Le géant américain de l'automobile General Motors a mis fin mercredi à un an et demi de feuilleton en Europe en décidant d'assumer seul la restructuration d'Opel/Vauxhall, avec des milliers d'emplois en jeu.

Dans une volte-face qui devrait être la dernière, Opel a retiré toutes les demandes d'aides publiques réclamées aux pays européens où il est implanté. General Motors a «décidé de régler les questions de financement en interne», a indiqué le groupe dans un communiqué, après la fin de non-recevoir opposée par Berlin à ses demandes de garanties publiques mercredi dernier.

 

Le géant américain, de retour aux bénéfices au premier trimestre, avait revu après cette douche froide le coût de sa restructuration à 3,3 milliards d'euros, qu'il va désormais devoir apporter seul. Le plan qu'il avait présenté aux gouvernements prévoyait la suppression de 8000 emplois sur 46 000 en Europe.

 

«Le processus s'avère beaucoup plus complexe et beaucoup plus long qu'attendu», a justifié le constructeur, qui espère ainsi «mettre en oeuvre rapidement (son) plan». De fait, le constructeur, qui regroupe Opel et sa jumelle Vauxhall au Royaume-Uni, se retrouve quasiment dans la situation de novembre 2008, juste avant qu'il n'appelle pour la première fois le gouvernement allemand à l'aide.

 

«General Motors fait des profits et a les moyens» de restructurer sa filiale, a réaffirmé le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, qui s'estime «conforté dans (sa) décision» de ne pas aider Opel.

 

Interrogé sur les risques pour l'emploi en Allemagne, le ministre libéral (FDP) a répondu qu'il «(existait) toujours des risques lorsque l'on fabrique des produits qui ne se vendent pas». Le constructeur emploie environ 25 000 salariés en Allemagne et il y a prévu 3900 suppressions d'emploi.

 

Jusqu'ici, Opel se refusait à envisager un financement à 100% de la restructuration par sa maison mère, soulignant que celle-ci s'était redressée grâce à l'argent des contribuables américains, qu'elle ne pouvait dépenser hors des États-Unis.

 

«Le bien-fondé et les raisons d'une requête de garanties publiques n'ont pas changé», assure de son côté le groupe, qui avait adressé des demandes en ce sens aux gouvernements allemand, britannique, espagnol, polonais et autrichien. Il espérait récolter 1,8 milliard d'euros de garanties auprès d'eux.

 

«General Motors a fait preuve de clarté et mis fin aux incertitudes et aux spéculations pour les salariés», a déclaré le président du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, cité dans un communiqué.

 

Le constructeur a assuré que les accords conclus avec les salariés, qui prévoient 265 millions d'euros d'économies par an jusqu'en 2014 en échange d'investissements et de lancements de nouveaux produits, tenaient toujours. La marque à l'éclair, en perte de vitesse depuis des années et tournée vers les marchés européens dont les perspectives de croissance sont faibles, a promis d'investir 11 milliards d'euros en nouveaux produits.

 

Le feuilleton Opel a démarré en novembre 2008 lorsque le constructeur a demandé pour la première fois de l'aide. Sorti de faillite, GM a décidé en novembre de ne plus vendre sa filiale et de la restructurer lui-même, au grand dam de Berlin et de la chancelière Angela Merkel qui s'était fortement engagée dans un rachat par l'équipementier canadien Magna.