Avoir une voiture et un adolescent, c'est un mélange stressant pour des parents. On dit «un adolescent» parce que ce sont généralement les garçons qui font des «conneries» automobiles; mais de mémoire, on trouve aussi des adolescentes dont le joli pied droit est pesant.

C'est une préoccupation parentale sérieuse: il s'agit de protéger le moyen de transport familial contre les excès d'enthousiasme de fiston et, surtout, de protéger la prunelle de vos yeux contre les erreurs de jeunesse qui pardonnent le moins. Tout en lui laissant assez d'espace pour grandir. Un dosage qui se fait sur le tas et dans une certaine tension.

 

À notre époque, les clés de l'auto venaient avec un regard sévère et une recommandation de prudence de la part du grand-père de votre ado actuel. C'était tout ce que nos pères pouvaient faire. Et nous savons d'expérience que la mémoire d'un jeune homme est intermittente pour ce qui est des consignes paternelles, une fois les mains sur le volant et le caoutchouc sur l'asphalte.

 

Aujourd'hui, la technologie change la donne. Aucune voiture n'est encore vraiment à l'épreuve d'un ado, mais il existe des gadgets pédagogiques et restrictifs qui limitent les capacités de la voiture et permettent de «gérer le risque», comme disent les technocrates.

 

Pédagogie et restrictions

 

C'est l'approche qu'a choisie Ford, avec le dispositif MyKey, une clé dotée d'une puce électronique qui doit être programmée par un parent. Elle limite (un peu, à 130 km/h) la vitesse maximale. MyKey fait aussi un avertissement sonore pour marquer un seuil de vitesse choisi par le parent (65 km/h, 95 km/h ou 105 km/h). Elle réduit au moins une distraction en limitant le volume de la chaîne stéréo à 44% du maximum pour adultes.

 

Pour tester MyKey, nous vous présentons Nicolas Dufour-Grégoire, 20 ans, qui a accepté d'agir à titre d'essayeur. Nicolas sait de quoi il parle et son expertise lui a coûté beaucoup d'argent avant qu'il modère ses transports. «J'ai 37 points d'inaptitude accumulés à mon dossier: excès de vitesse, grand excès de vitesse, feu rouge et des arrêts.»

 

Nicolas va désormais passer plus de temps dans ses livres et moins dans l'auto (et en cour municipale): il entre l'an prochain au cégep et veut devenir avocat. Il a même acheté une ancienne voiture de la SQ, une Ford Crown Victoria, qui, on l'espère, lui rappelle ses dispendieuses rencontres avec nos amis en uniforme vert olive.

 

Pour l'essai de la clé MyKey fournie par Ford venait un Ford Flex avec moteur Ecoboost 6 cylindres. Notre expert a essayé le Flex avec MyKey et avec la clé parentale non restrictive, pour comparer.

 

 

Pas de ceinture, pas de radio

 

Selon Nicolas, MyKey est un bon outil. «L'avertissement sonore de vitesse (nous l'avions fixé à 105 km/h pour cet essai comprenant de la grande route) sonne dès qu'on passe au-dessus de la limite (100 km/h)». Par contre, il trouve que MyKey devrait être plus restrictive au chapitre de la vitesse: elle empêche les grands excès de vitesse sur la grande route (160 km/h dans les zones de 100 km/h), mais «130 km/h, c'est quand même 130 km/h...» dit-il.

 

Cette vitesse maximale est fixe, le parent ne peut pas programmer une limite moins élevée, une lacune, diront de nombreux pères et mères. Chez Ford, Christine Hollander explique qu'il en est ainsi pour des raisons pratiques, légales et de sécurité. «Aux États-Unis, il y a quelques États où la vitesse maximale est de 80 milles à l'heure (129 km/h). On ne peut abaisser la limite en deçà. Par ailleurs, il peut y avoir des situations exceptionnelles où avoir cette marge est utile, pour des raisons de sécurité.»

 

MyKey a d'autres atouts: son concepteur, chez Ford, avait sûrement des enfants. Ainsi, si on n'attache pas sa ceinture de sécurité, l'avertissement sonore tinte sans arrêt... et le système de son ne marche pas.

 

De plus, avec cette clé, fiston est privé d'une des sensations fortes chère aux ados. Comme le contrôle électronique de l'antipatinage ne peut être éteint, il est impossible de s'adonner aux «shows de boucane» et de faire crier les pneus des roues motrices en écrasant le champignon.

 

Par contre, Nicolas Dufour-Grégoire trouve qu'il manque à MyKey un dispositif limitant les révolutions moteur. «Même sans aller vite, on peut changer les vitesses et faire grimper le compte-tour. Il faudrait brider le moteur. Autrement, le fils peut quand même battre la voiture de papa.»

 

MyKey est offert sur certains modèles haut de gamme, mais Ford envisage de l'offrir sur tous ses modèles d'ici peu.

Photo Alain Roberge, La Presse

Le concepteur de MyKey, chez Ford, a sûrement des enfants. Ainsi, si on n'attache pas sa ceinture de sécurité, l'avertissement sonore tinte sans arrêt... et le système de son ne marche pas.