréciation des gens en étant salué de quelques sourires, particulièrement de la part de piétons et de cyclistes. C'est vrai que le fait de rouler 100% écolo est particulièrement bien vu par les temps qui courent.

 

Si on se contente de faire du transit urbain, la Zero S peut parfaitement faire l'affaire. Autonomie de 80 km, accélération adéquate, vitesse maximale de 90 km/h (on annonce 110 km/h pour le modèle 2010). On peut, par exemple, se rendre au bureau au centre-ville, y recharger sa moto - quatre heures sur une fiche à 110V pour une pleine charge -, et revenir sans problème après le boulot.

 

C'est le week-end venu que ça se complique; on ne va pas loin avec une autonomie de 80 km, d'autant plus que la batterie a tendance à se décharger beaucoup plus vite quand on roule à fond.

 

Alors, qui sera prêt à débourser quelque 11 000$ pour acheter cette bécane, si révolutionnaire soit-elle? Après tout, un scooter électrique roule pendant 60 kilomètres à 50 km/h, pour presque 8000$ de moins que la Zero S. Et, en plus, on doit détenir un permis de moto pour la piloter.

 

Le niveau actuel de la technologie réduit considérablement l'attrait de la Zero S. Elle n'a pas encore ce qu'il faut pour séduire la clientèle motocycliste.

 

Mais Zero Motorcycles, qui est appuyé par firme française de financement de l'innovation qui gère un actif de 4 milliards de dollars, a des objectifs modestes à court terme, même si elle ambitionne de devenir le prochain grand constructeur de motos. "Nous demandons à nos représentants d'acheter deux ou trois motos de démonstration et, lorsqu'un client se montre intéressé, on la lui livre directement, explique Stephen Bieda, directeur des ventes de Zero Motorcycle au Canada. En fait, on travaille en suivant un modèle de production juste-à-temps, de façon à garder nos inventaires bas et à être financièrement responsables. On traverse une période économique difficile et convaincre des gens d'acheter un produit original n'est pas facile."

 

Pas de doute, la Zero S est une vraie moto - elle se prend facilement en main, sa direction est vive et précise et sa suspension à grand débattement est un charme pour se moquer des nids-de-poule -, elle est en ce sens bien meilleure qu'un scooter. Mais elle se vend au même prix qu'une moto à essence qui, en plus d'être déjà une alternative écologique intéressante à l'automobile, peut se rendre jusqu'où le pilote le veut bien...

 

En fait, la qualité de la Zero S est de faire naître l'espoir que la moto électrique va, bientôt, être une réalité. Mais, pour l'instant, ça reste une curiosité.

Silence, on roule!

 

Zero Motorcycles a beau réaliser plus de 80% de son chiffre d'affaires en vendant ses modèles destinés à la route, elle propose aussi des modèles hors route, qui sont peut-être plus près de révolutionner le sport que les versions routières, car l'autonomie est un facteur moins crucial dans leur cas.

 

La Zero MX, destinée à la piste, a du couple à revendre, comparable à celui d'un motocross de 250cc. Elle montre toutefois rapidement ses limites quand on la met dans les mains d'un pro. "Pour l'instant, c'est un jouet, a déclaré Guy Giroux, troisième de l'épreuve Endurocross au plus récent Supermotocross de Montréal. Nos motos ont 60 chevaux-vapeur et des suspensions qui peuvent nous permettre de nous jeter du haut d'un toit. La Zero MX est à 20% des performances des motos de compétition actuelles. Mais quand ils vont être capables de faire des batteries plus puissantes et compactes, ça va changer."

 

C'est de rouler en silence qui a le plus impressionné ceux qui sont venus essayer les motos Zero sur la piste intérieure de X-Town, à Mirabel. "L'avantage du silence, c'est fou! On peut se permettre de construire une piste de motocross dans un secteur résidentiel sans gêner personne, soutient Guy Giroux. D'ailleurs, quand ces motos vont être au point, c'est ça qui va tuer nos motos à essence."

 

Les motos Zero Motorcycles sont en vente chez Eco-Moto, 1740, rue Notre-Dame Ouest, Montréal.

Photo fournie par Zero Motorcycle

La Zero MX.