À la faveur du premier choc pétrolier, en 1973, les États-Unis ont lancé une panoplie de projets de recherche en carburants alternatifs. L'un d'entre eux prévoyait la production de biocarburants à partir d'algues dans des bassins attenant à des usines de filtration d'eau, sur la base de travaux de pionniers californiens de l'utilisation des bactéries pour le traitement des eaux, William Oswald et Clarence Golueke.

Le projet a été abandonné en 1996, mais une poignée d'irréductibles y planchent encore. Et ils y croient dur comme du fer.

«Si on investit les sommes nécessaires, on pourrait fabriquer des biocarburants à partir d'algues d'ici 10 à 15 ans», affirme René Wijffels, ingénieur des bioprocédés à l'Université de Wageningen, dans les Pays-Bas, qui signe un essai sur le sujet dans la revue Science. «Le grand avantage serait de réutiliser des polluants comme l'azote et le CO2, et d'utiliser 500 fois moins d'eau pour les biocarburants qu'avec le maïs ou la canne à sucre.»

La technologie actuelle de fabrication de biocarburants à partir d'algues est trop chère et pas assez efficace, dit M. Wijffels. Pour répondre aux besoins européens en biocarburants, il faudrait une superficie de 9,25 millions d'hectares, l'équivalent du Portugal. Et le prix serait 10 fois plus élevé que l'essence. Selon l'ingénieur néerlandais, en réglant le problème du prix et en triplant la productivité, les algues seront concurrentielles avec les autres carburants.

«Ce n'est pas impossible, dit M. Wijffels. Prenez la pénicilline. La productivité a augmenté par un facteur de 5000 depuis un demi-siècle.»

Le secret est l'utilisation de réservoirs verticaux où pousseront les algues, ce qui répartira mieux la lumière du soleil, et la manipulation génétique des microalgues.