(Los Angeles) Elon Musk, fondateur de Tesla et de SpaceX, a maintenu mercredi devant le tribunal de Los Angeles où il est jugé depuis la veille, que le tweet dans lequel il qualifiait en juillet 2018 un spéléologue britannique de « mec pédo » était certes insultant mais ne constituait pas une accusation diffamatoire.

Si le tribunal fédéral le reconnaît coupable de diffamation, le milliardaire pourrait en effet être condamné à verser des centaines de milliers de dollars d’indemnités à Vernon Unsworth, Britannique de 64 ans à l’origine de la plainte.

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Le plongeur spécialisé en spéléologie sous-marines Vernon Unsworth (à g.) à son arrivée à la Cour fédérale du district de Los Angeles, où il poursuit Elon Musk pour diffamation. À ses côtés, son avocat Me L. Lin Wood

Dans une interview à la télévision CNN, ce dernier avait qualifié de « coup de pub » l’envoi par Elon Musk d’un sous-marin miniature pour aider au sauvetage de 12 jeunes footballeurs et leur entraîneur, pris au piège par la montée des eaux alors qu’ils exploraient une grotte thaïlandaise.  

Les jeunes étaient restés bloqués pendant deux semaines avant d’être évacués au terme d’une opération internationale de grande ampleur, à laquelle le spéléologue britannique, qui passe une partie de l’année en Thaïlande d’où sa compagne est originaire et connaît bien la grotte, avait activement participé.

Les secours n’avaient finalement pas eu besoin d’utiliser l’engin conçu par Elon Musk et ses équipes.  

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Elon Musk durant son témoignage.

Dans son interview à CNN, M. Unsworth avait également lancé à Elon Musk qu’il pouvait se « mettre son sous-marin là où ça fait mal », affirmant que l’engin était inadapté à la grotte où se trouvaient coincés les enfants.

Le fantasque milliardaire n’avait apprécié ni le ton ni les « déclarations erronées » selon lui, et il avait répliqué sur Twitter en employant le terme de « mec pédo » (« pedo guy ») pour désigner M. Unsworth.

« Mec pédo, c’est moins sérieux que pédo, particulièrement dans le contexte que j’ai utilisé dans le Tweet », a déclaré Elon Musk mercredi, au terme de son témoignage devant le tribunal. « C’est évidemment une insulte, personne n’a interprété ça comme voulant dire qu’il était réellement pédophile », s’est-il défendu, aussi sobre dans ses réponses que sa tenue, costume sombre et chemise blanche.

« C’est écœurant »

Vernon Unsworth a de son côté assuré que sa réputation avait été irrémédiablement salie par les tweets en question.

« J’ai été désigné publiquement comme un pédophile, c’est écœurant », a dit le sexagénaire au tribunal, affirmant se sentir encore aujourd’hui « humilié ».

« Depuis le premier jour (des tweets, NDLR), concrètement j’ai été condamné à la perpétuité, sans possibilité de remise de peine », a-t-il lancé d’une voix tremblante, réprimant difficilement des sanglots.

« Parfois, je me sens très vulnérable, très isolé. Je me débrouille tout seul avec ça, j’ai mis un couvercle par dessus », a ajouté Vernon Unsworth, visiblement nerveux depuis l’ouverture du procès mardi.

Et le plaignant a protesté de sa bonne foi dans ses critiques du sous-marin conçu par Elon Musk. « Mon avis était fondé sur les caractéristiques physiques du “tube” […] Il n’était pas adapté », a répété le plaignant.

Mercredi matin, l’avocat d’Elon Musk, Alex Spiro, avait insisté sur le fait que dans sa riposte, M. Musk n’avait jamais explicitement accusé M. Unsworth d’actes pédophiles et qu’il n’avait d’ailleurs à aucun moment cité son nom sur Twitter.

Face au tollé provoqué à l’époque par ses commentaires sur le réseau social, le patron avait d’ailleurs présenté ses excuses au spéléologue et effacé les messages en cause.  

Au premier jour du procès, le milliardaire de 48 ans a réitéré ses excuses à Vernon Unsworth, expliquant avoir voulu défendre le travail de ses équipes autour de l’opération de sauvetage, sur laquelle il avait abondamment tweeté en juillet 2018, avant, pendant et après son voyage en Thaïlande auprès de l’équipe de secours.  

Le fantasque homme d’affaires est souvent pointé du doigt pour ses frasques et ses tweets intempestifs, qui lui ont déjà valu des démêlés avec les autorités boursières aux États-Unis.

Interrogé sur sa fortune mercredi au tribunal, Elon Musk a tenté de botter en touche en expliquant avoir certes des actions de SpaceX et Tesla mais aussi « des dettes » accompagnant ces actions, « dont la valeur fluctue quotidiennement ».

Il a toutefois fini par reconnaître que ces actions représentaient « probablement un montant d’environ 20 milliards de dollars ».