Abolis en 1997, les cours de conduite obligatoires sont de nouveau prescrits par la loi depuis deux semaines. L'ancienne formule a été décriée, car elle ne faisait que montrer aux apprentis conducteurs comment réussir leur examen de conduite. La philosophie du nouveau programme est «d'apprendre à se conduire sur la route plutôt que d'apprendre à conduire». À défaut d'être plus sévère, le processus d'apprentissage est maintenant plus long.

«On ne revient pas à ce qu'étaient les cours de conduite avant 1997, tels qu'on les connaissait, affirme Audrey Chaput, porte-parole de la SAAQ. Il a été montré que ces cours n'avaient pas d'influence sur le nombre d'accidents. Il faut que le conducteur assimile les notions de comportement.»

 

Dorénavant, l'élève ne devra pas seulement apprendre à conduire, mais aussi à se conduire, c'est-à-dire à avoir «un comportement responsable, coopératif et sécuritaire sur la route». «Le nouveau programme vise davantage à faire réfléchir le conducteur sur ses choix, à l'aider à juger des situations sur la route. Ce qui est nouveau, c'est qu'on responsabilise le jeune», ajoute Yvon Lapointe, directeur Sécurité routière et recherche automobile au CAA-Québec.

 

Aux notions de base de la conduite et de la sécurité routière se greffent à présent le partage de la route, l'analyse des comportements dangereux (vitesse, alcool, drogues, fatigue et distractions) et la conduite écologique et économique. «C'est obligatoire car le comportement en termes de consommation a un impact sur une conduite sécuritaire ou non «, explique M. Lapointe.

 

La conduite hivernale, sous la pluie et dans l'obscurité ainsi que les manoeuvres de dépassement - autant de situations complexes - devront être abordées dans les cours pratiques.

 

L'aspirant conducteur devra maîtriser également la séquence d'exploration «observer - évaluer - agir». C'est-à-dire qu'il devra apprendre à observer et à évaluer rapidement ce qui se passe autour de lui.

 

Les apprentis conducteurs devront toujours être accompagnés lorsqu'ils conduiront en dehors des cours. «Il est fortement conseillé de conduire en dehors des cours avec les parents», dit Yvan Sévigny, président de Groupe Tecnic 2000, le plus important réseau d'écoles de conduite au Québec.

 

La période d'apprentissage sera la même pour tous: presque 13 mois, examens inclus. L'élève devra suivre au moins 39 heures de cours, soit 24 heures théoriques et 15 heures de cours pratiques. Si, à l'issue de ces 39 heures, le moniteur et l'élève jugent que ce n'est pas suffisant pour passer son permis de conduire, des heures supplémentaires seront requises. «En général, les candidats se rendent compte s'ils sont prêts ou non», affirme Yvan Sévigny.

 

Le code de la sécurité routière reste, lui, un apprentissage personnel. C'est à l'élève de le maîtriser. Il suivra seulement cinq leçons théoriques, la dernière étant ponctuée d'un examen.

 

La méthode change

 

Si le contenu des cours évolue, la méthode d'enseignement change. «Tout est axé sur les attitudes. Les moniteurs deviennent des animateurs. Durant les exercices de conduite, les moniteurs sont moins directifs. Il y a plus de mises en situation», explique Yvan Sévigny. Concrètement, la période d'apprentissage sur la route est divisée en trois parties: conduite dirigée, où on voit les manoeuvres de base, conduite semi-dirigée, où on laisse l'élève prendre des initiatives, et conduite autonome, où l'élève doit se rendre à une adresse donnée. Le jour de l'examen de conduite, le niveau d'autonomie de l'élève sera ainsi mesuré.

 

Partant du constat qu'il y avait de mauvais comportements et habitudes chez les jeunes, «il y a là tout ce qu'il faut pour faire en sorte que les mentalités changent», estime Yvon Lapointe.