La présentation médiatique de la nouvelle Mazda3 Turbo avait essentiellement pour but de relayer le message suivant : ne vous attendez pas à la résurrection de la sportive Mazdaspeed3. Cette nouvelle livrée, qui se démarque par une injection appréciable de chevaux, a une mission bien claire : brouiller la frontière entre les compactes généralistes et les compactes de luxe. Voici comment elle tente de s’y prendre.

Son design

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L’approche stylistique de cette Mazda3 Turbo est très, voire peut-être trop, pondérée.

Certes, aux premiers abords, cette version Turbo ne cherche pas à tout prix à se faire remarquer, signe d’une approche stylistique très, voire peut-être trop, pondérée. Prenant pour base la livrée GT de la compacte, les designers lui ont simplement greffé deux pots d’échappement au diamètre plus grand et un petit écusson « Turbo » sur le couvercle du coffre arrière. Nous sommes très loin des acrobaties stylistiques de certaines concurrentes aux aspirations sportives. Cette Mazda3 Turbo espère, par le fait même, se placer au-dessus de la mêlée en exploitant le raffinement intrinsèque du design de cette Mazda3. La version berline essayée demeure une réussite sur ce plan, surtout lorsqu’elle est peinte de son magnifique rouge métallisé marié à divers accents noirs, dont la calandre. On aurait cependant aimé plus de différenciation, pour bien marquer son rang hiérarchique.

À bord

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Les touches donnent une impression de solidité, surtout celles placées sur le volant.

Cette dernière génération de la Mazda3 demeure une référence dans l’agencement esthétique de ses matières ainsi que leur qualité. L’assemblage est extrêmement soigné, sans doute plus rigoureux que bien des rivales de marques de luxe. Mazda a aussi mis l’accent sur les surfaces souvent touchées, faites dans l’ensemble de matières souples. Les touches donnent également une impression de solidité, surtout celles placées sur le volant. Fidèle à sa philosophie de conception, l’accent est mis sur le poste de conduite avec un écran d’infodivertissement placé près du groupe d’instrumentation. Les touches physiques de la nacelle centrale sont aussi positionnées pas trop bas pour éviter de trop baisser les yeux lorsque l’on conduit. Côté volume intérieur, cette Mazda se situe en milieu de peloton. À l’avant, c’est fort accueillant, avec des sièges bien sculptés. Ce l’est un peu moins à l’arrière, sans que ce soit a priori une grande surprise compte tenu de son gabarit.

Sous le capot

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Les ingénieurs n’ont ni plus ni moins que greffé la mécanique du Mazda CX-9 dans cette compacte, un quatre-cylindres turbocompressé de 2,5 L.

Le pilier de cette version Turbo est évidemment son moteur. Les ingénieurs n’ont ni plus ni moins que greffé la mécanique du Mazda CX-9 dans la compacte, un quatre-cylindres turbocompressé de 2,5 L produisant 227 ch (250 ch avec essence à octane 93). Il est couplé à une boîte automatique traditionnelle à six rapports. Sans étaler des chiffres extrêmement impressionnants, ce moulin est plutôt le fruit d’un travail très poussé qui cherche à assurer sa linéarité. Un comportement inspiré d’un V6, nous a assuré l’ingénieur responsable de son développement. Ce travail est certes palpable derrière le volant. La poussée est constante et sans délai marqué, particulièrement à mi-régime. Elle s’interrompt cependant trop rapidement, la transmission forçant les changements de rapports — un peu molasses — autour des 5700 tr/min. C’est toutefois l’onctuosité du rendu qui est impressionnante. Ce quatre-cylindres est particulièrement doux et bien dosé sur le plan sonore.

Derrière le volant

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La direction a été retouchée, mais conserve un ratio égal aux versions atmosphériques, ce qui aurait pu être modifié pour permettre un aspect plus direct.

Pour s’assurer que ce gain de puissance ne mette pas à mal l’équilibre de cette Mazda3, l’amortissement a été légèrement raffermi. Il n’y a pas d’amortissement adaptatif, cependant. La direction a également été retouchée, mais conserve un ratio égal aux versions atmosphériques, ce qui aurait pu être modifié pour permettre un aspect plus direct. Cette Mazda3 Turbo est aussi outillée d’un rouage intégral de série qui augmente le transfert de couple vers l’arrière en comparaison aux autres livrées. Cela est palpable en réaccélération au milieu d’une courbe, ce qui appuie une belle agilité. Dans l’ensemble, la berline compacte conserve sa répartie sur le plan dynamique, présentant un train arrière (encore à essieu rigide) qui semble mieux négocier avec les aspérités. Guidé par un volant un peu trop grand en circonférence, le train avant donne une impression de légèreté, plaçant la voiture avec acuité. La transmission intégrale fait un excellent travail pour négocier avec le couple (310 lb-pi avec essence à octane 87). On perçoit une belle maturité dans l’exécution, appuyée par une bonne insonorisation.

Les technologies embarquées

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Le système d’infodivertissement demeure toujours aussi élégant, mais demande encore beaucoup trop de manipulations pour une navigation usuelle.

Pour assurer l’attractivité de la Mazda3 Turbo, le constructeur japonais a ajouté quelques cordes à son arc sur le plan technologique. Moyennant une raisonnable somme de 1700 $ au-dessus le prix de départ de la version berline (32 900 $), on obtient des aides à la conduite supplémentaires, dont des capteurs de stationnement et un bon système de caméras à 360 degrés pour faciliter les manœuvres de stationnement. Les aides actives n’aspirent cependant pas à offrir un appui semi-autonome, mais plutôt à encadrer le conducteur pour éviter des accrochages. Du reste, le système d’infodivertissement demeure toujours aussi élégant, mais demande encore beaucoup trop de manipulations pour une navigation usuelle. Il ne propose également pas d’application télématique pour téléphone intelligent, un incontournable si l’on veut rivaliser avec des marques de luxe. Côté sonorité, la chaîne Bose offerte de série dans cette livrée GT demeure l’une des meilleures du segment pour sa profondeur.

Le verdict

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La Mazda3 Turbo est une voiture bien née, offrant un tempérament homogène et joueur à ses heures.

Est-ce que cette version Turbo est si bonne qu’elle peut prétendre bousculer les véhicules d’entrée de gamme des constructeurs de luxe allemands ? Hormis une transmission qui gagnerait à être plus nerveuse et un système d’infodivertissement qui demanderait des ajustements, la japonaise peut sans doute constituer une réelle menace pour ces dernières. Cette analyse occulte cependant l’importance de l’attrait des marques de luxe. Cette idée, irrésistible pour certains, de posséder un produit couvert d’un verni de luxe peut jouer un grand rôle dans le processus de décision. Mazda n’a pas cette notoriété, du moins pas encore, et devra assurément investir dans l’expérience client pour appuyer ses aspirations. Mais, au-delà de cette observation, la Mazda3 Turbo est une voiture bien née, offrant un tempérament homogène et joueur à ses heures. Il manquerait juste une touche de singularité pour bien asseoir son positionnement.

Carnet de notes

L’argument du prix

Avec un prix de départ de 32 900 $, la Mazda3 Turbo se compare avantageusement aux rivales de luxe personnifiées par l’Audi A3 (34 500 $), la Mercedes Classe A (37 300 $) et la BMW Série 2 Gran Coupé (42 500 $) sur le plan de l’équipement.

Un saut raisonnable

La version Turbo exige 2400 $ supplémentaires par-dessus la version GT à rouage intégral, ce qui en fait une offre intéressante avec une consommation de carburant estimée proche (8,2 L/100 km comparativement à 8,8 L/100 km pour la Turbo).

Migration vers les versions plus équipées

Bien au fait de la baisse des ventes de sa Mazda3, Mazda a constaté que l’acheteur moyen migre progressivement vers la livrée GT plus équipée, ce qui a motivé l’offre du moteur turbo pour cette déclinaison.

Pas de boîte manuelle au menu de sitôt

Le constructeur a été catégorique lors de la présentation du modèle aux journalistes : cette version Turbo ne sera jamais garnie d’une boîte manuelle. Les investissements qu’elle nécessiterait ne sont pas justifiables en raison de la faible demande aux yeux de Mazda.

Beaucoup de rangements

La Mazda3 recèle une bonne quantité de rangements bien disposés à l’avant, ce qui soigne son aspect pratique.

Fiche technique

Modèle à l’essai

Mazda3 Berline GT Turbo

Moteur

L4 DACT 2,5 L turbocompressé

Puissance

227 ch à 5000 tr/min (250 ch avec octane 93)

Couple

310 lb-pi à 2000 tr/min (320 lb-pi à 2500 tr/min avec octane 93)

Transmission

Automatique à six rapports avec mode manuel

Architecture motrice

Moteur transversal avant, transmission intégrale

Consommation (ÉnerGuide)

8,8 L/100 km

Prix (avec options, transport et préparation)

35 050 $

Concurrentes

Acura ILX, Audi A3, Mercedes-Benz Classe A/CLA, BMW Série 2 Gran Coupé

Du nouveau en 2021 ?

Nouvelle version (Turbo)

Pour en savoir plus

https://www.mazda.ca/fr/vehicules/mazda3/apercu/