Alpine Renault A110., Lotus Elan, MGB Triumph Spitfire, AC Cobra, Ferrari 250 GTO. Qu'ont-elles en commun? Elles sont toutes nées en 1962, il y a précisément un demi-siècle cette année.

AC Cobra

Carroll Shelby, le plus coloré, génial et prolifique créateur de voitures sport que l'Amérique ait jamais connu. Ce Texan éleveur de poulets, pilote de talent, directeur d'écurie de course, créateur de la célèbre Cobra, nous a quittés cette année à l'âge de 83 ans. L'année même du cinquantenaire de la Cobra.

Né AC Ace, un roadster anglais typique de son époque, l'AC reçoit la «visite» de Shelby, qui décide de greffer un V8 américain sous le capot d'un petit - et léger - roadster anglais. L'AC Cobra se métamorphosera au fil des ans en Shelby Cobra, un monstre qui donnera bien du fil à retordre à Enzo Ferrari. Ford confiera ensuite à Shelby la fabrication d'autres bolides, notamment la Shelby Mustang 350GT.

Cette année, lors de la Semaine de l'automobile de collection à Monterey, en Californie, on a célébré le cinquantenaire de l'AC Cobra. Plusieurs exemplaires de la célèbre américano-britannique ont changé de mains aux enchères, dont une qui s'est envolée pour 1,5 million de dollars.

Alpine A110

À l'instar de l'Amérique avec Carroll Shelby, la France automobile a été bénie par un certain Jean Rédelé. Passionné de sport automobile, Rédelé a créé la société Alpine et a présenté en 1962 un frêle biplace en plastique animé par un petit moteur Renault de 1150 cm. Alpine s'associe rapidement à Renault et crée la «berlinette» Alpine A110 à châssis-poutre et structure en fibre de verre. La voiture remporte en 1971 son premier Championnat d'Europe des constructeurs en rallye, succès qui se répète en 1973 avec le premier Championnat du monde des rallyes.

Jean Rédelé est mort en 2007, à l'âge de 85 ans, mais sa mythique A110 roule encore dans les rallyes historiques et commande des prix «alpins» sur le marché de la collection.

Ferrari 250 GTO

Un des 39 exemplaires de la Ferrari 250 GTO a trouvé preneur en début d'année pour 35 millions de dollars! Le prix le plus élevé jamais payé pour une voiture. Cette même Gran Turismo Omologato avait coûté 3,5 millions en 2002 à son propriétaire. À un tel prix, elle a sûrement quelque chose de spécial, cette italienne. D'abord, la beauté de sa carrosserie sculptée en aluminium par Sergio Scaglietti. Ensuite, son fabuleux moteur: le plus célèbre des V12 Ferrari conçus par Gioacchino Colombo, un trois-litres en aluminium de 300 chevaux pesant la moitié moins que le six-cylindres en ligne Jaguar. D'où la supériorité de la GTO, rehaussée par un profilage étudié en soufflerie.

Lotus Elan

«Best sports car ever», a titré en juillet 2012 Classic&Sports Car, une référence dans le domaine de la voiture de collection.

La Lotus Elan, ce tout petit roadster animé par un 4-cylindres Ford anglais de 120 chevaux, sort de l'imagination de Colin Chapman. Ce génial ingénieur aéronautique converti à l'automobile est créateur de la marque Lotus, trois fois championne du monde de F1. La voiture pèse moins de 600 kilos, est dotée d'un châssis-poutre central rigide et léger, d'une structure en fibre de verre, de suspensions indépendantes et de quatre freins à disques - nous sommes en 1962! Pas possible de vous en dire plus; il faut la conduire pour comprendre. Au fait, savez-vous quelle voiture a été copiée sur la Lotus Elan? La Mazda Miata...

MGB

Certainement l'un des roadsters favoris des Québécois et le plus vendu de tous... avant l'arrivée de la Miata! La MGB, qui prend la relève de la séduisante MGA, ne cherche pas à révolutionner le design automobile. Classique tant par son dessin que par la conception de son moteur, de son châssis et de ses suspensions, elle présente néanmoins suffisamment de sportivité pour séduire les amateurs, notamment en Amérique. Mais si l'Amérique fait le succès de la MGB, elle provoque aussi sa mort, qui s'annonce dès la fin des années 60 avec l'avènement des normes anticollision (les pare-chocs) et antipollution auxquelles BMC (la maison mère) est incapable de faire face.

Triumph Spitfire

Décidément, les roadsters anglais ont la cote en ce début de décennie. Triumph veut profiter de la manne et faire concurrence à la populaire Austin-Healey Sprite, et confie au designer italien Michelotti le soin de dessiner un petit biplace empruntant les éléments de la berline Triumph Herald. La petite Triumph plaît à son public cible malgré la fâcheuse tendance de la suspension arrière à «se pincer» brutalement en virage négocié un peu trop vite, à la manière de la Beetle. Au sommet de l'échelle, Triumph place par la suite le séduisant coupé GT6 animé par un copieux six-cylindres. Mais les dés sont déjà jetés et les Triumph, comme plusieurs de leurs «compatriotes», succombent devant la législation américaine...

Valeurs approximatives sur le marché de la collection (pour les modèles les plus prisés):

AC Cobra 1,5 million

Alpine Renault A110 100 000$

Ferrari 250 GTO Plus de 30 millions

Lotus Elan 25 000$

MGB 15 000$

Triumph Spitfire 8000$