Toyota va verser l'amende record demandée par les autorités américaines pour avoir tardé à communiquer sur ses problèmes d'accélération, une décision dont vont s'emparer des consommateurs qui le poursuivent en justice, même s'il a nié les accusations.

Toyota a annoncé lundi qu'il allait verser les 16,375 millions de dollars que lui réclamait l'agence américaine de la sécurité routière depuis le début du mois.

 

Le constructeur japonais a pris de soin de préciser qu'il avait pris cette décision «pour éviter la prolongation d'un litige et un éventuel contentieux juridique», nullement parce qu'il s'avoue coupable. «Toyota nie les accusations de la sécurité routière», selon lesquelles il a manqué à ses obligations, a précisé le constructeur dans un communiqué.

 

De fait, l'amende correspond non pas à l'accusation selon laquelle Toyota aurait mis en circulation des voitures dangereuses, mais qu'il n'a pas communiqué comme il l'aurait dû, cachant des problèmes d'accélération involontaire pendant «au moins quatre mois», alors que les «constructeurs sont légalement tenus de (la) prévenir sous cinq jours» dans ce type de situation. Mais pour le ministre des Transports Ray LaHood, «en ne communiquant pas les problèmes de sécurité qu'il connaissait comme la loi l'exige, Toyota a fait courir un risque aux consommateurs».

 

Il n'en a pas fallu plus à l'avocat Tim Howard, qui coordonne des plaintes de consommateurs s'estimant victimes de Toyota, pour se réjouir d'avoir un nouvel argument en sa faveur. D'après lui les dénégations de Toyota ont assez peu de poids. «D'habitude les gens qui sont innocents ne paient pas 16,4 millions de dollars juste pour s'amuser, et ils ne laissent pas le gouvernement fédéral dire qu'ils ont violé la loi et mis les consommateurs en danger», a dit M. Howard à l'AFP.

 

Examen toujours en cours

 

Bill Visnic, un rédacteur en chef du site spécialisé dans le secteur automobile Edmunds.com, estime toutefois que la portée du versement de l'amende n'est pas encore claire. D'autant, a ajouté M. Visnic, que «rien n'a été prouvé avec certitude au sujet des accélérations involontaires».

 

Outre des risques peut-être accrus en justice, Toyota reste confronté à la menace persistante de nouvelles conclusions auxquelles pourrait arriver l'agence de sécurité routière (NHTSA): «Les responsables de NHTSA continuent à examiner les déclarations de Toyota et plus de 120 000 pages de documents du constructeur pour déterminer si la société a respecté toutes ses obligations légales», a indiqué le ministère.

 

L'amende a été infligée sur la base de 70 000 pages de documents remis par Toyota, qui ont révélé que le constructeur «connaissait ses problèmes de pédales d'accélérateur se coinçant toutes seules depuis au moins le 29 septembre», selon la NHTSA. Or le 29 septembre, Toyota annonçait le rappel de 3,8 millions de véhicules aux États-Unis, invoquant la possibilité que la pédale d'accélération se coince dans le tapis de sol. Le constructeur passait sous silence les problèmes de pédales se bloquant d'elles-mêmes en position enfoncée.

 

«Nous pensons que nous avons fait des efforts de bonne foi pour examiner ce problème et développer un antidote», a fait valoir Toyota lundi.

 

«Nous avons reconnu que nous aurions pu mieux faire pour communiquer les informations importantes à l'intérieur de la société et en-dehors, mais nous n'avons pas essayé de cacher un défaut pour éviter de nous occuper d'un problème de sécurité», a-t-il ajouté.