«On doit vieillir mais rien ne nous oblige à grandir. » Voilà un dicton qui s'applique parfaitement à la Vintage Road Racing Association, autant à ses membres qu'à leurs motos.De grands gamins sur de vieilles bécanes encore bien joueuses.

La VRRA organise ce week-end son rendez-vous au Québec, au circuit Riverside, à Sainte-Croix-de-Lotbinière, au sud de Québec. Près de 80 pilotes seront sur place pour participer aux nombreuses courses qui mettent en scène des motos d'une autre époque.

 

« La course vintage, c'est un rêve d'enfant que l'on n'a pu réaliser pour mille et une raisons, explique David Côté, propriétaire d'une Kawazaki GPZ 550 1983. On se retrouve à 40 ans, plus à l'aise financièrement, on trouve une machine qui nous faisait rêver à 20 ans, et hop! on décide d'aller en piste. D'ailleurs, beaucoup roulent avec des motos qui les avaient fait rêver étant jeunes, les gars de 40 ans avec des motos des années 80, les gars de 50 ans avec des bécanes des années 70. »

 

La mécanique accessible des vieilles motos en séduit aussi plus d'un. « J'ai une passion pour les vieilles motos de légende sur lesquelles on peut travailler, soutient Brian Daigle, lui aussi propriétaire d'une GPZ 550. De nos jours, avec les nombreux systèmes électroniques, c'est plus difficile. En fait, la plupart des gens de la VRRA sont un peu mécanos à leurs heures. »

 

Courses à rabais

 

La VRRA offre ainsi la possibilité de courir pour une fraction du budget exigé chez les professionnels. « J'ai trouvé ma GPZ dans une grange; elle m'a coûté 500$, dit M. Daigle. Avec la restauration, j'ai dépensé moins de 3000$ pour une saison complète de quatre week-ends. En Superbike, cela ne représente même pas le budget des pneus...»

 

Par contre, cela amène un effet pervers qui n'est pas sans déplaire aux vétérans : « Certains jeunes sont attirés parce que l'on offre de la course à rabais, déplore M. Daigle, 53 ans. Les jeunes sont souvent plus compétitifs, ils peuvent même être tentés de tricher en installant des pièces de motos neuves, il faut les garder à l'oeil. Après tout, notre club a été fondé avec l'idée de courir avec des motos d'époque. »

 

David Côté, 42 ans, n'est toutefois pas prêt à lancer la pierre à ses jeunes collègues. « Les « budget racers » préparent leur moto comme ils le peuvent mais, à l'opposé, tu as des gars plus âgés, plus à l'aise, qui peuvent se permettre de monter des motos presque exotiques, des vrais bécanes de GP des années 60 et 70 qui coûtent aussi cher à préparer qu'une moto moderne », soutient-il.

 

Malgré tout, l'atmosphère reste relaxe, même si tout le monde prend la course au sérieux. « C'est avant tout un club amateur, reconnaît M. Côté. Mais il y a d'anciens pros qui sont très rapides. La compétition est très relevée, mais personne n'aspire à faire carrière, on se laisse donc de la place sur la piste. Et tout le monde s'aide : l'an dernier, le gars avec qui je me battais pour le championnat était d'accord à me prêter des pièces.

 

« C'est très sérieux quand on est en piste, mais quand c'est fini, on se retrouve comme sur un terrain de camping à boire du vin et à se regrouper autour d'un bon feu », conclut David Côté.

 

« Notre corps a vieilli mais, quand on embarque en piste, on se dit lets go! affirme Brian Daigle, le sourire dans la voix. Cela dit, on travaille lundi, on n'est pas là pour se casser la gueule. Mais on fait de la course, alors quand on monte sur notre moto, on tourne les gaz à fond! »

Séduire le Québec

 

La Vintage Road Racing Association compte environ 300 membres dans l'est du Canada, dont une trentaine de Québécois. « C'est peu, mais on est très rapides, affirme David Côté, champion de sa catégorie en 2006 et 2007. Mais on veut essayer de mieux faire connaître notre groupe au Québec. C'est pourquoi on tient à garder notre épreuve à Sainte-Croix. Le propriétaire de la piste court avec nous, d'ailleurs! »

 

L'âge moyen de membres tourne autour de 50 ans, les plus jeunes ont la jeune vingtaine, les plus âgés plus de 70 ans. Il y a plusieurs catégories, divisées selon l'âge des motos et leur cylindrée. « Par exemple, il n'y avait pas de freins à disque sur les motos d'avant 1965, explique Brian Daigle. Aussi, c'est après 1982 que l'on a commencé à voir apparaître des motos équipées de bras oscillants à mono-amortisseur. »

 

Si relativement peu de mordus vont en piste avec des motos des années 40, 50 et même 60, les courses réservées aux petites cylindrées des années 80 peuvent voir jusqu'à 35 pilotes sur la ligne de départ. Sans compter les courses de side-car - les champions en titre Paul et Marie Whittaker ont plus de 70 ans!

Photo fournie par Linda Willis, VRRA

Stan Nicholson, champion en titre de la catégorie des motos de 250cc construites entre 1965 et 1972, en compagnie de son épouse Pat.