(Pékin) Volkswagen a annoncé vendredi un investissement massif en Chine dans l’électrique, notamment dans les batteries, au moment où l’Europe cherche à concurrencer l’Asie dans cette technologie cruciale pour la voiture de demain.

Le géant allemand va investir plus de 2 milliards d’euros (3 milliards de dollars canadiens) moitié-moitié dans une entreprise de véhicules et dans un fabricant de batteries, misant sur l’explosion d’un secteur qui représentait à peine 5 % des ventes en Chine en 2019.

Mais Volkswagen voit grand dans ce pays, qui absorbe près de 40 % de ses ventes : il prévoit d’y vendre 1,5 million de véhicules à énergie nouvelle en 2025.  

La Chine est « le plus grand marché mondial de l’e-mobilité », se félicite Volkswagen, alors que Pékin espère faire passer un quart du marché automobile national à l’électrique ou aux moteurs hybrides d’ici 2025.

Pas de taxes sur les autos électriques

Cherchant à soutenir le secteur, Pékin a décidé fin mars de l’exemption durant deux ans des taxes à l’achat de véhicules électriques.

Volkswagen va prendre une part majoritaire dans une coentreprise dans laquelle il a investi en 2017, JAC. Coût du nouvel apport en capital : un milliard d’euros (2,3 milliards de dollars canadiens).

Volkswagen est, après son concurrent américain Tesla, spécialiste de l’électrique, l’un des premiers groupes mondiaux à profiter d’une nouvelle législation chinoise : Pékin a levé en 2018 l’obligation faite aux constructeurs étrangers de nouer une alliance avec une entreprise locale pour la production de véhicules électriques ou hybrides.

Tesla a ainsi investi des milliards de dollars dans une usine géante qui a commencé en début d’année à produire des véhicules à Shanghai, sa première installation en dehors des États-Unis.

Volkswagen va par ailleurs investir 1,1 milliard d’euros dans un fabricant chinois de batteries, Gotion High-Tech, installé à Hefei (est).

Le groupe allemand avait déjà annoncé en avril 2019 un accord avec un autre groupe chinois, Ganfeng, pour se fournir sur dix ans en lithium, composant fondamental pour les batteries de ses futures voitures électriques.

Pendant ce temps, en Europe...

En Europe, Bruxelles a donné en décembre son feu vert à un « Airbus des batteries », approuvant des aides d’État de 3,2 milliards d’euros destinées à concurrencer l’Asie et particulièrement la Chine dans ce secteur.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi que le constructeur automobile en difficulté Renault avait accepté de rejoindre ce programme.

Au plan mondial, Volkswagen a annoncé en novembre 60 milliards d’euros d’investissements dans la voiture du futur d’ici 2024, accélérant encore ses efforts dans l’ambitieuse électrification de la branche automobile allemande.

La part des investissements consacrée à l’électrification et à la voiture connectée, soit le cœur de l’innovation engagée par le groupe, doit passer ainsi à 40 %.

D’ici 2029, Volkswagen veut vendre 26 millions de voitures électriques et près de 6 millions de voitures hybrides dans le monde.

La Chine, marché d’avenir, au-delà de la pandémie

La Chine est un marché crucial pour le géant automobile, qui y a écoulé 4,23 millions de véhicules en 2019 (en incluant Hong Kong), soit presque 40 % de ses ventes mondiales. C’est avec l’américain General Motors un des deux principaux constructeurs automobiles étrangers dans le pays asiatique.

La Chine est devenue ces dernières années le plus grand marché automobile du monde. Mais, pour la première fois depuis les années 1990, les ventes d’automobiles se sont repliées en 2018 puis en 2019, sur fond de ralentissement économique généralisé et de tensions commerciales avec les États-Unis.

La pandémie de COVID-19 n’a rien arrangé : elle a entraîné en février un plongeon de près de 80 % sur un an des ventes de voitures.

Mais en avril, et pour la première fois en près de deux ans, les ventes sont reparties à la hausse (+ 4,4 % sur un an), selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles.