(Hockley Valley, Ontario) Il suffit de considérer ses créations de la prochaine année pour s’en convaincre : Volkswagen s’extirpe de sa période post-traumatique. Au sortir d’un scandale lié aux moteurs diesel truqués, d’entêtement (ne pas avoir capté les désirs des consommateurs), la marque a mené à bien son travail de résilience. Le Taos, son nouvel utilitaire « urbain », en apporte la preuve.

Ce n’est pas encore la marque triomphante d’hier, mais ce n’est plus le constructeur traumatisé par ses tricheries avec les motorisations diesel.

PHOTO LUCAS SCARFONE, FOURNIE PAR VOLKSWAGEN

Volkswagen Taos 2022

Volkswagen s’est non seulement racheté une conduite (électrique), mais prête une oreille plus attentive à sa clientèle nord-américaine qui réclame des VUS. Des petits, des moyens et des gros. Pour Volkswagen, le petit manquait à l’appel. Cette brèche est maintenant colmatée avec l’arrivée du Taos. Celui-ci ne révolutionne rien, mais entend se démarquer par son gabarit et son homogénéité.

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L'habitacle est soigné, même si le tableau de bord et l’instrumentation n’ont rien de très innovant.

Destiné au marché nord-américain, ce Taos, qui se conduit comme une auto, mais se donne des airs de 4 × 4, ne prétend rien réinventer. Il est loin, le temps où Volkswagen s’autoproclamait « Das Auto ».

La face avant, qui en impose avec ses insertions de chrome horizontales qui l’élargissent visuellement, donne une certaine stature au Taos. De ce multisegment émerge l’impression d’une vraie transversalité dans le style Volkswagen. Sans être le clone d’un autre modèle, il reprend à son compte certaines proportions et caractéristiques de la gamme « essence ». La surface vitrée contenue, les « muscles » sculptés sur les flancs et les bas de caisse allongent la silhouette, sans oublier le carénage arrière qui dissimule l’échappement. Comme s’il s’agissait d’un véhicule électrique. Des signes distinctifs définis très en amont dans le cahier des charges, afin de ne pas sortir de l’épure et de forger une identité tangible sans être paralysante.

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La face avant en impose avec ses insertions de chrome horizontales.

L’important, toutefois, n’est pas seulement la cohérence du style, mais aussi son efficacité. Et le résultat n’est pas du tout désagréable à regarder.

Le Volkswagen Taos 2022 en bref
Fourchette de prix : de 26 695 $ à 36 695 $
Visible dans les concessions : maintenant

On aime

Habitacle spacieux
Conduite souple et prévisible
Bonne visibilité

On aime moins

Prix élevé
Diamètre de braquage et garde au sol
Temps de réponse du turbo

Notre verdict

L’art de chevaucher deux catégories

Le Taos, qui s’installe dans un créneau en plein essor non encore occupé par Volkswagen, ne part pas d’une feuille blanche. Élaboré sur la même plateforme que le Tharu (modèle destiné au marché chinois), « notre » Taos prend formes et couleurs à l’usine mexicaine du groupe VW aux côtés des Tiguan et Jetta.

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La surface vitrée est contenue, les flancs et les bas de caisse allongent la silhouette, sans oublier le carénage arrière qui dissimule l’échappement.

Pour le marché nord-américain, le Taos dispose au lancement d’un seul moteur : un quatre-cylindres de 1,5 L suralimenté par turbocompresseur. Ce dernier se marie, avec le rouage intégral, à une boîte automatique à double embrayage qui a la célérité requise pour entretenir l’illusion que la mécanique est plus véloce qu’elle ne l’est réellement. En dépit d’un temps de réponse perceptible lors d’une forte accélération ou d’une relance bien sentie, cette mécanique nous impressionne par sa discrétion et son faible appétit en carburant.

La version à roues avant motrices, quant à elle, épouse une boîte à huit rapports. Autre détail significatif entre les deux modes d’entraînement : la suspension arrière. Celle-ci est à roues indépendantes avec le rouage à quatre roues motrices et à poutre de torsion pour la version tractée.

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Le Taos dispose d’un seul moteur : un quatre-cylindres de 1,5 L suralimenté par turbocompresseur.

On aura compris que chez Volkswagen, comme presque partout ailleurs, l’acheteur dispose d’un vrai choix entre deux modes d’entraînement (traction ou intégral). Selon la direction canadienne du constructeur, la version intégrale (chez VW, on dit 4Motion) devrait représenter l’essentiel des ventes. Cela explique pourquoi Volkswagen n’a pas jugé bon de nous faire tester la version à roues avant motrices au moment de cette présentation médiatique.

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Prévenant, consensuel et se présentant plutôt bien, le Taos devrait tenir son rang face à des concurrents.

Dans sa configuration à quatre roues motrices, le Taos ne procure pas un agrément de conduite aussi stimulant que celui de la Golf qu’il remplace indirectement au catalogue. La direction est précise, le diamètre de braquage un peu fort (pour la catégorie, s’entend) et les suspensions gomment plutôt adéquatement les aspérités de la chaussée. Rien d’exceptionnel. Le Taos se classe ici dans la bonne moyenne, sans plus.

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Le moteur se marie, avec le rouage intégral, à une boîte automatique à double embrayage.

Par ailleurs, on s’étonne, d’une part, d’apprendre que pour son dernier-né, Volkswagen ne recommande pas de tracter la moindre charge. D’autre part, la garde au sol limitée de ce modèle nous surprend tout autant et limite par conséquent certaines excursions hors route.

Fade, mais efficace

Critiqué à juste titre pour la qualité de présentation très moyenne de ses VUS, Volkswagen a consenti un louable effort pour le Taos. L’habitacle est soigné, même si le tableau de bord et l’instrumentation n’ont rien de très innovant. L’espace intérieur est généreux et les occupants des places arrière bénéficient d’un excellent dégagement pour les pieds et les jambes. Les sièges avant procurent pour leur part un bon maintien et un confort appréciable.

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Le Taos est doté d’une trappe au centre des bancs arrières pour faciliter le transport d’objets longs.

En dépit de la jeunesse de sa conception, le Taos fait l’impasse sur certains accessoires que d’aucuns jugeront élémentaires. L’absence de palettes au volant en est une. Pour le passage manuel des rapports, il faut secouer le levier. Autre maladresse : l’oubli de tirettes pour basculer les dossiers de la banquette arrière. En contrepartie, saluons la présence (de série) d’une trappe pour faciliter le transport d’objets longs (des skis, par exemple) sans condamner totalement les places arrière.

Au chapitre des accessoires et de la sécurité, Volkswagen invite à casser la tirelire. De nombreux éléments de sécurité (dispositif de détection des piétons, assistance au freinage d’urgence, capteurs d’angles morts et de stationnement, etc.) montent à bord – et pas toujours de série – sur les modèles les plus richement dotés. À ce sujet, le prix demandé pour le Taos, même en considérant ses dimensions « extra-urbaines », le déclasse face à plusieurs de ses présumés rivaux.

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L’espace intérieur est généreux. Les occupants des places arrière bénéficient d’un excellent dégagement pour les pieds et les jambes.

Prévenant, consensuel et se présentant plutôt bien, le Taos devrait tenir son rang face à des concurrents qui s’appellent Kia Seltos, Subaru Crosstrek ou Mitsubishi Eclipse Cross. On peut regretter qu’il manque d’aspérités, mais ce serait oublier que le plaisir n’est pas vraiment la tasse de thé des acheteurs de petits VUS.

Et puis, chez Volkswagen, on sait désormais que l’audace est une notion à manier avec ménagement.

Retour sous une forme nouvelle ?

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Volkswagen Golf Alltrack

Laissée sans descendance, la Golf Alltrack pourrait très bientôt renaître sous les traits d’un Taos Peak Edition. Ce dernier pourrait adopter des carénages spécifiques, une garde au sol rehaussée et certains autres appendices susceptibles de le rendre plus attrayant auprès des amateurs de plein air. C’est très tendance par les temps qui courent. Outre cette déclinaison « tout-terrain », tout laisse croire que Volkswagen planche également sur une version R-Line.

Et la Golf ?

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Volkswagen Golf R et GTI 2022

On le sait depuis un certain moment déjà, la huitième génération de la Golf ne traversera pas l’Atlantique. Dès lors, le Taos devient le modèle à hayon le plus accessible financièrement de la gamme VW en Amérique du Nord. Mais tout n’est pas perdu et les amateurs de la Golf pourront se rabattre à compter de l’automne sur les versions GTi (31 495 $) et R (44 995 $).

Faites-nous part de votre expérience

La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Chevrolet Bolt EUV, Ford Bronco, Hyundai Santa Cruz, Infiniti QX60, Nissan Pathfinder, Porsche Taycan/Cross Turismo, Toyota 86/Subaru BRZ. Si vous possédez ou attendez la livraison de l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.

Fiche technique

Moteur : L4 DACT 1,5 L turbocompressé
Puissance : 158 ch à 5500 tr/min
Couple : 184 lb-pi de couple à 1750 tr/min
Poids : 1440 kg (version tractée), 1556 kg (version intégrale)
Garde au sol : 162 mm (version tractée), 167 mm (version intégrale)
Capacité maximale de remorquage : non recommandé
Boîtes de vitesse : automatique à 8 rapports (version tractée) / automatique DSG 7 rapports (version intégrale)
Modes d’entraînement : traction ou intégralPneus :
215/65R17 (version tractée)
225/55R17 (version intégrale)
225/50R18 (option version intégrale/de série sur Highline 4Motion)

Capacité du réservoir : 50 litres
Essence recommandée : ordinaire
Consommation : 8,7 L/100 km (version intégrale)
Empattement : 2689 mm
Longueur : 4466 mm
Hauteur : 1636 mm (1640 mm pour la version intégrale)
Largeur : n.d.