Êtes-vous un conducteur pressé? Agressif? Peureux? Prudent? Soucieux de respecter et de faire respecter les lois? Adepte de la planification?

Pour plusieurs, le style de conduite fait partie de la personnalité, même s'il peut varier selon l'humeur et la fatigue. Et pourtant, les chercheurs ont beaucoup de difficulté à définir des styles de conduite cohérents, et encore plus à déterminer quels styles de conduite posent un risque accru d'accident.

«Il est très difficile de mettre au point des questions sur le style de conduite et les opinions à propos de la conduite qui ont une signification réelle dans la vie de tous les jours», estime Jacques Bergeron, un professeur de psychologie de l'Université de Montréal qui travaille sur un projet de ce genre. «On peut poser plein de questions, mais ont-elles une utilité pour savoir si la personne a plus de stress de conduite, fait davantage d'infractions, présente plus de risques d'accident?»

Au début des années 90, une équipe de psychologues travaillant pour le Laboratoire de recherches sur les transports du gouvernement britannique a fait l'une des premières tentatives dans ce domaine. Le Questionnaire de style de conduite évaluait, en 15 questions, six aspects de la conduite automobile: la vitesse, le calme, la planification, la concentration, la résistance sociale et la déviance. Au fil des études, le questionnaire s'est imposé comme l'un des plus utilisés. Mais, malgré de nombreuses analyses, son application à la conduite réelle est demeurée limitée.



>>> Répondez au Questionnaire de style de conduite

«Le problème, c'est que les mauvais conducteurs sont souvent des gens qui conduisent beaucoup», explique Robert West, l'un des auteurs du questionnaire, qui s'occupe maintenant de psychologie du cancer au Collège universitaire de Londres. «Le nombre d'accidents par kilomètre est donc réduit, parce qu'il y a beaucoup de kilomètres. Mais il est clair que la personnalité a un lien avec le nombre d'accidents. N'importe qui peut le savoir de manière intuitive.»

Même si la concentration et la déviance (la tendance à ne pas respecter les règlements) semblent des facteurs qui vont certainement affecter le risque d'accident, les chercheurs qui ont utilisé le questionnaire britannique n'ont jamais réussi à le prouver de manière statistique. Seule la tendance à rouler vite et à être pressé a un impact mesurable.

Par contre, en associant le questionnaire et une analyse des types de personnalité, M. West a réussi à montrer qu'outre la vitesse, les personnes moins soigneuses ont tendance à faire plus d'accidents. Chez les personnes âgées, les personnalités hésitantes s'ajoutent à ces deux facteurs de risque d'accident.

Le questionnaire est-il encore valide? Et surtout, peut-il être applicable à l'Amérique du Nord, où les habitudes de conduite sont différentes? «Même si les voitures ont beaucoup changé en 15 ans, je crois que la conduite est encore la même, dit M. West. Et une seule des 15 questions est peut-être inapplicable en Amérique du Nord, celle qui mesure la déviance en demandant si l'automobiliste roule souvent inutilement dans la voie de dépassement, un comportement plus fréquent chez vous que chez nous.»

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Votre style de conduite augmente-t-il ou diminue-t-il votre risque d'accident? Faites vos commentaires ci-dessous.