Si l'automobile n'est pour vous qu'un moyen de transport pour vous rendre du point A au point B, alors vous devez certainement grimacer à l'idée d'allonger plus de 300$ par mois pour louer ou acheter un véhicule neuf. Cet automne, Ford, Toyota et une poignée d'autres constructeurs proposent des véhicules neufs correspondant au budget d'un premier acheteur qui, présumons-nous, est inférieur à 15 000$.

Grâce à un gabarit et à un diamètre de braquage fort raisonnables, ces sous-compactes s'avèrent non seulement économiques à l'achat (et à la pompe), mais se montrent aussi particulièrement à l'aise en ville, leur terrain de jeu naturel.

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Leurs missions favorites consistent à conduire madame ou monsieur au travail, à transporter les courses ou encore à chercher les enfants à l'école. Pour cela, elles offrent des places arrière décentes, un coffre minimaliste sans doute, mais modulable grâce au dossier arrière fractionné. Elles ne craignent pas non plus de prendre la route. Leur moteur délivre plus de 100 chevaux. Assez pour offrir des performances acceptables, des reprises suffisantes pour assurer des dépassements sécurisants.

Puisqu'il faut choisir, nous avons opposé la plus vendue des sous-compactes de l'année 2009, la Toyota Yaris (13 537 unités), à celle qui prétend - la Ford Fiesta - la déboulonner de son piédestal en un rien de temps. Ces deux voitures ne manquent pas d'atouts pour s'illustrer... et s'annoncent difficiles à départager.

Un marché en baisse

Que demande-t-on aujourd'hui aux voitures citadines? Une consommation et des rejets de CO2 aussi bas que possible. Pour ce faire, ces véhicules font appel à des moteurs de dernière génération qui font la part belle aux technologies les plus récentes - à l'exception du dispositif d'arrêt automatique qui demeure, hélas, l'apanage des véhicules à motorisation hybride ou élitistes, en Amérique du Nord.

En adoptant des moteurs plus modernes, les citadines élargissent aussi leur rayon d'action et se dotent de capacités routières. Le confort et l'équipement ont progressé, et on trouve maintenant à bord de ces sous-compactes tous les agréments des catégories supérieures.

La Yaris de Toyota occupe toujours le sommet du palmarès des ventes de sous-compactes au Québec. Depuis quelques semaines, Ford lui oppose une Fiesta rénovée qui ambitionne de bousculer le marché. Mazda nourrit également les mêmes ambitions avec la 2, une autre nouveauté dans ce segment, largement dérivée de la Fiesta.

Ford joue gros. En effet, contre toute attente, les petites voitures ne font plus recette, pas même au Québec. Au terme de l'année 2009, elles comptaient pour 20,6% du marché québécois, par rapport à 22,9% un an plus tôt. La stabilité du prix de l'essence ainsi que la quasi-absence de renouvellement de modèles dans ce créneau expliquent en grande partie la désaffection des consommateurs d'ici et d'ailleurs.

Vie à bord

On a beau l'avoir visité 100 fois, l'habitacle de la Yaris étonne toujours. Son bloc d'instrumentation central rend la «planche» (ce terme est ici plus approprié que tableau) de bord plutôt austère. Par contre, un examen plus attentif révèle une multitude de rangements et une ergonomie qui échappe à la critique.

Les portières de la Fiesta s'ouvrent sur un univers fort différent. Son tableau de bord classique moucheté d'appliques cherche à nous en mettre plein la vue et à nous faire oublier le manque de rangements à bord. Pour le coup d'oeil, c'est plutôt réussi avec ces touches «piano» incrustées dans la partie centrale qui se révèlent non seulement agréables sur le plan visuel, mais aussi correctement identifiées. On déplore cependant la visibilité réduite. La profondeur du tableau de bord conjuguée au capot effilé ne donne aucune indication précise de la distance avant de faire «boum!»; à l'arrière ce n'est guère mieux, et cela explique sans doute pourquoi Ford propose un radar de stationnement aux Européens. Et nous?

Tout comme la Yaris, la Fiesta ne fait pas le poids lorsqu'il s'agit d'analyser la modularité de son habitacle. Contrairement à une Versa ou à une Fit (reine des aménagements), les Fiesta et Yaris se révèlent peu douées lorsque vient le temps d'accueillir une «grosse» épicerie. Aussi bien le coffre de la japonaise que celui de l'américaine offrent un volume utilitaire qui frise le ridicule. Pas le choix, il faut se résigner à condamner les places arrière pour se ménager un peu plus d'espace.

Dans un cas comme dans l'autre, on regrette de ne pas trop savoir quoi faire de l'encombrante tablette de coffre, une fois les places arrière sacrifiées. Une idée comme ça: pourquoi ne pas avoir conçu un rideau souple coulissant dans le sens de la largeur?

En dépit de ses dimensions extérieures accrues, la Fiesta s'incline - de peu - face à sa rivale d'un jour au chapitre du volume habitable. En effet, la Yaris offre globalement un meilleur dégagement intérieur, surtout à l'arrière. En revanche, les places se révèlent moins confortables, ce qui tend à rendre les longs déplacements plus pénibles. À considérer, si vous comptez prendre congé de la ville.

Au chapitre des accessoires, Ford prend non seulement l'ascendant sur sa rivale japonaise, mais sur l'ensemble de la catégorie aussi. La Fiesta comporte en fait une bonne douzaine d'avancées techniques qui, généralement, se trouvent sur des véhicules de catégories supérieures. Parmi celles-ci, mentionnons la présence d'un dispositif de démarrage sans clé (bouton-poussoir), du dispositif de reconnaissance vocale Sync, de la climatisation automatique, des baquets chauffants et l'absence de bouchon sur l'embout du réservoir d'essence. Voilà qui fera mentir ceux et celles qui jusqu'ici associaient les acheteurs de cette catégorie à des disciples de la simplicité volontaire.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

Le tableau de bord de la Fiesta est plutôt réussi avec ces touches «piano» incrustées dans la partie centrale qui se révèlent non seulement agréables sur le plan visuel, mais aussi correctement identifiées.

De la ville à la route

Agile, dotée d'une direction légère et d'un moteur généreux à bas régime, la Ford adore presque autant se balader en ville que la Yaris. En dépit de son diamètre de braquage - à peine - supérieur (voir la fiche comparative) et de sa visibilité parfois problématique, la Fiesta affectionne les rues étroites et les espaces de stationnement réduits. Cependant, et c'est tant mieux, la Fiesta conserve son assurance au moment de quitter la ville, et se qualifie de routière tout à fait fréquentable. Chose certaine plus que la Yaris qui, elle, se laisse toujours un peu intimider quand le vent souffle sur ses tôles et dont le toucher de route se détériore à mesure que la vitesse augmente. Conséquemment, la Fiesta s'avère plus homogène, plus fonctionnelle que sa rivale dans ce domaine.

C'est en effet sur la route que la Fiesta fait étalage de tout son talent. Non seulement enchaîne-t-elle les virages avec plus d'aisance, mais elle s'est avérée subjectivement la plus agréable à conduire, d'après notre groupe d'essayeurs. Sur ce terrain, la Yaris éprouve de la difficulté à suivre le rythme et, de plus, sa suspension filtre les irrégularités de la chaussée avec autant de douceur qu'un tapis de clous. La Fiesta procure un meilleur confort, mais, dans la catégorie, il y a mieux (Versa, Accent) pour ménager vos vertèbres.

Au chapitre des performances pures, la Fiesta démarre en trombe sur papier... Délivrant 120 chevaux, soit 14 de plus que le moteur de sa rivale, le 1,6 litre de Ford doit traîner quelques kilos de plus. Par conséquent, le rapport poids/puissance de ces deux protagonistes n'est guère différent. La Fiesta signe tout de même les meilleurs temps (accélération et reprises) de ce match, surtout lorsqu'elle entraîne ses roues avant motrices au moyen de la boîte automatique à six rapports à double embrayage. Baptisée PowerShift, cette boîte s'avère plus efficace, sur route surtout, que la boîte automatique à quatre rapports offerte par la Yaris qui, manifestement, augmente de quelques - indésirables - décibels le niveau sonore sur route.

Une fois n'est pas coutume, nous avons également eu le loisir de comparer les performances de nos deux duellistes dotées, cette fois, de la boîte manuelle. La Yaris reprend alors l'ascendant en raison d'une commande plus précise, d'un embrayage plus facile à moduler et surtout grâce à un étagement qui favorise davantage les accélérations et les relances. Cela ne veut pas dire que la boîte mécanique de la Fiesta soit détestable pour autant, mais, voilà, son étagement n'est pas apparu aussi étudié. En effet, le troisième rapport est beaucoup trop long et force, lorsque la commande se trouve sur les rapports supérieurs, à constamment rétrograder pour relancer le moteur dans les (bons) tours.

Budget

La Yaris n'a remporté aucune des deux manches précédentes (Vie à bord et Sur la route), mais peut encore briguer la victoire dans la dernière étape de cette confrontation. Elle n'y parviendra pas cependant. La Yaris ne propose pas une gamme vraiment plus étendue (choix de carrosseries) que sa rivale et ses tarifs ne sont guère aussi attrayants non plus. En revanche, la politique commerciale nettement plus dynamique (taux d'intérêt plus avantageux) de Toyota pourrait jouer de vilains tours à Ford qui, au moment d'écrire ces lignes, propose des financements de l'ordre de 5,99% (achat) et de 8,99% (location) pour sa Fiesta. Ce qui, pour plusieurs acheteurs, est un motif suffisant pour préférer la Yaris à la Fiesta. Si cette question financière ne pèse pas plus lourd que le pointage que nous lui accordons (5 points), dans ce cas, la victoire revient à la Fiesta, qui se révèle plus polyvalente, plus moderne, plus agréable à vivre au quotidien que la Yaris.

L'auteur tient à remercier Jean-François Guay de sa collaboration à l'organisation de ce match.

Photo Éric LeFrançois, collaboration spéciale

L'habitacle de la Yaris étonne toujours. Son bloc d'instrumentation central rend la «planche» de bord plutôt austère. Par contre, un examen plus attentif révèle une multitude de rangements et une ergonomie qui échappe à la critique.