Chez Triumph, on accorde beaucoup de valeur à l'histoire. Devrait-on plutôt dire au pouvoir de la nostalgie sur les décisions d'achat! Qu'une Triumph TR6C ait permis à Steve McQueen de s'évader de prison de façon spectaculaire dans le classique long métrage de 1963, The Great Escape, et que cette même moto ait été pilotée un an plus tard par le légendaire acteur dans le cadre de l'International Six-Days Trials, une prestigieuse compétition, était plus que suffisant pour convaincre le constructeur anglais de ramener cette fameuse moto sous la forme de la nouvelle Scrambler.

Chez Triumph, on accorde beaucoup de valeur à l'histoire. Devrait-on plutôt dire au pouvoir de la nostalgie sur les décisions d'achat! Qu'une Triumph TR6C ait permis à Steve McQueen de s'évader de prison de façon spectaculaire dans le classique long métrage de 1963, The Great Escape, et que cette même moto ait été pilotée un an plus tard par le légendaire acteur dans le cadre de l'International Six-Days Trials, une prestigieuse compétition, était plus que suffisant pour convaincre le constructeur anglais de ramener cette fameuse moto sous la forme de la nouvelle Scrambler.

«Belle moto!» me lance l'élégante dame qui s'avance dans ma direction plutôt que vers sa luxueuse voiture. Étonné que le commentaire ne vienne pas plutôt d'un homme dans la soixantaine, je la remercie tout en continuant de faire le plein. Elle sourit, fait une pause.

«Qu'est-ce que c'est? Mon père avait quelque chose de semblable. Il nous amenait partout là-dessus. Ça doit faire des années que je n'ai rien vu de tel.»

«C'est une Triumph Scrambler. C'est un tout nouveau modèle.»

«Pas possible! lance-t-elle avec stupéfaction. J'aurais juré que c'était une vieille moto que vous avez restaurée!»

La réaction aurait pu être celle de son propre père que je n'en aurais pas été le moindrement étonné. Car s'il est une chose pour laquelle Triumph se distingue ces dernières années, c'est bien la production de répliques de vieux classiques, exécutés à la perfection. Des modèles comme la Thruxton et la célèbre Bonneville ont d'ailleurs précédé la Scrambler à ce chapitre.

Sous ses très convaincantes lignes d'antan, la nouveauté demeure toutefois tout ce qu'il y a de moderne. L'alimentation demeure l'affaire d'une paire de carburateur plutôt que celle d'un système d'injection, mais à cette exception près, toutes les composantes utilisées sont à jour et parfaitement fonctionnelles. Voilà d'ailleurs là l'une des caractéristiques clés derrière les belles manières dont fait preuve la Scrambler sur la route. Car au-delà du rôle qu'elle joue avec brio, l'anglaise s'avère avant tout une monture d'une surprenante facilité de prise en main. Un peu haute mais relativement légère, agréablement étroite et extrêmement légère de direction, elle est propulsée par un bicylindre refroidi par air dont les performances sont livrées de manière extrêmement amicale. Absolument rien, à ses commandes, n'intimide. Si l'on pourrait ainsi la recommander sans le moindre problème à un néophyte, il reste que la Scrambler a quand même ce qu'il faut pour satisfaire un pilote plus expérimenté qui découvrira une monture qui brille d'abord et avant tout lorsque l'esprit est à la balade. Peu importe que l'intention soit de faire une banale course quotidienne ou simplement de flâner quelques heures sans destination particulière un dimanche matin, la Scrambler est un rafraîchissant retour à l'essentiel. En ces temps de spécialisation aiguë, la position de conduite qu'elle dicte est tellement simple et logique qu'elle semble avoir été oubliée. On est tout bonnement assis sur une selle complètement plate avec un large guidon entre les mains. La posture n'a pas été étudiée des années par des ingénieurs, elle est seulement celle que le corps demande. Toutes les commandes fonctionnent de manière fluide et transparente. La puissance n'est pas énorme, mais le bicylindre est suffisamment «coupleux» pour qu'on ne manque jamais vraiment de rien. Il n'y a pas de protection au vent ou de suspensions très sophistiquées. Pas d'ordinateur de bord, pas d'instrumentation numérique et certainement pas le moindre gadget non plus.

La Scrambler est en quelque sorte un retour à la case départ, une moto qu'on enfourche simplement pour rouler sur deux roues, dans le vent. Grâce à la magie de la technologie moderne, son attachante ligne classique ne l'empêche pas de se comporter solidement et précisément en courbe, de freiner avec assurance ou même, une fois n'est pas coutume, de s'aventurer dans un sentier pas trop abîmé.

Comme chacune de ces nouvelles motos dont la raison d'être est de rappeler un certain thème, elle n'est pas pour tout le monde. La majorité ne s'y intéressera pas, ne la comprendra pas. Mais pour une minorité, pour une poignée de nostalgiques jeunes et moins jeunes, la seule vue de la Triumph Scrambler provoquera un sourire qui ne s'effacera assurément pas une fois sur la route. Et qui sait, elle pourrait aussi conduire à quelques intéressantes rencontres.

Bertrand Gahel est l'auteur du Guide de la Moto

FICHE TECHNIQUE

TRIUMPH SCRAMBLER


Prix :11 599 $

Garantie : 2 ans/kilométrage illimité

Moteur : bicylindre parallèle DACT de 865 cc refroidi par air

Transmission : à 5 rapports, entraînement final par chaîne

Poids : 205 kg

Frein avant : disque simple avec étrier à 2 pistons

Frein arrière : disque simple avec étrier à 2 pistons

Pneu avant : 100/90-19

Pneu arrière : 130/80-17