La circulation dense est le revers de la mobilité. Plus il y a d'autoroutes, plus il y a de gens qui s'installent autour. Chaque prolongement d'une autoroute attire du monde aux alentours et, peu de temps après, les «freeways», comme les appellent les Américains, n'ont plus rien de «free». C'est la logique de l'étalement urbain, une malédiction automobile pressentie il y a bien des années.

S'envoler au dessus des bouchons à l'heure de pointe et se rendre au travail ou chez soi sans perdre de temps est un fantasme automobile ancien et la compagnie néo-zélandaise Martin Aircraft Co. affirme avoir trouvé la solution. Elle s'apprête à commercialiser, d'ici la fin de 2010, un véritable «sac à dos à réaction» destiné au grand public. Jetez un coup d'oeil à la vidéo promotionnelle incroyablement cool du Jetpack Martin (mettez vos écouteurs, ce n'est pas pareil sans la musique).

 

(En fait, la vidéo du Jetpack Martin est incroyablement cool surtout si vous êtes assez vieux pour vous rappeler son célèbre précurseur, la Bell Aerospace Rocket Belt. Cet engin futuriste a été lancé au début des années 60 par un ingénieur aérospatial nommé Wendell Moore.)

 

L'ancêtre des années 60 faisait dans le coffre d'une Aston Martin

 

Présentée comme un gadget d'espion de James Bond dans le film Thunderball, la Rocket Belt avait frappé l'imagination du public. Moore avait reçu des milliers de lettres d'acheteurs potentiels. Déjà, durant les années 60, l'explosion du nombre de voitures et le développement des banlieues faisait rêver à des gadgets permettant à un être humain d'éviter les bouchons et de voler entre sa maison et son travail.

 

Mais la Rocket Belt était propulsée par de l'hydrogène comprimé et n'avait qu'une autonomie de 20 secondes à 96 km/h.

 

Rayon d'action de 50,7 km

 

Le Jetpack Martin, par contre, aura un rayon d'action de 50,7 km à la vitesse maximale de 101 km/h. Notez que c'est en ligne droite (quoi que cela varie selon l'habileté du pilote). Le trajet routier vers une destination quelconque est souvent près du double de la distance à vol d'oiseau.

 

Son argumentaire de vente vise essentiellement l'automobiliste américain qui n'en peut plus de passer des heures dans l'auto, dans le trafic, pare-choc à pare-choc. Martin Aircraft propose de survoler la circulation tout en ressentant une pointe d'adrénaline.

 

La machine que va commercialiser Martin Aircraft a reçu la classification «aéronef ultraléger» de la Federal Aviation Authority américaine, ce qui dispense son utilisateur d'obtenir un permis de pilote, affirme la compagnie. Il faudra toutefois suivre avec succès la formation que dispensera la compagnie. Et les premiers acheteurs devront se rendre aux installations de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

 

Si les ventes décollent (excusez le jeu de mot), il est vraisemblable que Martin Aircraft ouvrira des détaillants - autorisés à dispenser la formation - près des grandes villes américaines au réseau routier congestionné, le marché visé par la compagnie.

 

Un concessionnaire Martin Aircraft installé en bordure du pont Champlain ferait probablement de bonnes affaires.

Martin Aircraft a ouvert un site internet transactionnel où elle accueille les expressions d'intérêts des clients éventuels. Le prix de vente n'a pas encore été annoncé mais, selon la compagnie, l'appareil devrait avoir un coût comparable à une «motocyclette ou une voiture haut-de-gamme», ce qui est une fourchette assez large, merci.

Le Jetpack de Martin Aircraft n'a pas de réacteur. Il est propulsé par un moteur V4 de 2 litres deux temps qui fait tourner deux hélices en kevlar. La compagnie affirme que l'engin pourra soulever et déplacer des personnes pesant jusqu'à 127 kilos. Ce n'est pas une petite machine: elle pèse 113 kg quand ses réservoirs sont vides.

 

Consommation d'essence: 39,2 L/100 km!

 

Dans son règlement sur les ultralégers, la FAA stipule que ces engins doivent avoir un réservoir d'au plus 5 gallons américains (22,7 litres).

 

Dans les faits, le Jetpack Martin a plus de chances de devenir un jouet pour riches qu'un moyen de transport ayant un quelconque impact sur la vie de l'être humain moyen. Outre son prix, sa consommation d'essence sera astronomique: la compagnie ne s'en vante pas, mais avec un rayon d'action de 31,5 milles et un réservoir de 5 gallons américains, on calcule 6,3 milles au gallon US, donc 39,2 L/100 km, ce qui est atroce.

 

Mais quand même, quel beau gadget.