De nombreux sondages et anecdotes montrent qu’il y a beaucoup de méfiance et même d’hostilité envers l’auto autonome dans le public. General Motors, qui veut lancer 2500 voitures sans conducteur ni superviseur dans les rues de San Francisco, en fait la dure expérience ces jours-ci.

Plusieurs intervenants s’opposent au projet de GM et de sa filiale Cruise Automation, qui préparent des Chevrolet Bolt autonomes sans volant, ni pédales, ni rétroviseurs et qui veut les faire rouler comme robots-taxis sans supervision humaine dès cette année. Or, le volant et les autres attributs, justement, sont obligatoires dans les Federal Motor Vehicle Safety Standards (Normes fédérales de sécurité automobile) américaines et GM a demandé une dispense de deux ans à la National Highway Traffic Safety Administration.

Sauf que le projet suscite de nombreuses objections.  

PHOTO CRUISE AUTOMATION

GM a annoncé en 2017 son intention de lancer en 2019 un service de robots-taxis à San Francisco.

Par exemple, la National Association of Mutual Insurance Companies, qui représente la moitié es assureurs aux États-Unis, a déposé un mémoire s’opposant à la dispense : «La NHTSA n’a pas d’affaire à faciliter l’utilisation de voitures autonomes sur les routes et n’a certainement aucun mandat à dispenser des normes de sécurité automobile un véhicule dont on ne sait pas s’il est aussi sûr que les véhicules existants», a déclaré un représentant des assureurs à l’agence Reuters.

L'Union of Concerned Scientists a aussi exhorté la NHTSA de rejeter la demande de GM et a exigé que le constructeur rende publiques plus de données sur la performance des voitures autonomes actuelles, qui ont toujours un superviseur humain derrière le volant en cas de problème. L'association de scientifiques, qui se prononce sur de multiples enjeux d'intérêt public, a fait valoir que les autos autonomes de GM ont été impliquées dans au moins 69 accidents aux États-Unis depuis le début des essais routiers.

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On peut ajouter que ce genre d'accidents va augmentant au fur et à mesure que de plus en plus de compagnies mettent de plus en plus de véhicules autonomes expérimentaux sur les routes.

Seulement en Californie, les collisions impliquant des véhicules autonomes ont plus quadruplé en 2018 par rapport à 2017. Il y en a eu 67 durant les 11 premiers mois de 2018 et 15 en 2017, selon des chiffres du Bureau des véhicules automobiles de Californie compilés par le magazine Automotive News.

La consultation publique sur la demande de GM a aussi permis à l’American Association of Motor Vehicle Administrators et et au très influent Insurance Institute for Highway Safety d’exiger diverses restrictions ou conditions à la dispense demandée par GM.

Par contre, GM a obtenu l’appui de Mothers Against Drunk Driving (mères contre l’alcool au volant), la Fédération nationale des aveugles, l’Association de l’industrie des télécommunications et l’Association américaine du camionnage.

En plus des organismes s’objectant aux autos autonomes pour des raisons de sécurité, un mouvement de conducteurs commence à se manifester, craignant que conduire soit graduellement interdit ou rendu trop cher à assurer.

Selon les autorités routières américaines, les 6,4 millions d’accidents impliquant des véhicules automobiles aux États-Unis ont fait 37 000 morts et 2,7 millions de blessés en 2017; et dans 90 % de ces accidents, un des facteurs était l’erreur humaine.