Nanette Workman, grande dame du rythm'n blues, possède actuellement une Camaro, deux fourgonnettes Pontiac, de même qu'une rutilante Harley-Davidson Soft Tail Deluxe 2008. Ah oui, et au Mississippi (où sa mère de 86 ans vit toujours), Nanette possède une Mercedes 500 SL décapotable. «Ça prend bien une Américaine pour rouler en Mercedes aux États-Unis», dit celle qui a officiellement reçu sa citoyenneté canadienne en 2005.

Bien qu'elle paraisse facilement 10 ans plus jeune, notre Nanette nationale a 65 ans. Et comme elle a obtenu son permis au Mississippi à l'âge de 15 ans, sa relation avec l'automobile dure depuis déjà 50 ans. Un demi-siècle durant lequel elle a notamment sillonné le Canada d'est en ouest; fait le trajet Montréal-Jackson (Mississippi) des dizaines de fois; conduit un autobus scolaire en tournée; et bousillé la Mini Austin que son amoureux Johnny Hallyday lui avait offerte en Europe au début des années 70.

«J'ai toujours aimé les automobiles. I love everything that's got wheels on it», lance Nanette Workman. Enfant, elle a joué du volant sur les genoux de son père et de son oncle. Et, dès qu'elle a été en âge de conduire seule, elle empruntait dès qu'elle le pouvait la Packard de son papa ou la Plymouth de sa maman pour aller «cruiser avec les girls» ou pour se rendre au «drive-in» faire la cour aux garçons.

La chanteuse à la voix éraillée a acheté sa première voiture neuve lorsqu'elle est venue au Québec. Ses nombreuses performances sur scène, entre autres à Expo 67, lui ont rapporté suffisamment d'argent pour qu'elle s'offre une Mercury 1967. L'année suivante, elle s'est acheté pour 8000$ une Corvette décapotable.

Le cadeau de Johnny à la casse

Puis, elle s'est envolée pour l'Europe où elle a côtoyé les plus grands du rock et de la pop, dont John Lennon, les Rolling Stones et un certain Johnny Hallyday, avec qui elle a entretenu une relation amoureuse. Le chanteur français a notamment offert une Mini Austin à la chanteuse québécoise. Manque de pot, Nanette a réduit à néant dans un accident le joli cadeau de son amant. Elle a alors roulé en Citroën.

À son retour du Vieux Continent, Nanette était, pour ainsi dire, sans le sou. «Je ne pouvais m'offrir qu'un vieux Chevrolet tout rouillé. Et croyez-le ou non, je me le suis fait voler», relate l'interprète des mégatubes Lady Marmelade et Call Girl.

Après ce court épisode, elle s'est refait une santé financière et a jeté de nouveau son dévolu sur des voitures de tous les styles, dont une Thunderbird, une Beetle «avec le devant en Rolls-Royce», de même qu'une Oldsmobile Cutlass SS décapotable. Avis aux gens de GM: Nanette est preneuse si la Pontiac GTO est remise au goût du jour.

Au volant en tournée

Pour son plaisir, mais aussi par affaires, la chanteuse dit avoir parcouru des centaines de milliers de kilomètres. En tournée, elle est, le plus souvent, derrière le volant. Les deux fourgonnettes qu'elle possède actuellement servent d'ailleurs à transporter ses musiciens et leurs instruments.

La vie en tournée de Nanette Workman est très riche en anecdotes. Notamment à l'époque où elle s'est offert un autobus scolaire dans lequel elle avait rivé de vieux divans achetés à l'Armée du Salut. «J'ai pensé mourir dans cet autobus lors d'une tournée au Lac-Saint-Jean. Il avait neigé tôt en automne et je n'avais pas de pneus d'hiver. Nous avons dérapé dans une pente, mais personne n'a été blessé.»

Et toujours dans ce même autobus, Nanette a déjà mis du jus d'orange dans le radiateur parce qu'un membre de son équipe avait omis d'y ajouter du liquide de refroidissement. Résultat, le moteur surchauffait et menaçait de rendre l'âme en pleine campagne. «Le jus d'orange nous a permis de nous rendre au garage le plus près, mais il a fallu mettre un radiateur neuf», raconte-t-elle.

Préférant de loin les voitures aux avions, Nanette Workman a fait le trajet des dizaines de fois entre le Québec et le Mississippi, où sa mère Beatryce habite toujours. Un trajet d'environ 2500 km que la chanteuse de blues fait en deux jours. Sur les autoroutes américaines, elle en profite habituellement pour chanter et composer des chansons. Elle travaille actuellement sur un «album concept» qui devrait voir le jour au printemps 2011.

La Québécoise d'adoption vient par ailleurs de s'acheter une roulotte de type «fifth wheel». Ne lui manque plus qu'un pick-up adapté et Nanette pourra enfin réaliser l'un de ses rêves: faire le tour des États-Unis en longeant les frontières canadiennes et mexicaines.

Photo Stéphane Champagne, collaboration spéciale

Préférant de loin les voitures aux avions, Nanette Workman a fait le trajet des dizaines de fois entre le Québec et le Mississippi, où sa mère Beatryce habite toujours.