(Kona, Hawaii) Le premier de la classe finit toujours par agacer les autres un peu. À force de le voir là, tout en haut, la concurrence, on s’en doute, rêve sournoisement d’un passage à vide, du moment où il trébuchera. Oui, le Tacoma fait des jaloux. Son dévoilement en avant-première mondiale, vendredi dernier, suscite déjà espoir et appréhension chez ses rivaux.

Le Tacoma aura-t-il de nouveau raison de toutes les nouveautés qu’on lance à ses trousses ? Chez Toyota, on a conscience qu’elles sont nombreuses cette année et qu’elles apparaîtront presque simultanément sur le marché. Chevrolet (Colorado), GMC (Canyon) et Ford (Ranger), pour ne nommer que ces trois-là, aspirent tous à déboulonner le Tacoma de son piédestal. « Nous avons espoir de garder notre position de tête » a souligné la direction de Toyota en prenant bien soin de ne pas laisser penser qu’elle baignait dans l’autosatisfaction.

Succès indiscutable

Le Tacoma est la camionnette intermédiaire la plus vendue au Canada — et aux États-Unis aussi – au cours des 20 dernières années. Depuis son lancement en 1995, sa bonne fortune tient à une équation subtile, mais invariable, que ses trois premières générations ont déclinée avec succès : faire robuste, fiable et polyvalent. D’autres modèles comparables ont les mêmes qualités, mais rares sont ceux qui proposent tout cela à la fois.

La refonte du Tacoma, la quatrième de son histoire, adopte l’architecture des actuels Tundra et Sequoia. Connu sous l’appellation TNGA-F, ce châssis en échelle se révèle plus rigide que celui utilisé précédemment. Il s’habille également, dans sa partie supérieure, de panneaux en aluminium pour réduire le poids et le centre de gravité. Ses voies, plus larges, bénéficieront à sa stabilité à vitesse de croisière. Une architecture que le futur 4Runner reprendra à son compte très prochainement.

Les dimensions tant extérieures qu’intérieures sont demeurées sensiblement les mêmes que celles de la génération antérieure, à l’exception de la garde au toit. Lors du lancement commercial de cette camionnette assemblée au Mexique, Toyota Canada ne proposera qu’un seul choix de cabine (Double Cab), mais deux longueurs de benne (5 ou 6 pi). Un modèle biplace (Xtracab) se joindra à la gamme à une date ultérieure.

Coup de plumeau sous le capot

Aucune des mécaniques qui mouvaient autrefois le Tacoma n’a été retenue. Elles ont toutes été expulsées au profit d’un moteur à quatre cylindres suralimenté de 2,4 L de 278 ch et 317 lb-pi de couple. À celui-ci s’ajoutera, à partir du premier trimestre de 2024, une déclinaison hybride forte de 326 ch et 465 lb-pi de couple, mais tout de même incapable de tracter une charge plus importante pour autant. En effet, Toyota limite celle-ci à 6000 lb, soit 500 de moins que la version tout essence.

Nos données sembleront sans doute prudentes par rapport à certains de nos concurrents, mais notre priorité est la durabilité et la fiabilité à long terme. Et qui plus est, ajoute-t-il, 90 % de nos acheteurs tirent moins de 5000 lb de façon régulière.

Sheldon Brown, ingénieur en chef du Tacoma

Dans sa configuration « tout essence », cette motorisation accepte d’épouser une transmission manuelle — une rareté de nos jours, mais recherchée par 10 % de notre clientèle, précise Romaric Lartilleux, porte-parole de Toyota Canada. La version hybride devra, pour sa part, s’en remettre à une boîte automatique à huit rapports, laquelle intègre dans son carter un moteur électrique d’une puissance équivalente à 48 ch. Ce dernier s’alimente auprès d’une batterie de 1,87 kWh. Toyota ne communique pour l’heure aucune donnée sur la consommation de ces deux moteurs.

Pour rendre les attraits du Tacoma encore plus palpables, l’équipement a été soigné. En série, tous les modèles sont livrés avec quatre freins à disque (on retrouvait autrefois des tambours à l’arrière) et une direction à assistance électrique. À l’intérieur, le Tacoma compte désormais une colonne de direction réglable sur deux axes (inclinaison et profondeur) et il sera dorénavant possible de rehausser le coussin des assises avant pour obtenir une position de conduite plus agréable. À ce sujet, le Tacoma TRD Pro adopte en exclusivité des baquets inspirés de la concurrence pour assurer maintien et confort dans le cadre d’une utilisation hors route.

Le constructeur japonais ne dévoile rien des prix de son nouveau venu, mais laisse sous-entendre que les améliorations apportées auront un coût. Au Canada, tous les Tacoma seront dotés de série du mode d’entraînement à quatre roues motrices, d’une suspension arrière à bras multiples et d’une panoplie d’aides à la conduite, dont des capteurs d’angle mort.

Les ventes de camionnettes intermédiaires au Québec en 2022

  • Toyota Tacoma : 2031
  • Chevrolet Colorado : 1374
  • Nissan Frontier : 1115
  • GMC Canyon : 1114
  • Jeep Gladiator : 1073
  • Ford Ranger : 710
  • Honda Ridgeline : 516