On sait que la cohabitation chevreuils-automobilistes est dangereuse pour les deux parties (surtout pour le chevreuil). En prévision de l'automne et des déplacements saisonniers, le ministère des Transports de l'Utah a installé au bord de certains tronçons routiers un nouveau gadget pour éloigner, la nuit, les animaux de la route quand des véhicules approchent.

Cet État américain teste en ce moment le «Deer-Deter» (chevreuil et dissuader, en anglais) sur un tronçon de 1,5 km sur la route 191, au coeur d'un segment de 30 km où ses agents ramassent jusqu'à 300 carcasses de chevreuils par année.

Dans le passé, plusieurs dispositifs installés à bord et basés sur les réflexes du conducteur ont échoué parce qu'il est difficile de détecter d'avance un animal, la nuit, quand on roule à grande vitesse. Et il faudrait en mettre sur toutes les voitures et toutes les motos. La vidéo qui suit montre pourquoi (au fait, ne la faites pas jouer si vous avec le coeur sensible; ni devant des enfants en âge de chérir Bambi).

Deer-Deter part du principe que la menace, c'est l'auto, pas le chevreuil: quand les capteurs infrarouges du gadget détectent les phares d'une auto qui arrive, un stroboscope scintille et une sirène hulule, ce qui est censé éloigner les bêtes.

L'automne au Québec : saison funeste pour le chevreuil et l'orignal

Selon le ministère des Transports du Québec, il se produit ici envison 6000 accidents routiers impliquant la grande faune. La plupart à l'été et à l'automne, surtout dans l'obscurité, plus particulièrement juste après le coucher du soleil et juste avant son lever.

Les accidents les plus fréquents impliquent le chevreuil (le cerf de Virginie). Un mâle adulte, peut être haut de 1,50 mètre et peser plus de 100 kilos. Il y en a environ 267 000 au Québec, excluant le très important troupeau de l'Ïle Anticosti. Sauf exception, la seule victime d'une collision avec un chevreuil est le chevreuil. L'humain au volant s'en tire avec une bonne frousse et une grosse facture de débosselage.

Les 100 000 orignaux du Québec, par contre, sont une autre histoire : à 2,5 mètres et 600 kilos (dans le cas d'un gros mâle) est tout un pan de mur. Avec son pelage brun foncé ou noir, ce grand cervidé est difficile à apercevoir et à éviter, la nuit, quand il surgit des bois sur la route. Sa masse est juchée sur ses hautes pattes, juste à la hauteur du pare-brise d'une auto. Durant l'accident typique, le capot fauche les pattes et le corps de l'animal heurte le pare-brise, la partie avant du toit et les occupants assis sur le siège avant. Il y a parfois des morts et, souvent, des blessés graves.

Selon Transports-Québec, il y a environ 1000 collisions avec un orignal chaque année.

L'approche québécoise : low-tech et efficace

Au Québec, depuis 1997, le Ministère des Transports mène un projet pilote dans la réserve faunique des Laurentides. L'orignal aime le sel et est souvent attiré par le bord des routes par le sel de déglaçage épandu l'hiver. Alors, on a aménagé un réseau de mares salines, situées en parallèle de la route, des deux côtés, mais à bonne distance.

Le ministère des Transports a aussi posé des clôtures électriques sur certains tronçons. Selon le ministère, les accidents avec les orignaux dans la réserve sont beaucoup moins fréquents. Une approche low-tech qui fonctionne parce que basée sur la compréhension du comportement animal. À condition de l'étendre à toutes les zones à risque du réseau routier québécois, pas juste à celle visée par le projet-pilote sur la route Québec-Chicoutimi.

Source : Ministère des Transports de l'Utah; Ministère des Transports du Québec.