(Paris) Stellantis a répondu jeudi à Tesla et Volkswagen en annonçant une autonomie de 500 à 800 kilomètres (dans le cycle européen, considéré comme moins réaliste que le cycle américain EPA) pour sa prochaine génération de véhicules électriques à partir de 2023, soit plusieurs centaines de kilomètres de plus que la plupart des voitures aujourd’hui en vente.

Exprimée en normes nord-américaines EPA, on peut évoquer une autonomie approximative de 445 km à 715 km.

Le groupe américano-européen, né de la fusion de Peugeot-Citroën et de Fiat-Chrysler, veut vendre 70 % de véhicules hybrides et électriques d’ici 2030, contre 14 % prévu cette année.

Les 14 marques du groupe (Alfa Romeo, Peugeot, Fiat, Opel ou encore Jeep et Dodge) vont proposer à partir de 2023 des véhicules basés sur quatre plateformes (châssis) appelées « STLA » qui devraient les survolter, a annoncé jeudi son directeur général, Carlos Tavares.

PHOTO SAISIE D'ÉCRAN VIDÉO DE FCA

Le plus récent Jeep Grand Cherokee, lors de sa présentation par Stellantis, alors appelée FCA. Jeep a promis d'offrir des versions électriques ou hybrides de tous ses modèles d'ici 10 ans.

La plus petite plateforme (pour les sous-compactes) promet 500 kilomètres (445 km en EPA) d’autonomie, la moyenne (voitures compactes) 700 kilomètres (625 km en EPA), et la grande (berlines) 800 kilomètres (715 km en EPA). La plateforme qui équipera les VUS et camionnettes promet de son côté 500 kilomètres d’autonomie.  

« Ces plateformes constitueront un progrès significatif face à l’angoisse de la panne provoquée par les voitures électriques », a souligné M. Tavares.  

Il est fréquemment reproché aux batteries des voitures électriques de ne pas offrir une autonomie suffisante, constituant le principal frein à l’achat. La plupart dépassent à peine les 200 ou 300 kilomètres, une autonomie largement suffisante pour un usage quotidien, mais pas pour de longs trajets ou pour rassurer leurs conducteurs habitués aux moteurs thermiques.  

Le nombre et la puissance des bornes, et donc le temps de recharge, font également débat.

Tesla a été la première marque à répondre à ces inquiétudes en annonçant dès ses premiers modèles des autonomies de plus de 400 kilomètres, et plus de 800 kilomètres pour la prochaine version de son modèle haut de gamme, le Model S, ainsi que des réseaux de bornes de recharge rapide.  

Stellantis n’a pas donné de précisions jeudi sur sa stratégie pour doper ses batteries et ses moteurs qui, avec la plateforme, conditionnent l’autonomie des voitures.  

Mais le groupe, qui compte réussir sa transition énergétique en proposant une « mobilité propre, sûre et abordable », selon le mantra de M. Tavares, devrait faire de nouvelles annonces le 8 juillet.

La guerre des gigawatts

Stellantis compte également rivaliser avec ses concurrents dans la production de batteries, l’élément le plus cher des véhicules électriques.

Le groupe prévoit de construire des usines et d’établir des partenariats pour produire 130 gigawatts-heure (GWh) de batteries par an d’ici à 2025, et 250 GWh d’ici à 2030.

Les deux usines de Stellantis à Douvrin, dans le nord de la France, et à Kaiserslautern en Allemagne, devraient fournir les 50 premiers GWh et des projets devraient être annoncés « prochainement » aux États-Unis, a indiqué M. Tavares.

Ainsi, Stellantis compte contrôler 80 % de la valeur des véhicules électriques qu’il produit, des cellules de batteries aux services après-vente en passant par les moteurs et les logiciels du véhicule.  

Tesla, qui fait actuellement fabriquer ses cellules de batteries par divers fournisseurs asiatiques, compte aussi s’émanciper. Le constructeur californien vise une capacité totale de 100 GWh en 2022 et de 3 TWh en 2030.

Sa méga-usine, actuellement en construction en Allemagne, pourrait fournir à terme jusqu’à 250 GWh et devenir, selon son patron Elon Musk, « la plus grande usine de cellules au monde ».

Volkswagen, qui veut devenir leader mondial de la voiture électrique, prévoit de son côté d’ouvrir jusqu’à six usines géantes de batteries d’ici 2030.