Pas la peine de les décapsuler. Face à une Mini renouvelée, la New Beetle - qui n'est plus très new, il est vrai - n'a aucune chance d'emporter la décision finale. Dans l'esprit d'un homme s'entend puisque, à ses yeux, la cause est entendue: la New Beetle, c'est «un char de fille». Et il n'a pas tout à fait tort.

De fait, plus de 80% des acheteurs de cette Volkswagen sont en fait des acheteuses... Si les voitures n'ont pas de sexe, la New Beetle, elle, en a un. La faute, si faute il y a (?), incombe en grande partie à Volkswagen, qui n'a cessé d'émasculer ce modèle au fil des ans en lui retirant, par exemple, sa mécanique suralimentée par turbocompresseur. Une erreur que la direction de Mini s'est bien gardée de commettre en réinventant la Cooper, qui, ce printemps, brille comme un sou neuf au soleil.

Ce qu'il faut retenir

Au fil d'arrivée

 

Ciblant aussi bien la femme et son compagnon que l'homme et sa compagne, cette Mini Cabriolet est plus nouvelle qu'elle n'y paraît. Cela peut sembler paradoxal, mais la «nouvelle» repose sur une architecture à la fois plus rigide et plus légère que «l'ancienne». Par rapport à cette dernière toujours, la seconde génération est plus longue, non seulement pour répondre aux nouvelles normes de sécurité, mais aussi pour ajouter au confort des valises, lesquelles profitent de quelques litres supplémentaires pour s'allonger. Les occupants n'auront pas cette chance, surtout ceux qui seront confinés aux places arrière puisque l'espace y est compté. Plus encore qu'à bord de la New Beetle, qui offre dans ce domaine un meilleur dégagement pour les jambes, les hanches, les épaules, mais pas pour la tête cependant en raison du tracé convexe de son pavillon. 

 

Qu'à cela ne tienne, la Volkswagen demeure encore aujourd'hui l'un des rares cabriolets dans lequel on peut prendre place à bord, capote fermée, sans pratiquement écraser le cou. La garde au toit est très généreuse à l'avant, ce qui donne beaucoup de luminosité à l'habitacle. Mais ici, luminosité ne rime pas avec visibilité. En fait, la stupéfiante profondeur du tableau de bord au bout duquel sont plantés les (larges) montants du pare-brise gêne l'exécution de certaines manoeuvres (virages serrés, stationnement). Vers l'arrière, capote en place, la Volkswagen parvient toutefois à faire mieux que la Mini, qui, pour atténuer ce défaut, propose un aide au stationnement. Dommage, dans un cas comme dans l'autre, de ne pas avoir de capteurs d'angle mort, même en option.

Preuve que dans les petits pots sont les meilleurs onguents, la Mini se révèle, avec ses dossiers arrière escamotables, beaucoup plus fonctionnelle que la Volkswagen. Cette dernière se limite à découper un étroit passage entre l'habitacle et le coffre. C'est peu, mais on peut toujours ajouter une valise sur les sièges arrière, à la condition de confier à pépé et mémé les enfants pour le week-end.

Au fil des ans, la New Beetle a peu évolué. Quelques retouches ici et là, mais l'ambiance à bord est demeurée sensiblement la même. On retrouve toujours ce minuscule vase près du volant prêt à accueillir une fleur, clin d'oeil au Flower Power de la fin des années 60 et les principales commandes disposées tout autour. Et la commande pour faire disparaître le toit? Elle se trouve là, entre les baquets. Attention, il ne suffit pas d'appuyer dessus. Il est nécessaire, au préalable, de libérer la poignée qui se trouve au-dessus du rétroviseur central, puis de la faire pivoter d'un tiers pour déverrouiller le toit du cadre du pare-brise auquel il est fixé.

La Mini met un peu plus de temps à se découvrir, mais elle a une excuse: son toit amovible offre la possibilité de l'entrouvrir, comme s'il s'agissait d'un toit ouvrant. Rappelons que la génération précédente offrait, elle aussi, cette possibilité. Cela dit, la «nouvelle» propose cette année deux fonctionnalités supplémentaires. D'abord, il est possible de la décoiffer en roulant (maximum 30 km/h). Ensuite il est permis au moyen d'un compteur baptisé «Always Open» (Toujours ouvert) de mesurer le temps passé à rouler sans toit. Amusant, mais totalement inutile, vous en conviendrez. Cela dit, pas de complication à faire disparaître le toit à la condition de trouver l'interrupteur. Celui-ci se trouve sur la barrette grimpée contre le cadre du pare-brise (il y en a une autre au pied de la console). Si les commandes sont difficiles à trouver, que dire des tirettes chargées d'incliner le dossier de baquets: trop nerveuses et souvent coincées.

Sur la route

Le soleil brille déjà. Ne tardons plus. Échappons à la déprime et aux vapeurs d'échappement de la ville, cap sur le large et les routes de campagne. Mais avant, deux mots sur l'agilité proverbiale de la Mini en milieu urbain et le couple généreux du moteur cinq-cylindres de la New Beetle. La Mini d'abord. Ses dimensions extérieures compactes conjuguées à une direction alerte et à un diamètre de braquage très court en font une citadine presque idéale.

 

Presque, car la visibilité demeure restreinte, même décapotée. Quant à la New Beetle, elle se glisse dans la circulation sans effort grâce à un moteur qui, cette fois, nous fait oublier l'embonpoint causé par les multiples renforts que nécessite l'absence de toit.

Sur une route ouverte, la New Beetle est sans doute la plus saine, la plus docile et la plus facile à prendre en main. Il suffit de positionner le sélecteur de sa boîte automatique à la position D, de soulever le coude droit suffisamment haut pour atteindre la bordure de la portière et d'atteindre la vitesse légale sans trop se presser. Vous aurez sans doute compris que ce modèle aux formes rondouillardes se destine d'abord à des parcours où l'on sera sûr d'être vu à bord. Cette Volkswagen fait preuve de moins de talent lorsqu'il s'agit d'affronter les petites routes tortueuses. D'ailleurs, pour peu que l'on cherche à augmenter la vitesse du vent au-dessus des têtes, le train avant devient très vite pataud. Sa tenue de route n'est pas vilaine, mais les sensations de conduite que l'on éprouve à son volant sont, somme toute, très classiques.

Tout le contraire de la Mini, qui, elle, ne demande qu'à s'éclater. À son comportement routier qui n'est pas sans rappeler celui d'un kart, donc extrêmement agile, s'ajoute la précision de sa direction et de sa commande de boîte automatique avec palettes au volant. Le plaisir de conduite est grand. Très grand. Mais si on s'amuse follement, il faut aussi se satisfaire de suspensions fermes qui vous renseignent un peu trop précisément sur l'état de la route. À ce sujet, le revêtement de bitume parfois aléatoire du réseau routier québécois aura permis de mettre en valeur l'excellente rigidité du châssis.

Budget

Avant de passer à la caisse, la Mini occupe le premier rang provisoire de cette confrontation. Un avantage qu'elle conservera jusqu'au fil d'arrivée. Plus sobre à la pompe que sa rivale, la Mini conserve également une valeur de revente un brin supérieure et est offerte à prix presque identique, avec quelques accessoires en prime.

Par contre, la Cooper exige de l'essence super alors que la New Beetle accepte un indice d'octane moins élevé. La Volkswagen offre, par ailleurs, une couverture de garantie de cinq ans ou 100 000km de son groupe motopropulseur, alors que Mini calque la sienne sur sa garantie de base (quatre ans, 80 000 km). En outre, le nombre de points de service est de loin plus étendu chez Volkswagen que chez Mini.

Hommage sincère sur la forme, parfaite antithèse des modèles qui les ont précédés sur le fond, les New Beetle Cabriolet et Mini Cooper Cabriolet sont en tout cas deux parfaits spécimens de ce que l'on appelle le marketing générationnel. Mais une bonne part de la clientèle aujourd'hui s'en fiche, pourvu qu'il y ait du soleil.

L'auteur tient à remercier Jean-François Guay pour sa précieuse collaboration à la réalisation de ce match ainsi que la direction et les employés du Vieux-Port de Montréal.