Avec l’impossibilité de commander la livrée RS3 au Canada en raison des normes antipollution, la S3 se retrouve seule chez Audi à monter aux barricades du segment plutôt niché des sous-compactes de luxe au penchant sportif. Spécialité européenne, cette classe constitue la première marche à gravir dans les filières de haute performance et probablement celle qui a été historiquement la plus divertissante en utilisation quotidienne. Mais où se place-t-elle maintenant sur l’échiquier ?

Le design

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L’élément le plus saillant du remodelage de l’Audi S3 est sans conteste les phares.

Pour 2022, cette S3 a fait l’objet de quelques ajustements à sa robe pour la rendre légèrement plus expressive. L’élément le plus saillant de ce remodelage est sans conteste les phares, prenant nettement plus d’espace qu’auparavant, boudant ainsi le courant stylistique des optiques plus effilées. Proportionnellement, c’est moins intéressant, mais cela permet de jouer avec l’éclairage avec nombres de diodes à traits successifs. De profil, cette S3 reste probablement celle de son segment qui étale le plus bel équilibre. Elle paraît compacte et bien ramassée, et ne joue pas d’exagération, tant dans la sélection des jantes, qui peuvent atteindre 19 po de diamètre au maximum, que dans la largeur des jupes. Évidemment, cette livrée se reconnaît essentiellement par la présence de quatre sorties d’échappement, sa signature depuis ses débuts. Notons que le marché canadien n’a pas droit à la carrosserie à hayon, ce qui aurait été sans doute apprécié pour l’aspect pratique de la chose.

À bord

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L’habitacle de l’Audi S3 2022

Cette S3 veut réellement s’affranchir de l’étiquette d’entrée de gamme avec une toute nouvelle planche de bord intégrant la dernière génération du système d’infodivertissement MMI. Elle abandonne les buses circulaires de la cuvée précédente pour étaler nombre d’angles et une propension aux trapèzes dans le rendu. La planche de bord est basse, dégageant ainsi la visibilité tout en étant élégante grâce à l’usage de divers matériaux modernes texturés et lustrés. Audi a aussi choisi d’employer des boutons palpables pour appuyer les diverses fonctionnalités des écrans. On perçoit une solidité à l’ensemble typiquement allemande, mais on observe aussi l’usage de plastiques pas toujours dignes d’un modèle de luxe sur la console et dans l’assemblage des portières. On note également que les espaces de rangement pourraient être un peu plus volumineux. Le coffre arrière est aussi limité en hauteur, forçant l’usage de la banquette arrière pour trimballer des objets plus hauts.

Sous le capot

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Le groupe motopropulseur de l’Audi S3 2022

Le court capot se lève pour découvrir un quatre-cylindres turbo de 2 L bien camouflé sous une grande pièce de plastique. Il s’agit essentiellement de la même motorisation utilisée précédemment, codée EA888. Elle fait des gains modestes au passage de 18 ch et 15 lb-pi, pour 306 ch et 295 lb-pi en somme. Partagé avec la Volkswagen Golf R, ce moteur affiche une légère hésitation lorsqu’on enfonce l’accélérateur promptement, mettant le turbocompresseur en rotation pour ensuite déplier ses ailes jusqu’au rupteur, qui intervient à 6500 tr/min. Beaucoup moins passionné que le cinq-cylindres de la RS3, il fournit malgré tout une poussée manifeste et constante, aidée par une boîte à double embrayage à sept rapports qui implique le conducteur dans son maniement. Cela dit, on dénote un glissement un peu trop marqué de l’embrayage au départ ainsi qu’à l’actionnement du mode départ-canon, apparemment pour ménager les organes mécaniques. Du reste, la frugalité n’est pas un argument de vente dans son cas, mais à environ 8,3 L/100 km mesurés en moyenne dans un contexte hivernal, c’est fort décent.

Derrière le volant

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Sans avoir une quincaillerie aussi poussée que celle de la nouvelle Golf R, cette S3 présente tout de même un niveau de motricité exceptionnel.

Reposant sur le même châssis MQB EVO que la dernière Golf, cette S3 se base sur un rouage intégral pour extraire la berline des limites dynamiques théoriques de son châssis à traction. Sans avoir une quincaillerie aussi poussée que celle de la nouvelle Golf R — le système ne pouvant distribuer le couple entre les deux roues arrière de manière aussi précise —, cette S3 présente tout de même un niveau de motricité exceptionnel. L’essai routier, conduit sur neige et glace, confirme sa grande acuité à garder la voiture en trajectoire, même si on tente de la déstabiliser en enfonçant l’accélérateur. Certes, on sent une propension plus marquée du train avant à chasser que sur un véhicule à architecture à propulsion, mais le système rattrape assez rapidement ce comportement. Du reste, soulignons la grande précision d’une direction un peu ferme, un freinage linéaire et très puissant ainsi qu’une suspension adaptative qui soigne un confort étonnant, mais évidemment pas toujours duveteux.

Les technologies embarquées

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Le système d’infodivertissement de l’Audi S3 2022

La S3 fait littéralement le plein de technologie pour 2022 afin d’appuyer une toute nouvelle configuration intérieure. Sur le modèle essayé, qui étale toutes ces avancées, l’écran principal de commandes au centre de 10,1 po était doublé de l’Audi Virtual Cockpit, qui fait office de bloc d’instrumentation numérique. Cette combinaison née dans les modèles les plus onéreux de la marque est indéniablement la proposition la plus intuitive des trois grandes marques allemandes. Mélangeant boutons physiques et navigation tactile, elle permet de se promener dans les menus facilement, non sans néanmoins devoir passer par une période d’apprentissage. La lisibilité de l’ensemble est excellente et on peut configurer de plusieurs manières la disposition des diverses données de mesure. L’amarrage avec Apple CarPlay et Android Auto sans fil est inclus de série et le pavé de recharge est bien conçu pour éviter que le téléphone fasse un vol plané à chaque virage serré.

Le verdict

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L’Audi S3 2022 est un modèle d’agilité d’où se dégage une impression de solidité que l’on ne retrouve pas à un degré aussi abouti chez la concurrence allemande.

S’il y a une chose que l’on peut retenir après avoir passé plusieurs centaines de kilomètres derrière le volant d’une Audi S3 sur les routes québécoises, ce sont bien les vertus de ces voitures au format réservé. Certes, cette compacte ne peut espérer combler les désirs d’une clientèle friande d’habitacles volumineux avec ses places arrière étriquées, mais propose en revanche un tempérament équilibré qui intègre le dynamisme à un contexte d’utilisation journalier. C’est un modèle d’agilité d’où se dégage une impression de solidité que l’on ne retrouve pas à un degré aussi abouti chez la concurrence allemande. Cela dit, il faut éviter de trop cocher de groupes d’options, ceux-ci pouvant rendre cette S3 en concurrence indirecte avec des berlines au rang hiérarchique plus élevé dotées d’ossatures plus sophistiquées. Il n’en demeure pas moins que la berline demeure un exemple d’adresse en voie de disparition, à défaut d’entièrement exalter les passions.

Carnet de notes

Une cousine à considérer

La Volkswagen Golf R récemment renouvelée reçoit les mêmes organes mécaniques en plus d’offrir la possibilité de l’agrémenter de la boîte manuelle à un prix de départ moins élevé. Son habitacle est toutefois moins invitant que celui de la S3.

Mais où est le levier ?

Comme bien des rivaux, Audi repense le levier de vitesses avec une petite commande qui dégage visuellement la console. C’est une meilleure approche que les commandes rotatives.

Un appuie-bras à revoir

L’appuie-bras de la S3 fait réellement bon marché et est trop reculé. Certes, on peut l’ajuster en l’inclinant, mais on ne trouve jamais un réglage proprement satisfaisant.

Des sièges fort agréables

Bien sculptés et élégants, les sièges avant de la S3, semblables à ceux que l’on retrouve dans les autres modèles sportifs d’Audi, offrent un bon maintien et sont très confortables sur de longs trajets.

Une option de sécurité curieuse

Malgré un prix d’introduction qui dépasse les 50 000 $, il faut débourser 550 $ supplémentaires pour bénéficier de coussins gonflables latéraux arrière. C’est bien curieux.

Fiche technique

  • Modèle à l’essai : Audi S3 Technik 2022
  • Moteur : L4 DACT 2 L turbocompressé
  • Puissance : 306 ch de 5450 à 6500 tr/min
  • Couple : 295 lb-pi de 2000 à 4750 tr/min
  • Transmission : automatique à double embrayage à 7 rapports
  • Architecture motrice : moteur transversal avant, transmission intégrale
  • Consommation (ÉnerGuide) : 8,8 L/100 km (essence à indice d’octane 91)
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 61 850 $ (prix de départ de 50 600 $)
  • Concurrentes : BMW Série 2 Gran Coupé et Mercedes-Benz Classe A
  • Du nouveau en 2022 ? Habitacle et carrosserie redessinés, moteur plus puissant
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