Depuis qu'ils peuvent rouler sur les routes du Québec, les véhicules électriques Zenn et Nemo n'ont pas battu des records de vitesse, comme on s'y attendait, et ils n'ont pas battu des records de popularité non plus. Le tour de piste de la voiture Zenn a été bref et les ventes de la camionnette Nemo sont plus que modestes.

Après deux ans d'une expérience-pilote qui doit en durer trois, la Société de l'assurance automobile du Québec avait immatriculé en tout et pour tout 26 de ces véhicules à basse vitesse, soit 15 Zenn et 11 Nemo, au 15 avril dernier.

Les deux véhicules n'ont pas eu le même parcours. Zenn Motors a mis fin abruptement à la production de sa voiture et fermé son usine d'assemblage de Saint-Jérôme au début de 2010. Les dernières Zenn (pour Zero Emission No Noise), dont le prix de vente avait été fixé entre 15 000$ et 16 000$, ont dû être liquidées à une fraction de ce prix.

Zenn Motors veut devenir un fournisseur pour d'autres constructeurs de voitures électriques, mais ce virage n'a pas encore été concluant. Après les six premiers mois de son exercice financier, l'entreprise affiche des revenus de 1,4 million et des pertes de 3,4 millions.

Nemo, de son côté, caressait le projet de s'inscrire en Bourse, d'accroître sa production et d'embaucher des dizaines d'employés. Éventuellement, c'est le marché américain que visait le constructeur de cette camionnette tout électrique conçue et assemblée au Québec.

Ces projets sont encore à l'état préliminaire.

Nemo a plutôt confié l'assemblage de son véhicule à une entreprise de la Beauce, qui remplit les commandes mais qui a d'autres activités pour assurer sa survie.

Malgré tout, le porte-parole de l'entreprise, Jacques Rancourt, se dit néanmoins satisfait de l'expérience jusqu'à maintenant. «Ça se déroule assez bien, a-t-il dit. On a réussi à faire la preuve des qualités de notre produit. Pour ceux qui les utilisent, c'est clair, c'est un camion, pas une voiturette de golf.»

Clients satisfaits

L'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc Extension est un des acheteurs de la Nemo (pour Neighborhood Electric Mobility 0 Pollution/Noise).

Chacune des deux camionnettes acquises par l'arrondissement ont coûté 31 301, 34$ taxes incluses, a fait savoir une porte-parole, Lucie Bernier. «Et elles comblent tout à fait nos attentes», a-t-elle fait savoir.

Les Nemo servent à l'entretien des bornes-fontaines et à la collecte des poubelles de la rue Jean-Talon. Mais elles ne sont pas utilisées durant l'hiver, une saison qui donne du fil à retordre aux batteries des véhicules tout électriques.

Nemo se sert de l'expérience de ses clients pour améliorer son véhicule, affirme son porte-parole. «On a recueilli beaucoup de données», dit Jacques Rancourt, qui souhaite que le projet-pilote soit prolongé.

L'entreprise affirme avoir vendu 26 véhicules depuis le début du projet-pilote, même si la SAAQ en a répertorié seulement 11. La différence s'explique peut-être du fait que plusieurs camionnettes ne circulent pas sur la voie publique et ne sont pas immatriculées, avance Jacques Rancourt.

La Nemo, tout comme la Zenn, sont admissibles à un crédit d'impôt du gouvernement du Québec, mais ce rabais fiscal n'a pas coûté cher au Trésor public. La majorité des acheteurs de Nemo, par exemple, sont des municipalités ou des organismes publics qui ne paient pas d'impôt.

L'entreprise aurait aimé percer le marché privé, spécialement celui de la livraison urbaine, mais ce n'est pas arrivé. «Il y a encore beaucoup de légendes à démystifier», constate Jacques Rancourt.

Photo Martin Chamberland, La Presse

La Zenn, construite à St-Jérôme jusqu'à la fermeture de l'usine d'assemblage, au début de 2010.