(Kingston, Ontario) Coincée entre l’utilitaire et la camionnette, la fourgonnette n’a pas fini d’inventer de nouvelles recettes pour se retrouver de nouveau sur la liste d’achat des consommateurs. La Sienna est un nouvel exemple de cette quête. Pour sortir de l’ombre, elle avance des arguments similaires à ceux des VUS, voire des camionnettes, et promet de consommer aussi peu qu’une Yaris.
Dire qu’il fut un temps où l’on chantait ses louanges. Aujourd’hui, plusieurs regardent dédaigneusement ce type de véhicule qui se fait bossu sous prétexte d’être habitable et modulaire.
Pourtant, personne ne conteste que celle qu’on surnomme encore la « mini » fourgonnette s’accommode de presque tout, qu’il s’agisse du nombre d’occupants ou de la variété des usages et des parcours. À force de cumuler les aptitudes, on aimerait bien la qualifier de VUF (véhicule utilitaire familial).
Espace fonctionnel
La fourgonnette est aussi multifonctions : travail, famille, loisirs, elle répond toujours présente. Tantôt bourgeoise, tantôt pragmatique, et maintenant tendance, comme en fait foi la refonte de cette Sienna.
L’évolution du style de la Sienna est plutôt radicale. Plus basse, elle avance une calandre plus massive et un pare-chocs avant plus frondeur. De profil, les lignes gagnent en tension et singent, par endroits, les stries d’une certaine Supra...
Cette génération de Sienna compte pas moins de huit déclinaisons. Contrairement à la génération précédente, on ne retrouve plus la version CE, modèle d’entrée de gamme. Le coût d’acquisition est aujourd’hui plus élevé, mais demeure moindre que celui d’un Highlander et à peine supérieur à celui du Venza.
Contrairement à l’offre de Chrysler (Pacifica), cette Toyota ne permet pas de rabattre au sol les baquets de la section médiane, encore moins de les retirer. En revanche, il est possible de les rabattre contre l’endos des sièges avant pour dégager au mieux la surface de chargement qui accepte, de biais, une planche de contreplaqué de 4 x 8. Quant à la troisième rangée de sièges, plus légère, elle se dissimule aisément sous le plancher. À noter que le seuil de chargement a été abaissé pour faciliter les opérations de chargement et de déchargement. La garde au sol, elle, demeure sensiblement la même, c’est-à-dire insuffisante pour braver les roches et les sentiers boisés.
Malgré les 15 porte-gobelets et la profusion d’espaces de rangement, l’habitacle de la Sienna n’est pas aussi modulable qu’autrefois. L’immense console centrale n’autorise aucunement les « échanges » entre passagers. En revanche, elle permet de créer une ambiance plus intimiste qui fera mentir ceux et celles qui prétendent que s’installer aux commandes d’une fourgonnette équivaut à la sensation éprouvée au volant d’un autobus.
La multitude de réglages pour le baquet du conducteur et la colonne de direction inclinable en hauteur faciliteront la recherche d’une position de conduite agréable. Une fois correctement assis, on ne peut qu’être étonné du dessin du tableau de bord, qui ne manque pas d’originalité et de petites astuces. Dans la rangée médiane, on appréciera par exemple la longueur inusitée des rails qui font coulisser les sièges sur 635 millimètres et autorise (en option) la présence d’un repose-pieds comme dans la classe affaires des avions de ligne.
Tout se transforme
On ne le répétera sans doute jamais assez, rien ne se perd, rien ne se crée, mais tout se transforme dans le monde merveilleux de l’automobile. Et la Sienna en apporte une preuve supplémentaire. Élaborée sur l’architecture technique modulaire de la marque, réputée fiable, cette plateforme accueille uniquement un groupe propulseur hybride. Ce dernier prend ici la forme d’un moteur à combustion interne de 2,5 litres jumelé à un ou deux (selon le mode d’entraînement retenu) moteurs électriques.
Avec une puissance combinée de 245 chevaux, cette motorisation hybride assure des performances convenables, mais sans plus. Celle-ci remue la Sienna de sa position statique avec célérité, mais la grogne du moteur thermique s’amplifie dès que la pédale d’accélérateur fonce vers le plancher et que la boîte CVT affole sa courroie de transmission. Les reprises manquent de tonus et celles-ci pourraient s’avérer plutôt laborieuses lorsque toutes les places à bord sont occupées. Qu’à cela ne tienne, la Sienna revendique tout de même la capacité de tirer une charge équivalente à 1585 kilogrammes.
Le principal attrait de cette mécanique touche naturellement la consommation. Selon les données de Toyota, cette fourgonnette consomme près de 40 % moins de carburant que le modèle antérieur. À titre de comparaison, cette Sienna avale sensiblement la même quantité d’hydrocarbures qu’une Yaris...
Sans être la Supra des fourgonnettes, la Sienna fait la part belle aux qualités dynamiques. Équilibrée, facile à prendre en main, cette Toyota se laisse aisément conduire et offre un « agrément de conduite » qui n’a rien à envier aux VUS actuellement sur le marché. La direction permet d’attaquer les grandes courbes avec une précision certaine, et ce, en toute confiance. Le vent ne la fait pas dévier de sa trajectoire et ses éléments suspenseurs maîtrisent les mouvements de caisse avec autorité. La présence d’une suspension arrière à bras multiples plutôt que d’une barre de torsion améliore grandement la tenue de route, mais aussi le confort en minimisant les sautillements dès que la chaussée se dégrade, et en lissant les crocs-en-jambe que lui tendent les trous et les bosses.
Esthétiquement originale, athlétique sur le plan du comportement routier, la Sienna démontre que même une fourgonnette peut concilier raison et passion. Hélas, parions que peu de gens voudront y croire.
Marque/modèle : Toyota Sienna
Fourchette de prix : De 39 990 $ à 58 190 $
Commercialisation : Maintenant
On aime
Économie de carburant
Habitacle fonctionnel et spacieux
Agrément de conduite similaire à celui d’un VUS
On aime moins
Grognement du moteur thermique
Sièges de la rangée médiane indéboulonnables
Segment en disgrâce
Notre verdict
Pour le prix, difficile de trouver un véhicule familial plus efficace et aussi polyvalent.
Faites part de votre expérience
La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Ford F-150, Genesis G80, Kia Sorento, Land Rover Defender, Lexus IS, Mercedes CLA, Mini Cooper et Countryman, Nissan Versa, Porsche Cayenne et Toyota Supra. Si vous possédez l’un de ces véhicules, nous aimerions bien vous lire.
Fiche technique
Moteurs
Essence : L4 DACT 2,5 litres / 189 chevaux à 6000 tr/min / 176 lb-pi à 4400 tr/min
Électriques : synchrone à aimants permanents
Traction (1 moteur électrique) / 180 chevaux / 199 lb-pi de couple / Intégral (2 moteurs électriques) / 180 chevaux (avant) + 54 chevaux (arrière) / 199 lb-pi (avant) + 89 lb-pi (arrière)
Performances
Poids : 2091 kg (8 passagers, traction)
Rapport poids/puissance : 8,53 kg/ch
Capacité maximale de remorquage : 1585 kg
Boîte de vitesses
De série : automatique à variation continue CVT
Optionnelle : aucune
Mode d’entraînement : traction (roues avant motrices) ou intégral (4 roues motrices)
Pneus
235/65R17 (LE et XLE FWD 8 places et AWD 7 places) / 235/60R18 (XSE AWD et Limited FWD et AWD) / 235/50R20 (XSE FWD)
Capacité du réservoir et essence recommandée
68 litres
Ordinaire
Consommation
7,2 L/100 km
Dimensions
Empattement : 3060 mm / longueur : 5175 mm (1) / hauteur : 1775 mm / largeur : 1995 mm (2)
(1) 5185 mm pour les déclinaisons XSE (2) Sans les rétroviseurs
Première classe
Uniquement offert sur les versions Limited, ce repose-pieds permet aux occupants de la seconde rangée de voyager en première classe. Une avancée déjà proposée, mais sans grand succès, sur d’autres véhicules (des berlines surtout), dont la Hyundai Equus.
Souvenir
N’ajustez pas votre appareil, l’image est en effet un peu floue. Elle remonte en effet à 1990, année où la Previa entreprend une carrière commerciale. Assemblé au Japon, ce modèle avait pour objectif d’éroder la marche triomphale de l’Autobeaucoup (Chrysler Town & Country, Dodge Caravan et Plymouth Voyager) de Chrysler. L’originalité de la Toyota reposait en partie sur son architecture particulière (le moteur était pratiquement monté en position centrale) et ses formes ovoïdes. Ce modèle a tiré sa révérence en 1997 pour faire place à la Sienna.
L’avis des propriétaires
Au diable les VUS !
Achetée neuve en 2014, notre Sienna a maintenant 100 000 km au compteur. Quel véhicule fiable, pratique et confortable pour nos voyages en Floride avec trois jeunes enfants à bord ! L’espace cargo est impressionnant, surtout lorsque les sièges de la rangée médiane sont retirés. Nous assumons très bien notre fourgonnette. Au diable les VUS ! — Jonathan
Un modèle de fiabilité
J’ai été propriétaire d’une Sienna 2001, achetée neuve, que j’ai gardée 10 ans pour rouler 186 000 km. Je l’ai changée pour une Sienna 2011, achetée neuve, que j’ai gardée neuf ans pour rouler 199 000 km. Nous avons traversé le Canada, de l’Île-du-Prince-Édouard à la Colombie-Britannique, et les États-Unis, du Maine à la Floride, avec la Sienna 2011 qui tirait une tente-roulotte de 2200 lb. Raison principale de ces deux achats : nous avons trois enfants et faisons beaucoup de camping. Nous avons toujours été très satisfaits du service de notre concessionnaire Toyota, de la fiabilité des véhicules et de l’espace de l’habitacle (bancs rétractables, configuration adaptable). Les enfants sont devenus adultes et on tire maintenant une roulotte de 3500 lb ; on a donc dû changer la Sienna pour un Kia Sorento depuis février 2020. Je recommande sans hésitation la Sienna. — Guylaine H.
Un converti
Sans détour, j’adore ma Sienna AWD 2015 ! Au départ, j’étais réticent à l’idée de me procurer une fourgonnette, mais avec trois enfants et une Toyota Matrix, je me suis laissé convaincre. L’espace et les commodités à bord sont remarquables et toute la famille est convaincue que c’était un meilleur choix qu’un gros VUS. Nous apprécions les quatre roues motrices en hiver, même si la performance du système est moyenne, et ce, au prix d’une consommation plus élevée. Nous faisons du camping en famille et d’autres activités en plein air et notre véhicule permet tout ça sans avoir besoin de rajouter une boîte sur le toit. L’an prochain, on essaie la roulotte. [...] Côté fiabilité, à part les freins d’origine qui ont commencé à chauffer après la première année, je n’ai eu aucun problème avec le véhicule qui affichera bientôt 100 000 km (5 ans) au compteur. — Fred