Même quelques années après le dévoilement du Spyder RS original, la nature de ce que BRP appelle un « roadster « demeure controversée. Le constructeur prétend qu'il s'agirait d'une sorte d'entre-deux touchant à la fois aux mondes de la voiture décapotable et de la moto.

En ce qui me concerne, je qualifierais tout simplement le Spyder de moto à trois roues. Mais l'important n'est ni ce que prétend l'équipe de marketing du constructeur québécois ni l'opinion d'un chroniqueur de « vraies « motos, mais plutôt ce qui pousse autant d'individus - et ils sont plus nombreux que même BRP l'aurait espéré - à acheter un tel engin. 

S'il est un dénominateur commun chez tous ceux et celles qui s'intéressent au Spyder, c'est sa facilité d'utilisation, surtout par rapport à la moto. En fait, selon BRP, pas moins de la moitié des acheteurs de Spyder proviendraient même du monde de la moto. Des acheteurs ayant pour la plupart vécu de manière souvent silencieuse nombre de malaises liés à la nature de la moto, par ailleurs. Essentiellement liés à l'équilibre, à l'inclinaison, au poids, à la hauteur de selle, à la complexité du freinage et à la notion générale de risque, ces malaises sont presque tous éliminés sur le Spyder.

 

Non seulement la nature même du véhicule efface-t-elle toute crainte ou complication liée à l'équilibre, au poids et à l'inclinaison, mais BRP a aussi poussé la simplification à son extrême en éliminant la séparation des freins avant et arrière (on freine avec une seule pédale reliée à un système ABS, comme en voiture) et en offrant, en option, une transmission semi-automatique éliminant le besoin d'un embrayage. Sur le Spyder, on s'assoit et on roule.

 

L'arrivée, pour 2010, d'une version RT (pour Roadster Tourisme) représente une évolution extrêmement intéressante du concept. On comprend instantanément la logique de cette nouvelle version en apprenant qu'une importante portion des utilisateurs du Spyder RS (pour Roadster Sport) ont "accessoirisé" leur engin de manière à le rendre plus confortable et pratique sur de longues distances, en lui greffant par exemple des valises latérales et un plus grand pare-brise. Avec son trio de valises intégrées (auquel s'ajoute le coffre avant), sa luxueuse selle, son généreux pare-brise ajustable électriquement, ses poignées chauffantes, son système audio avec intégration CB, XM et iPod et son impressionnant ordinateur de bord, notamment la nouvelle version RT risque de faire saliver beaucoup de propriétaires de RS.

 

Mais l'attrait de la version RT et la logique derrière un Spyder équipé pour le tourisme va beaucoup plus loin puisque BRP s'attaque avec ce produit à l'une des classes les plus prospères du monde de la moto, celle du tourisme de luxe, où des modèles comme la Honda Gold Wing représentent la norme.

 

Or, l'âge plus élevé des amateurs de ce genre de motocyclisme, combiné au fait que le poids de l'engin devient souvent un facteur très intimidant, représente l'un des problèmes les plus importants dans cette catégorie. Comme si le seul fait que la nature du Spyder RT élimine entièrement ce problème ne représentait pas un atout suffisant, BRP s'est aussi donné l'avantage d'un prix considérablement inférieur à celui d'une Honda Gold Wing.

 

Bref, bien que le Spyder RT ne représente évidemment pas la fin des machines de tourisme à deux roues, il devrait, comme disent les gens de BRP, sourire en coin, "déranger".

 

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la moto.

 

 

FICHE TECHNIQUE

Marque : BRP

Modèle : Spyder RT

Prix : 24 499 $ à 28 499 $

Garantie : 2 ans/kilométrage illimité

Moteur : bicylindre en V DACT de 998 cc refroidi par liquide

Transmission : à 5 rapports (semi-automatique en option)

Poids : 421 kg (à sec)

Frein avant : 2 disques avec étriers à 4 pistons

Frein arrière : 1 disque avec étrier à 1 pistons

Pneus avant : 165/65-14

Pneu arrière : 225/50-15