En piste, les filles!

Les meilleurs pilotes moto au pays étaient en piste, la fin de semaine dernière, sur le circuit ICAR, à Mirabel, à l'occasion de la deuxième étape du championnat canadien. Parmi eux, quelques filles, dont une majorité de Québécoises.

Marie-Josée Boucher roule en Superbike, la catégorie reine. Sur une Honda CBR 1000RR de 185 chevaux montée sur des pneus lisses. Des bêtes de course. La moto comme la pilote.Geneviève Lesieur est en Pro Sport, catégorie réservée aux 600cc qui est fréquentée par les ténors du Superbike, dont le champion en titre, Jordan Szoke, et le Québécois Kevin Lacombe, troisième au classement 2008.

 

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"J'aime la moto depuis que je suis tout petite, avoue Marie-Josée Boucher. Mais mon père n'a jamais voulu que je fasse de la course, alors j'ai attendu l'âge de 21 ans avant d'aller suivre un cours en piste, à Sainte-Croix de Lotbinière."

"Il n'y avait vraiment pas beaucoup de femmes qui faisaient de la moto sport quand j'étais jeune, raconte de son côté Geneviève Lesieur. Je me souviens précisément qu'à 15 ans, j'ai vu une fille sur une moto sport. Ça m'avait tellement impressionnée que ça m'a donné le goût, surtout que j'aime briser les carcans de la société."

Féminines jusqu'au bout des ongles, Mmes Lesieur et Boucher font voler en éclats les derniers stéréotypes machos liés au monde de la moto. N'empêche qu'elles ne jouent pas à armes égales.

"On est super bien acceptées, mais on a un peu plus de preuves à faire, explique Geneviève Lesieur. Si une fille fait une erreur en piste, on ne se gênera pas pour le lui dire. Si un gars fait la même chose, ça va simplement être drôle. Mais une fois qu'on a fait nos preuves, on est très bien acceptées. Les pros viennent même me voir et me donnent des trucs."

Marie-Josée Boucher abonde dans le même sens. "Les gars sont là pour nous aider, ils sont vraiment coopératifs, dit-elle. Il y a bien quelques machos qui sont choqués quand on les dépasse mais, au contraire, ils sont vraiment gentils avec nous."

Physiquement exigeant

La course en moto n'a toutefois pas grand-chose à voir avec le loisir pratiqué sur une petite route de campagne un dimanche après-midi d'été. C'est extrêmement exigeant. Les filles sont-elles désavantagées par rapport aux gars?

"L'écart est évident en Superbike, avoue Marie-Josée Boucher. Les gars qui roulent dans des écuries d'usine ne font que ça, ce sont des pilotes professionnels. Ils sont en forme, ils s'entraînent sans cesse. Tu devrais voir un gars comme Jordan Szoke, il a des bras comme ça!

"Il faut savoir que la course est super exigeante, enchaîne-t-elle. Contrairement à ce que les gens pensent, on n'est jamais assis sur la moto, on est constamment en suspension sur nos cuisses. À la fin de la deuxième course, le dimanche, je ressens de la fatigue, c'est sûr. Il faut aussi rester constamment concentré, et cela est parfois encore plus épuisant."

"Je dois m'entraîner davantage que les gars mais, dans la catégorie pro 600, l'aspect physique est moins primordial parce que les courses sont relativement courtes, explique de son côté Geneviève Lesieur. J'imagine que la différence est plus marquée en Superbike car les épreuves sont plus longues."

Les deux pilotes espèrent que leur exemple va pousser davantage de filles vers la course et vers la moto. D'autant plus qu'elles soutiennent que la piste est beaucoup plus sécuritaire que la rue, ce qui aurait pour effet de rassurer les filles.

"Moi, je suis peureuse sur la route, je respecte les limites de vitesse et, de toute façon, j'ai peur de la police, rigole Marie-Josée Boucher. C'est plus sécuritaire en piste, c'est un environnement contrôlé dans lequel on peut se laisser aller."

"Je suis instructrice à l'école de pilotage Turn 2, à Callabogie, en Ontario. On essaye souvent de me jumeler avec des femmes, conclut Geneviève Lesieur. La dernière fois, j'ai eu trois filles avec moi. Elles avaient des étoiles dans les yeux tellement elles ont trippé!"

Le Défi Coupe féminine

Avant de courir en Superbike, les filles peuvent se faire la main dans le Défi Coupe féminine, un circuit réservé aux femmes uniques au monde. Marie-Josée Boucher et Geneviève Lesieur sont championne et vice-championne, titres qu'elles ne défendront pas en 2009. Pour plus d'informations: www.womenscup.ca