Si le retour des cours de conduite obligatoires est salué unanimement, leur contenu suscite des réserves, quand ce n'est pas de la désapprobation.

«La conduite automobile est une activité si subtile et complexe que l'on fait bien de systématiser son enseignement, commente George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes. Les thèmes qui seront abordés sont de bons thèmes, mais c'est trop ambitieux pour quelqu'un qui commence à apprendre. Des études ont montré que les cours de conduite ne réduisent pas les collisions chez les nouveaux conducteurs, car dans les six premiers mois, ils ont un excès de confiance dans leurs capacités.»

 

Instructeur-chef du programme de conduite avancée de BMW Canada, Pierre Savoy est plus critique. «On ne montre pas comment conduire. On montre la base, mais pas le fonctionnement et la dynamique d'un véhicule. Les cours actuels, cela ne vaut rien. En Europe, on montre aux gens comment conduire. En Amérique du Nord, on leur montre comment obtenir leur permis.»

 

Selon lui, on aurait dû inclure dans le nouveau programme des cours de freinage d'urgence et de maîtrise du dérapage. «Les principes de base de la conduite sportive sont d'excellents outils», dit-il. Les écoles du réseau Tecnic, par exemple, suggèrent aux nouveaux titulaires de permis de prendre un cours supplémentaire sur ces aspects. Le conseil est très rarement suivi. Pour les écoles, cela se traduirait de toute façon par une formation plus longue, plus coûteuse et exigeant des moyens techniques. «Les cours ont lieu sur la route et non en circuit fermé», fait remarquer Yvan Sévigny, président de Groupe Tecnic 2000.

 

Autre lacune dans ce nouveau programme, la familiarisation avec les nouvelles technologies qui tendent à se démocratiser à bord des voitures. Le système de freinage ABS, l'antipatinage ou encore le contrôle de la stabilité ne sont aucunement abordés. Cela reste à la discrétion des écoles. «Chaque école a une marge de manoeuvre pour adopter ces équipements, c'est ouvert», dit Audrey Chaput, porte-parole de la SAAQ.

 

«C'est ridicule, répond Pierre Savoy. Avec l'ABS, on ne freine pas de la même manière. Les technologies changent. Ne doit-on pas changer nos façons de conduire ?»

 

Les cours de perfectionnement qu'offrent certains constructeurs, concessionnaires ou clubs automobiles ne sont pas reconnus par les gouvernements fédéral et provincial. Et ils ne sont pas à la portée de tous financièrement. Techniquement, «c'est trop poussé pour un débutant», reconnaît Pierre Savoy. Pourtant, ils sont efficaces, comme La Presse Auto/Mon Volant a pu le constater lors d'une séance au circuit de Mont-Tremblant. Au volant, on est plus alerte, plus précis, on anticipe mieux et on a un comportement plus sécuritaire.

 

«La voiture est votre instructeur, elle vous parle tout le temps», dit Pierre Savoy.

 

George Iny croit pour sa part qu'il faudrait utiliser davantage les simulateurs de conduite pour maîtriser des situations plus à risque. Mais «le permis probatoire a un bien meilleur impact sur la sécurité routière», conclut-il.