Pour bien comprendre la place que la Mach 1 a occupée dans l’histoire de la Mustang, il faut reculer de 52 ans. Alors que la mission Apollo 11 faisait porter le regard des Américains vers la Lune, Ford lançait cette déclinaison qui faisait directement référence au monde de l’aviation supersonique. Son objectif : faire le pont entre la livrée GT et les puissantes Shelby. Elle nous revient en 2021 en modernisant ce même concept avec des aptitudes fort impressionnantes.

Design

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La Ford Mustang Mach  1 2021

La Mach 1, c’est d’abord un exercice stylistique. Pour réellement se démarquer de la variante GT employée comme matière de base, elle se pare de diverses décalcomanies dont le pourtour varie selon la couleur primaire de la carrosserie sur le capot avant. La calandre fait écho aux bolides de course Trans-Am dont les phares avant, non nécessaires pour courser, étaient retirés. L’Ensemble conduite Mach 1, dont était équipé l’exemplaire essayé, ajoute divers éléments fonctionnels, dont de gros becquets avant et arrière qui permettent d’augmenter l’appui aérodynamique de 150 % comparativement à la livrée GT. Les jantes de 19 po jouent également un grand rôle dans la mise en scène visuelle, alors qu’elles revêtent d’immenses pneumatiques avec une empreinte d’une largeur de 305 mm à l’avant et de 315 mm à l’arrière. Chose certaine, sa garde au sol basse et sa mine redoutable dressent la table pour la suite.

À bord

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L’habitacle

Hormis la présence bien en vue du rétroviseur central, du becquet arrière chapeauté du fameux « flap Gurney » et du capot habillé de manière différente, peu d’éléments distinguent la Mach 1 d’une Mustang GT fardée de plusieurs ensembles optionnels. Certes, une plaque signalétique montrant le numéro de série de l’exemplaire et les seuils des portières rappellent son identité distincte, mais on dénote que Ford n’a pas fait de l’habitacle sa priorité pour asseoir l’identité de cette Mach 1. Sans être irréprochable sur le plan de l’assemblage ni dans la sélection des plastiques, cet habitacle permet tout de même d’en faire un véhicule que l’on peut aisément utiliser quotidiennement. Le coffre arrière étale une bonne contenance et les places avant sont généreuses sur tous les points de mesure. Les places arrière sont réservées à de jeunes enfants ou à des amis que vous aimez moins, c’est selon.

Sous le capot

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La Ford Mustang Mach  1 2021

La Mach 1 emploie l’incontournable V8 de 5 L atmosphérique de la GT auquel on a greffé un papillon des gaz plus gros et une tubulure d’admission d’air moins restrictive. Il respire donc mieux, ce qui fait augmenter la puissance d’un modeste 20 ch (480 ch). Alors que la suralimentation règne partout, il y a un grand plaisir dans l’acte de faire grimper un moteur à haut régime et de sentir un crescendo de puissance se construire jusqu’au rupteur (7500 tr/min). Fort en caractère, ce V8 est épaulé par la robuste boîte manuelle Tremec à six rapports de la Shelby GT350. Faisant usage d’un embrayage à double disque dont le point de friction intervient tardivement dans la course de la pédale — une caractéristique des Mustang —, cette transmission est un ouvrage de référence autant dans la précision de son levier que dans son étagement. C’est nettement mieux que la boîte Getrag de la GT.

Derrière le volant

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La Ford Mustang Mach  1, 2021

Recevant l’apport de divers composants pigés du côté des Shelby GT350 et GT500, dont les excellents amortisseurs électromagnétiques MagneRide, la Mach 1 veut se faire prendre au sérieux. Assis sans doute trop haut pour se sentir faire entièrement corps avec la machine, on emprunte le premier virage serré pour goûter aux immenses améliorations apportées à son châssis. Certes, on aurait aimé une moins grande démultiplication de la crémaillère et un toucher plus expressif de la direction lorsqu’on s’inscrit en courbe, mais cette Mustang est d’une neutralité désarmante dans son comportement. L’adhérence de ses Michelin Pilot Sport Cup 2 est sidérante, dépassant de beaucoup ce que le V8 peut imposer en rythme, du moins sur le sec. Le train arrière est aussi nettement plus posé que sur une Mustang GT de série. En contrepartie, la largeur manifeste des bottines avant détériore la tenue de cap, secouant continuellement le volant à la moindre ornière ou crevasse. Ce n’est pas de tout repos.

Les technologies embarquées

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Le bloc d’instrumentation entièrement numérique employé dans plusieurs versions de Mustang, dont la Mach 1.

Lorsqu’on la compare aux autres livrées du pony car, la Mustang Mach 1 n’avance pas de réelles évolutions technologiques pour convaincre l’acheteur. Elle étale plutôt une offre bien construite basée sur la dernière génération du système d’infodivertissement Sync, qui est reconnu pour son intuitivité et ses fonctionnalités complètes. Celui-ci est complété par un deuxième écran personnalisable qui diffuse l’instrumentation usuelle. Il change sa disposition selon le mode de conduite choisi. Fort lisible et doté d’une belle rapidité de rafraîchissement, il n’est cependant pas toujours simple d’y naviguer. Il n’y a ni port USB-C ni de pavé de recharge pour téléphone. Par ailleurs, cette Mach 1 n’offre pas la possibilité d’ajuster les liaisons au sol individuellement des modes de conduite. Ce qui peut agacer lorsque l’on ne cherche pas nécessairement à négocier avec une pédale d’accélération ultrasensible pour bénéficier d’un réglage d’amortisseurs plus ferme.

Verdict

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La Ford Mustang Mach 1 2021 aux côtés de son ancêtre datant de 1969

Ford aurait pu simplement se contenter d’apporter des modifications de nature esthétique à une Mustang GT pour marquer le retour de la Mach 1. Ce n’est heureusement pas le cas. Cette création est le résultat d’une réflexion bien plus complète, visant un auditoire de passionnés. La transmission manuelle est un délice à manier et se marie naturellement avec le magnifique V8 qu’elle guide. Le freinage est proportionnellement mordant et rassurant. Cela dit, si vous souhaitez utiliser cette voiture pour des escapades de fin de semaine sur route, évitez l’Ensemble de conduite Mach 1. La monte pneumatique très large rend son comportement trop nerveux et son becquet avant très bas peut s’accrocher à tout moment. Ces diverses améliorations permettront en contrepartie d’abaisser vos temps en piste tout en vous mettant un sourire aux lèvres avec son aspect viscéral prenant. Pas pour tous, donc, cette Mach 1, et c’est tant mieux ainsi.

Consultez le site internet de Ford pour en savoir plus

Carnet de notes

Une pause de 17 ans

Le retour de la Mach 1 intervient après un hiatus de 17 ans. La génération précédente de la Mustang (S197), qui a été produite de 2005 à 2014, n’a pas eu droit à une livrée Mach 1.

Des amortisseurs qui lissent son comportement

Les amortisseurs MagneRide, continuellement adaptatifs grâce à l’usage d’une huile dans laquelle on a incorporé des particules métalliques, rendent le comportement de la Mach 1 posé en s’ajustant au revêtement. Le confort est ainsi fort étonnant pour ce genre de véhicule.

Une transmission manuelle qui vous facilite le travail

La transmission manuelle préparée par Tremec offre la possibilité de la synchronisation automatique du régime à la rétrogradation. On peut également garder l’accélérateur enfoncé lors des changements de rapports à haut régime (no lift shifts). Une boîte automatique à 10 rapports est parallèlement proposée.

La version de série, mieux adaptée à la conduite sur route

La version de série de la Mach 1 est évidemment moins chère, mais est aussi mieux adaptée à une conduite sur route avec des pneus moins larges dont la semelle draine mieux l’eau (Michelin Pilot Sport 4). Le becquet avant moins protubérant rend aussi sa conduite moins stressante.

Un échappement qui peut se taire sur demande

Certes, on achète une Mustang à moteur V8 pour entendre son moteur s’exprimer, mais son échappement doté de clapets peut diminuer énormément son intensité sonore en mode silencieux. On peut même programmer une plage horaire durant laquelle la voiture démarre sur ce mode.

Fiche technique

  • Version à l’essai : Mach 1 avec Ensemble conduite Mach 1
  • Prix (avec options, transport et préparation) : 77 650 $ (prix de départ de 68 150 $)
  • Moteur : V8 DACT 5 L
  • Puissance : 480 ch à 7000 tr/min
  • Couple : 460 lb-pi à 4600 tr/min
  • Transmission : Manuelle à six rapports avec synchronisation automatique du régime
  • Architecture motrice : Moteur longitudinal avant, propulsion
  • Consommation (ÉnerGuide) : 13,9 L/100 km (octane 91 recommandé, mais pas obligatoire)
  • Concurrentes directes : Chevrolet Camaro SS 1LE, Dodge Challenger Scat Pack 392 Widebody
  • Du nouveau en 2021 ? : Nouvelle version (Mach 1)