Comme chacun sait, acquérir un véhicule est une dépense qui doit être mûrement réfléchie et planifiée. Mettre la main sur une voiture ancienne qui, potentiellement, pourrait se retrouver dans un musée est encore moins à prendre à la légère. Surtout quand il s'agit d'un coup de coeur ou d'un premier achat du genre.

Vous rêvez d'être au volant d'une Ford Mustang cabriolet 1966 l'été prochain? Vous avez craqué pour une Coccinelle 1959? Avant de prendre le volant, assurez-vous d'avoir eu réponse à toutes vos questions et d'avoir toutes les cartes en main.

Questions existentielles...

Élémentaire mais fondamentale, la première démarche à remplir est d'établir son budget, de clairement définir le type de voiture recherchée, de déterminer quelle utilisation on veut en faire et de penser, déjà, au lieu où elle passera l'hiver. Bref, cette première démarche consiste à se poser ces questions existentielles que... tous ne se posent pas.

S'inscrire dans un club

Être membre d'un club de voitures anciennes ou d'une association d'amateurs de Mini, par exemple, est un atout considérable. «C'est mettre toutes les chances de son côté pour faire le meilleur choix. En étant membre, on a les noms de tous les propriétaires du modèle convoité, qui peuvent alors nous aider, explique Gilbert Bureau, président-fondateur du club Voitures anciennes du Québec. Il faut connaître les gens du milieu.»

Où chercher?

On peut trouver son bonheur auprès - ou par l'intermédiaire - des membres d'un club, certes. Mais les magazines spécialisés et les revues des clubs sont également d'excellentes sources. L'internet est à la fois le meilleur outil et le meilleur moyen de se faire flouer. Si cela ne suffit pas, on peut arpenter durant les week-ends d'été les expositions ou prendre part à certaines activités des associations. Notons qu'il est toujours utile d'éplucher les annonces des journaux.

Inspecter et évaluer

Comme dans une maison, des vices cachés, il peut y en avoir dans une voiture. C'est pourquoi, avant de signer le chèque, il faut la faire inspecter et la faire tester, idéalement. La faire expertiser est également tout indiqué. Cela permet autant que possible de ne pas se faire flouer.

Pas de sentiments!

Le plus souvent, le problème n'est pas tant de trouver le modèle recherché que de trouver ladite voiture en bon état. «Les gens achètent sur un coup de coeur et ils se font avoir», témoigne Robert Michaud, membre du club Le Rendez-vous des Anglaises du Québec. Chez ce mécanicien restaurateur, «quatre clients sur 10» ont ce profil. C'est beaucoup. «Il faut faire attention à la passion, à l'émotion, il faut avoir la tête froide», conseille Gilbert Bureau.

Que regarder d'abord?

À la première étape de la démarche, il convient de jeter un oeil attentif sur la rouille apparente de l'automobile. «Plusieurs voitures ont été maquillées avec le temps. Les châssis sont tout rouillés en général», dit Robert Michaud. Propriétaire lui aussi d'un atelier de restauration, Marc Beaudet confirme que la rouille peut être camouflée. «Il est bien important de vérifier le dessous de l'auto. Les monocoques, ça pourrit entre les tôles.» Il faut aussi vérifier si le moteur chauffe et si la pression d'huile est basse, signes avant-coureurs de réparations nécessaires. Il ne faut pas oublier enfin que chaque modèle a ses propres faiblesses.

Connaître et s'y connaître?

Dans sa démarche d'achat, il est toujours avantageux de connaître quelqu'un qui pourra nous aider et nous conseiller. De la même manière que si la voiture convoitée est à l'étranger, il est bon de mandater quelqu'un ou un club pour en faire l'inspection. Quant à savoir s'il faut absolument s'y connaître en mécanique, les avis sont partagés. «La mécanique est très simple sur les voitures d'avant 1970. Un zéro en mécanique n'est pas un handicapé», pense Gilbert Bureau. «Il faut un minimum de connaissances en mécanique. Il faut savoir où sont les points faibles de la voiture. Si on est capable de restaurer soi-même, c'est encore mieux», estime pour sa part René Saint-Cyr, directeur du club Voitures anciennes et classiques de Montréal.

Restaurée ou telle quelle?

Comme le dit René Saint-Cyr, c'est un énorme avantage, si on touche à la mécanique ou à la carrosserie. Cela permet d'orienter plus facilement son choix et de débourser moins à l'achat. Selon Gilbert Bureau, «mieux vaut payer plus cher pour ne pas avoir à restaurer». Le choix de la restauration dépendra grandement du budget. Sans oublier que les ateliers spécialisés ne sont pas légion au Québec. Marc Beaudet estime que «ce n'est pas parce qu'on paie moins cher que l'auto est moins bonne». À titre indicatif, la restauration complète d'une carrosserie peut, selon lui, coûter jusqu'à 40 000$. Spécialiste des automobiles britanniques, Robert Michaud avance que pour celles-ci, un prix de vente inférieur à 10 000$ est synonyme de réparation à coup sûr.

Où entreposer?

En milieu urbain densément peuplé, on ne possède pas forcément un garage. Pour l'hiver, la solution de repli est l'entrepôt (leur nombre est très limité) ou le garage souterrain d'immeubles résidentiels. En moyenne, il faut débourser 75$ (plus taxes) par mois pour une place en entrepôt.

Conclusion

Moralité de l'histoire, l'achat d'un véhicule ancien se résume en quatre mots d'ordre: s'informer, consulter, faire inspecter et faire évaluer. Mots d'ordre valables pour un néophyte comme pour une personne aguerrie. S'il a plus d'une longueur d'avance sur le premier nommé, le second cité n'est pas à l'abri d'une déconvenue.

Photo AP

Dans la démarche d'achat d'une vieille voiture, il convient de jeter un oeil très attentif sur la rouille apparente du véhicule. Les châssis sont en général tout rouillés. Le choix de la restauration dépendra ensuite grandement du budget.