Au-delà du rapport prix/encombrement attractif de ce véhicule (aux yeux des «Amaricains», bien sûr), l'important à ce stade-ci est de déterminer si on aura le coup de foudre pour cette voiture.

Sa présence au sein de l'élite l'oblige à offrir le dernier cri au chapitre des technologies. Sur ce point, la MKS ne remplit pas ses promesses et se contente d'offrir le strict minimum. Et encore. Ça sent plutôt le réchauffé.

 

Cette année, la MKS double son régulateur de vitesse adaptatif d'un radar qui ralentit le véhicule afin de maintenir sa distance avec le véhicule qui vous précède. De plus, il vous prévient de l'imminence d'une collision tout en générant une surpression dans le circuit de freinage pour raccourcir les distances d'arrêt. Cela ressemble étrangement au dispositif inauguré par Mercedes (Brake Assist Plus) il y a quelques années.

Autre nouveauté, des essuie-glaces dotés de détecteurs de pluie. Un accessoire dont la Mazda3 est maintenant pourvue... L'aide au stationnement, moins répandue encore, mais tout de même proposée par Toyota (Prius) et Ford, permet à la MKS de se garer toute seule - enfin presque. Et que dire du dispositif MyKey (comme si votre ado avait l'idée de conduire votre Lincoln...), que l'on trouve, comme le système de communication à mains libres Sync, d'ailleurs, dans la plus commune des Focus?

Bref, ça sent l'esbroufe commerciale pour détourner notre attention des vrais manquements de cette berline, comme le fait qu'elle n'a pas de capteurs d'angles morts. En lieu et place, Lincoln appose de vulgaires petits miroirs convexes sur les rétroviseurs extérieurs...

Que dire aussi de cette lubie de toujours nous imposer ce sempiternel clavier numérique sur le montant de la portière du conducteur pour déverrouiller le véhicule? La seule originalité - à ne pas confondre avec nouveauté - consiste en la puissante chaîne audio certifiée par THX. Dès lors, la MKS demeure à la place d'un haut de gamme américain, c'est-à-dire dans le bas de la fourchette allemande, voire japonaise. L'important est de voir comment elle compte nous séduire avec une aussi faible dot.

Il est loin le temps où les Town Car et Continental occupaient le haut de gamme chez Lincoln! Aujourd'hui, les exigences des berlines de luxe sont autrement plus élevées. Et la marque de prestige de Ford l'a partiellement compris en glissant une motorisation de pointe sous le capot de la MKS: V6 suralimenté et injection directe.Classique, la MKS est une vraie Lincoln en costume trois pièces. Loin du design complexe et musculeux des Mercedes, BMW et Cadillac.

Moins choc qu'une Cadillac et plus élégante que la Vel Satis, la grande Citroën mise sur le concept sobre et chic de l'«élégance à l'américaine». Berline longue de près de cinq mètres aux manières un peu surannées mais originales (pour la jeune génération sans doute), la MKS en impose.

Soulignée par des traits de chrome, sa silhouette s'étire en longueur - mais pas en langueur - et intègre les canons de la beauté gravés dans le marbre de cette marque presque centenaire. On retrouve la morphologie des Mark (MK) du passé et on intercepte ici et là quelques discrets clins d'oeil à la Continental. Rien à voir avec le style balourd de la Town Car ou l'inspiration faussement Bauhaus de la LS.

Avec ses projecteurs fuyants enchâssant une calandre aux allures carnassières, la partie avant de la MKS ne manque pas de tonus - seulement d'originalité. L'habitacle se présente bien lui aussi, même s'il fait un tantinet vieux jeu. Ces formes un peu figées trahissent le conformisme de cette marque.

À bord, le «beau linge» sera choyé: les places sont spacieuses. Les larges baquets avant procurent une assise confortable à défaut d'offrir un maintien latéral digne de ce nom. Quant au coffre, il figure assurément parmi les plus logeables de sa catégorie. Les plus chatouilleux lui reprocheront toutefois son ouverture somme toute assez étroite pour un véhicule de ce gabarit.Par contre, les accessoires et autres babioles indispensables à la vie quotidienne (disques compacts, téléphone portable, monnaie, etc.) ne trouveront hélas pas tous une place à bord, faute de rangement. L'accoudoir et la boîte à gants ont un faible gabarit, tout comme les réceptacles taillés dans les contre-portes. Autre désagrément: on se prend également à maudire les jours où les rayons du soleil voilent toute l'information que donne l'écran GPS en raison de son positionnement, là, en haut de la console centrale.

Le chic de cette berline américaine se perçoit d'abord et avant tout dans la qualité de sa construction. Les assemblages frisent la perfection et les plastiques (grain et texture) sont d'une très belle facture. Rien à redire non plus sur l'ergonomie des commandes. Elles sont toutes aisément reconnaissables et accessibles.

Un costume trop serré

Déposée sur une architecture mise au point à l'origine par Volvo (S80) et à laquelle peut être greffé un rouage à quatre roues motrices, la MKS de série est dotée d'un V6 de 3,7 litres et 273 chevaux. Cette cavalerie est un peu chétive pour entraîner une berline aussi plantureuse. Les concepteurs de la MKS avaient prévu le coup. Conscients du fait que, pour imposer une nouveauté sur le marché des voitures de luxe, il faut des chevaux sous le capot, les responsables de Lincoln proposent un autre moteur. D'une cylindrée de 3,5 litres, ce V6 est alimenté par un système d'injection directe et doté de deux turbocompresseurs (EcoBoost). Délivrant 355 chevaux, ce moteur offre d'excellentes performances, y compris en matière de consommation. Cependant, le poids de la MKS ne lui permet pas de fournir des performances comparables à celles des mécaniques allemandes.

Pour relayer la puissance au sol, la MKS propose uniquement une boîte semi-automatique avec - oui, messieurs-dames - palettes au volant. Mentionnons que l'acheteur a cependant le choix de munir la MKS de jantes de 18, 19 ou 20 pouces.Conducteur et passagers apprécieront le silence de roulement, qui contraste avec l'étonnante fermeté (est-ce bien une Lincoln?) de la suspension, dont la rudesse engendre quelques trépidations qui mettent en relief la robustesse de la caisse et la rigueur de l'assemblage.

Autre surprise, la direction renvoie une sensation de pesanteur dans le volant de cette auto déjà peu maniable (diamètre de braquage de plus de 12 mètres). En revanche, sur l'asphalte récent d'une voie rapide, la MKS est tout simplement impériale. Sa solide tenue de cap en fait une automobile agréable dans les longues distances.

Question d'image, de «standing», la MKS ne prétend pas renouer avec les très riches heures de certaines de ses ancêtres, mais son arrivée suggère que Lincoln, enfin réconcilié avec son passé, a de nouveau quelque chose à dire.

Mais à qui?

CE QU'IL FAUT RETENIRFourchette de prix: 47 399$ à 52 999 $

Version essayée: GTDI

Prix du modèle essayé: 65 879 $

Frais de transport: 1450 $

Garantie de base: 48 mois/80 000 km

Consommation obtenue lors de l'essai:11,9 L/100 km (conditions hivernales)

Pour en savoir plus: www.lincolncanada.com

Moteur: V6 SACT 3,5 litres suralimenté par turbocompresseurs

Puissance: 355 ch à 6500 tr/mn

Couple: 350 lb-pi entre 1500 et 5250 tr/mn

Poids: 1940 kg

Rapport poids/puissance: 5,46 kg/ch

Accélération (0-100 km/h): 6,12 secondes (conditions hivernales)

Mode : Intégral (4 roues motrices)

Transmission de série : Semi-automatique 6 rapports

Autres transmissions : Aucune

Direction - diamètre de braquage:

Crémaillère - 12,1 mètres

Freins/ABS: Disque-Disque/de série

Pneus (de série): 245/45R20

Capacité du réservoir/essence recommandée: 72 litres/ordinaire (super recommandé)

NOUS AIMONS

Habitacle spacieux

Rigidité du châssis

Souffle du V6 suralimenté

NOUS AIMONS MOINS

Impression de lourdeur

Lacunes au chapitre des accessoires

Suspensions trépidentes